DOCU. Jean-Claude Barny, le cinéma du Nèg Maron

"Nèg Maron", "Le Gang des Antillais" et bientôt un biopic sur Frantz Fanon : le cinéma de Jean-Claude Barny est le miroir de son identité caribéenne, à mi-chemin de l’Europe des auteurs et de l’Amérique de l’"entertainment". À l’occasion du Festival de Cannes, ce documentaire revient sur le parcours, entre la banlieue parisienne, la Guadeloupe et Abidjan, d’un cinéaste indépendant qui veut témoigner de l'histoire et de la culture des Antilles.

Jean-Claude Barny est né en 1965 à Pointe-à-Pitre. Il fait ses premiers pas au cinéma en 1994 en réalisant son premier court-métrage Putain de porte (avec Vincent Cassel, Benoît Magimel, Mathieu Kassovitz, Léa Drucker, etc.). Mathieu Kassovitz lui confie la direction du casting de ses deux longs-métrages cultes, La Haine et Assassin(s) (prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1995). Jean-Claude Barny réalise de nombreux clips vidéo, notamment pour Kassav’, Neg’ Marrons, Doc Gynéco ou encore Tonton David. En 2005, il réalise en Guadeloupe son premier long-métrage, Nèg Maron, film qui met en avant les problèmes de fond d’une jeunesse antillaise désœuvrée et sans avenir. Suivront la série Tropiques amers (France 3, 2007), le téléfilm Rose et le soldat (France 2, 2015) et son second long-métrage de cinéma, Le Gang des Antillais (2016). Il prépare un nouveau long-métrage sur Frantz Fanon.  

Jean-Claude Barny

Cinéaste de l'autre-monde 

Jean-Claude Barny est un coureur de fond qui se bat pour pouvoir réaliser des films indépendants sur l'histoire des Antillais. Sa filmographie défend plus que jamais une triple appartenance, traçant un pont entre Argenteuil (où il a grandi), la Guadeloupe (son pays natal) et, plus récemment, la Côte d'Ivoire (où il se sent légitime de transmettre son expérience d'auteur et de cinéaste).

Tournage du film Nèg Maron de Jean-Claude Barny

Témoin de l'histoire antillaise 

Les cinéastes explorant l'histoire antillaise sont suffisamment rares pour être remarqués. Jean-Claude Barny est de ceux-là. Déraciné très jeune de sa Guadeloupe natale, le réalisateur fut dans l’incapacité de traduire par des mots son vécu et son histoire, jusqu'au moment où il passe derrière une caméra. Devenu cinéaste, il raconte, sans fioriture et sans concession, avec des images, la place des Antillais dans le roman national et le mal-être d’une génération. 

 Dans sa jeunesse, Jean-Claude Barny ne s'est pas retrouvé dans la représentation des Afro-Caribéens proposée par le cinéma français. Il ressent la nécessité de bousculer l'ordre établi et de donner la parole à sa communauté. De Nèg Maron à Frantz Fanon, en passant par Le Gang des Antillais, son cinéma s'est construit comme une réponse, parfois cinglante, aux a priori et à la caricature des Antilles. Porté par la volonté farouche d'endiguer les stéréotypes et de bousculer jusqu'à l'industrie cinématographique, Jean-Claude Barny s'est forgé au fil des années l'image d'un homme libre.  

Ce documentaire revient sur l'itinéraire d'un amoureux de l'image. Il offre au cinéaste l'occasion d'évoquer ses passions : la musique, la littérature et le cinéma et de retrouver des personnes qui ont marqué sa vie et sa carrière telles que sa mère, Daly, Admiral T, Loïc Lery, Mathieu Kassovitz, Jocelyne Béroard ou Nicolas Mouen. 

Un film réalisé par : Sonia Medina et Stéphane Krausz

Production : Zycopolis Productions

Avec la participation de France Télévisions 

Durée 56 min - Année 2022