Le troisième et ultime référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie du 12 décembre 2021 a été l’occasion pour la réalisatrice Florence d'Arthuys d'interroger des étudiants sur l’imbrication entre leur avenir individuel et le destin commun qu’ils doivent édifier. Une immersion de plusieurs mois dans laquelle quatre étudiants, logés à la Cité universitaire de Paris, nous embarquent dans leur vie, dans leur Calédonie.
Construire ensemble un avenir commun
La consultation aurait pu les diviser : indépendantistes contre loyalistes. Mais la volonté de rester soudés et de travailler pour la Nouvelle-Calédonie l’emporte, qu’ils soient d’origines kanak, européenne, wallisienne ou polynésienne. Cette jeunesse souhaite dépasser les clivages qui divisent. Ils veulent construire ensemble et non séparément, dans la nuance, pour que chacun ait sa place, dans l'espoir d'avoir un territoire avec moins d'inégalités entre les populations.
Malgré leur pudeur, propre à la culture océanienne, ils se livrent à cœur ouvert, dans l’émotion comme dans le rire. Le melting-pot métissé de ce groupe d’amis est représentatif de la Nouvelle-Calédonie et de son histoire. Face caméra, ils témoignent de leurs parcours et posent un regard moderne sur l'Hexagone, la Nouvelle-Calédonie et le contexte politique actuel.
Quatre trajectoires qui se rejoignent
Originaire de Lifou, Hmana est en master 2 en contentieux public à la Sorbonne. Bon élève à l’école comme au lycée, il est la fierté de ses parents, qui n’ont pas fait d’études. Son modèle de réussite est son oncle instituteur, qui lui a "prouvé" qu’un Kanak avait un rôle à jouer comme les autres dans des postes essentiels au bon fonctionnement d’un pays. À 26 ans, l'objectif de Hmana est de devenir le premier magistrat administratif kanak et ainsi ouvrir la voie aux futurs jeunes Calédoniens.
Les parents de Kuelani, d’origine polynésienne, se sont installés à Nouméa à la fin des années 1970. Eux qui n’ont aucune formation, ils ont toujours souhaité pouvoir offrir des études à leur fille, aînée de sa fratrie. Aujourd'hui, à 25 ans, elle est diplômée de Sciences Po Paris et titulaire d’un master 2 en international public management. Selon elle, être partie lui permet de revenir avec une nouvelle vision du pays, plus éveillée, plus fine, sur les plans politique, économique et social.
Juan est le plus jeune de la bande. D’origine wallisienne et espagnole, il a grandi à Païta. Aîné de sa fratrie, et comme le veut la culture océanienne, il se doit de réussir, non en tant qu’individu mais en tant que collectif. En master de marketing à Sciences Po Paris, et polyglotte, il croit au destin commun parce que "nous aspirons tous à vivre ensemble, dans une société pacifiée, où chacun a sa place". Pour lui, "être calédonien, c’est celui qui va vers les autres communautés".
Les parents d'Idane – une mère allemande et un père métropolitain – sont tombés fous amoureux de la Calédonie à la fin des années 1990, se sont installés à Lifou et n’en sont plus jamais repartis. Née en Nouvelle-Calédonie, Idane est la seule de la famille qui a le droit de vote aux scrutins calédoniens. À 24 ans, elle est diplômée de Sciences Po Paris, titulaire d’un master 2 en politique environnementale. Elle insiste sur l’importance de partir étudier ailleurs pour en ramener ce qu’il y a de mieux. "En Nouvelle-Calédonie, il y a tout à faire. C’est une chance. Donc, faisons les choses bien. Nous, les jeunes, avons notre place dans la création de notre avenir. Nous avons, nous aussi, une vision, des projets et avons envie et besoin d’agir."
Un film de Florence d'Arthuys
Production Merapi Production avec la participation de France Télévisions pôle Outre-mer
Durée 52 minutes - 2022