Quatre à dix ans de prison pour les prévenus. Sept hommes ont été condamnés pour avoir participé à l’importation de cocaïne entre les Antilles et Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Parmi les condamnés, deux Antillais : Claude V. et Joane V., condamnés respectivement à 5 et 10 ans de détention.
Lancée en 2017, l’enquête avait permis de saisir 336 kg de drogue jusqu’en avril 2020. Les peines prononcées correspondent en grande partie à celles requises par le parquet. Un jugement pour une "affaire d’ampleur" selon la procureure de la République adjointe, puisque la marchandise saisie est estimée à plus de 16 millions d’euros à la revente.
Les prévenus, dont deux dockers, utilisaient la technique dite du "rip-off" pour faire passer la marchandise. Cela consiste à placer la cocaïne dans des sacs de sport dissimulés dans des conteneurs.
L’enquête de police avait commencé en 2017 suite à la saisie au Brésil de 690 kg de cocaïne à destination, justement, de Montoir-de-Bretagne. À l’issue de l’enquête, onze personnes ont été inculpées pour ce trafic entre les Antilles et l’Hexagone. Mais l'une d'entre elles est en fuite et trois seront jugées ultérieurement pour des raisons procédurales. Sur les sept condamnés jeudi 21 octobre, c’est Claude V., multiple récidiviste d'origine guadeloupéenne, qui a écopé de la plus lourde peine, sous réserve d’un appel éventuel.
Une amende solidaire de 8 millions
"Je ne sais pas ce que mon ADN faisait sur ces pains de cocaïne." C’est par ces mots que Claude V., exportateur depuis les Antilles, a tenté de se défendre. Pourtant, ce n’est pas la première fois que le Guadeloupéen de 53 ans est jugé pour des faits similaires. Il a déjà été condamné à trois reprises pour trafic, dont une fois à 14 ans de prison au Royaume-Uni. Ne déclarant plus d’impôts depuis 2013, les enquêteurs ont pourtant trouvé la trace de plus de 70 000 euros en espèces versés sur ses sept comptes bancaires et ceux de sa femme entre 2017 et 2019. Le quinquagénaire plaide "la culture très forte sur les espèces" dans les Antilles pour se défendre. Concernant ses multiples voyages en Belgique et aux Pays-Bas, il parle de "séjours de détente". Des explications qui n’ont pas convaincu les juges. Son avocate n’exclut pas de faire appel.
Quant à Joane V., lui aussi exportateur depuis les Antilles, s'il écope d'une peine moitié moins lourde, cinq ans de prison, que celle de son comparse guadeloupéen, c'est parce que c'est sa première condamnation pour des faits aussi graves. Connu des services de police et condamné dans des affaires moins importantes, c’est la première fois qu’il comparaissait pour une histoire d’importation de cocaïne. Pourtant, à la barre, il avait déclaré : "Tout le monde me respecte, car je suis quelqu’un de droit".
Outre les peines de prison, les 11 personnes impliquées devront également s'acquitter d'une amende douanière de 8 millions d'euros, répartie entre chacun par le tribunal. La part de Claude V. s'élève à 2 millions d'euros, celle de Joane V. à 3 millions.