DOCUMENTAIRE. Quai des Brunes, femmes dockers de La Réunion

Le port maritime de La Réunion, quatrième port de France, est le poumon économique de l’île. Aujourd’hui, une dizaine de femmes y travaillent comme dockers au pied des bateaux. Suivez Hortense, Tricya, Agnes, Sabrina et Christelle, pionnières dans ce milieu masculin, symbole de luttes syndicales et de codes virils. Quatre femmes qui ont trouvé leur place dans un monde d'hommes, de bruits et d’acier.

"Quai des brunes, femmes dockers de La Réunion" esquissent cinq portraits de femmes qui ont triomphé des difficultés, des codes et des interdits pour exister pleinement. Elles ont choisi d'exercer un métier jusque-là réservé aux hommes : celui de dockers, pour le chargement et le déchargement des conteneurs au port. Elles se sont affirmées et en sont fières.

Un docker au pied d'un navire accosté au port maritime de La Réunion

Une particularité de l'île de La Réunion

Aucun autre port français n’avait, jusque-là, osé la mixité sur les quais de manutention, et cette petite révolution s’est opérée dans l'un des départements où l’égalité professionnelle peine le plus à émerger. En s’intéressant au parcours de ces ouvrières, ce film interroge sur la place de la femme dans la société réunionnaise du XXIe siècle et plus généralement sur l’impact de sa présence dans un bastion jusque-là réservé uniquement aux hommes. Une particularité locale, en quelque sorte. Un paradoxe également au regard des chiffres de la situation professionnelle des femmes dans le département de l'océan Indien : le taux de chômage féminin, le temps partiel subi ou encore la précarité sont nettement plus importants que dans l'Hexagone. En accédant à cette fonction, ces femmes bénéficient de la sécurité de l’emploi et de salaires confortables.

Vue d'un quai du port maritime de La Réunion

Femmes dockers, une histoire de transmission

Hortense, Tricya, Sabrina, Christelle sont toutes filles de dockers avant tout mais surtout des pionnières dans ce milieu masculin. Elles nous dévoilent avec fierté et passion leur quotidien et leur rapport aux hommes. Elles nous expliquent la condition physique nécessaire aux saisissages : le déblocage des barres d'acier qui maintiennent les conteneurs entre eux sur les cargos. Elles sont conscientes de l'importance de la sécurité car le métier est dangereux. Les horaires de travail sont calés sur le ballet quotidien des navires qui accostent de jour comme de nuit puis s’éloignent à nouveau en mer.

Cette profession difficile est devenue possible grâce à sa mécanisation, tandis que les conditions viriles bien ancrées se sont beaucoup améliorées. À La Réunion, il y a encore une trentaine d'années, les familles de six ou huit enfants étaient légion, il y avait toujours un fils pour prendre la suite. Aujourd’hui, la natalité a chuté, et quand il n’y a que deux ou trois enfants et que ce sont des filles, les dockers sont face à un dilemme : perdre cet héritage ou accepter la féminisation de la profession. Considéré tout au long du siècle dernier comme un métier ingrat, il continue, malgré tout, de se transmettre en héritage, mais dorénavant, de père en fille.

Conteneurs, portiques et cargo au port martime de La Réunion

Réalisation Claire Perdrix
Production Les Nouveaux Jours Productions avec la participation de France Télévisions
Durée 52 minutes - © 2023