DOCUMENTAIRE. La Compagnie créole, le bal manqué

En hommage à José Sébéloué, le chanteur et guitariste guyanais, membre fondateur de la Compagnie créole décédé le 3 septembre 2023, nous vous proposons un retour sur la carrière de ce groupe précurseur. Auteur de succès populaires passés à la postérité, le quintet de musiciens antillais et guyanais a pourtant été souvent décrié en Martinique et en Guadeloupe.

C’est l’histoire d’un succès fulgurant, celui de quatre Antillais et d’un Guyanais propulsés en haut des hit-parades au début des années 80, avec une chanson devenue culte : "C’est bon pour le moral". Après 40 ans de carrière, le public danse toujours au rythme de la Compagnie créole qui a vendu plus de 60 millions de disques. Tout le monde connaît au moins une chanson du groupe.

Photo de la Compagnie créole pour l'album "C'est bon pour le moral"

Un rendez-vous manqué avec leur terre d'origine

Ce groupe qui porte le nom "La Compagnie créole" s’attire les foudres d’une partie des communautés antillaise et guyanaise. Trop formatés, trop clichés, avec des textes en français peu représentatifs de leur culture : on leur reproche de n’être qu’un produit qui instrumentalise la créolité à des fins mercantiles.

Tandis que dans l'Hexagone et au Canada, on exulte et on danse sur "Ma première biguine partie" ou "Ça fait rire les oiseaux" lors de soirées festives, l'ambiance aux Antilles est tendue. La situation sociale est difficile, des mouvements  radicaux, autonomistes ou indépendantistes, émergent. Lors des nuits bleues, des bombes explosent en Guadeloupe. Les réelles préoccupations sociales, politiques, identitaires et culturelles des départements ultramarins de l'Atlantique sont aux antipodes de l'image exotique et joyeuse véhiculée par le groupe.

La Compagnie créole en costumes pour "Le bal masqué"

Un groupe précurseur

Le double accueil : véritables "ambassadeurs de la fiesta" dans l'Hexagone, raillés chez eux lorsqu'on les surnomme "La Compagnie française", est relaté par les musiciens du groupe. Des protagonistes qui, pour la première fois, reviennent sur leur histoire, leur ressenti, l’incompréhension, la déception, mais aussi le succès grisant, et la certitude d’avoir, quelque part, ouvert la voie à d’autres artistes, d’autres musiques du monde.

Les témoignages des membres de la Compagnie, de leur producteur et de leur auteur, mais aussi de sociologues, d'historiens et d’autres artistes antillais, dévoilent et interrogent cette fracture pour mieux la comprendre.

Avec la participation de

  • Arthur Apatout, membre de la Compagnie créole
  • Clémence Bringtown, membre de la Compagnie créole
  • Julien Tarquin, membre de la Compagnie créole
  • Daniel Vangarde, auteur, compositeur, producteur de la Compagnie créole
  • Jean Kluger, auteur, compositeur, éditeur de la Compagnie créole

Et aussi 

  • Jocelyne Béroard, membre de Kassav'
  • Raphaël Confiant, écrivain
  • Ralph Tamar, chanteur
  • Fred Deshayes, musicien
  • Bertrand Dicale, journaliste musical 
  • Ary Gordien, anthropologue, chargé de recherche au CNRS
  • Dédé Saint-Prix, artiste
  • Christiane Obydol, membre de Zouk Machine

Écriture et réalisation Adeline Grunberg
Coécriture Manon Raineri
Production Eclectic avec la participation de France Télévisions
Durée 52 min - © 2023