L’archipel de Saint-Pierre et Miquelon est en 1ère ligne des phénomènes climatiques. Avec la montée des eaux, ce territoire et ses richesses sont de plus en plus menacés. L’urgence est telle qu’au nord de l’archipel, le déplacement du village entier de Miquelon est envisagé.
Ces dernières décennies, Saint-Pierre et Miquelon a vu son climat affecté par le réchauffement climatique. Les températures hivernales observées par les prévisionnistes sont désormais plus douces, avec 0,8 degrés en moyenne en 2022 (contre - 3,4 degrés d'ordinaire). Les derniers rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) tirent la sonnette d'alarme. À court terme, l'île devra faire face à la montée des eaux ainsi qu'à l'érosion de ses côtes.
Pour endiguer l'accélération de ces phénomènes, l'archipel tente de s'adapter. À Miquelon, sur l'isthme, ou encore dans les zones basses de Saint-Pierre, des réflexions sont en cours. Entre végétalisation des dunes pour renforcer leur stabilité, protection des espaces vulnérables ou encore relocalisation d'une partie de la population, les habitants se mobilisent pour sauver leur avenir.
Marie Cormier, une femme investie pour son territoire
Comme de nombreux Saint-Pierrais, Marie Cormier a pris conscience qu'il était urgent de faire évoluer les comportements en matière d'environnement. Son amour de la mer l'a poussé à entreprendre des études de biologie. Elle est coordinatrice à la PIIRESS (Plateforme Interdisciplinaire et Internationale de Recherche et d’Enseignement Supérieur en zone Subarctique à Saint-Pierre et Miquelon). À ce titre, elle est en charge du projet de déplacement du village de Miquelon. Pendant plusieurs mois, nous l'avons suivie dans son combat au quotidien. Passionnée par la mer, Marie transmet son savoir en sensibilisant la population locale.
Le village de Miquelon : un cas d’école face aux problématiques de montée des eaux
L’hiver 2021-2022, on n’a eu quasiment aucune neige. C’est exceptionnel pour Saint-Pierre et Miquelon. D’années en années, on constate un réchauffement global des températures ici. C’est quelque chose qui va très très vite et qui nous inquiète.
Franck Detcheverry, maire de Miquelon-Langlade
Miquelon et ses 600 habitants concentre les inquiétudes liées au changement climatique. Selon les scientifiques, le niveau des océans pourrait ici s’élever d’un mètre. Tout le village risque d’être submergé.
Sur place, Marie Cormier rencontre Franck Detcheverry, le maire de Miquelon-Langlade, qui lui explique les problématiques liées à la montée des eaux. Elle interroge aussi Xénia Philippenko, géographe, sur les solutions envisageables, selon elle, face à la montée des eaux à Miquelon. Le naturaliste amateur Roger Etcheberry pense, quant à lui, qu’il n’y a pas de danger immédiat.
Un nouveau regard sur l’avenir du village de Miquelon
Le jeune architecte Quentin Lucas, originaire de Miquelon, a consacré son projet de fin d’études au déplacement du village de Miquelon. Ce projet écologique se situerait au sud du bourg actuel. La zone choisie fait consensus auprès de la population, le site n’étant pas menacé par la montée des océans. Pour préserver la végétation présente sur le site, Quentin Lucas et l'architecte designer, Marianne Baroin, ont réfléchi à la façon la plus éco-responsable d'investir ce nouveau site. Ils préconisent par exemple la surélévation des maisons sur pilotis pour protéger le sol et la végétation ou de déplacer les maisons actuelles en bois dans le nouveau village.
Le changement climatique n’est pas une fatalité. C’est ce qui nous permet de nouvelles choses, d’apporter de nouveaux espoirs, de nouveaux souffles et dans le village de Miquelon, je pense que c’est la meilleure occasion de créer quelque chose de nouveau.
Quentin Lucas, architecte
Une coproduction : France Télévisions, WEAD, Une prod à soi
Réalisation : Malo Delarue
Durée : 26 minutes - 2022