Dopage : Ysaora Thibus devant le tribunal pour espérer participer aux JO 2024

La Guadeloupéenne Ysaora Thibus grande favorite des JO 2024, est suspendue depuis le 8 fevrier.
La participation d'Ysaora Thibus aux Jeux Olympiques de Paris se joue ce lundi 13 mai. Face au tribunal disciplinaire de la Fédération internationale d’escrime, la Guadeloupéenne devra s'expliquer quant à la présence d'ostarine, une substance anabolisante détectée dans son corps mi-janvier.

Ses rêves de décrocher une seconde médaille olympique sont en suspens. Alors qu'en janvier 2024, Ysaora Thibus a été contrôlée positive suite à un test antidopage au Challenge International de Paris, tout repose désormais entre les mains du tribunal disciplinaire de la Fédération internationale d’escrime.

Ce lundi 13 mai, les membres du tribunal disciplinaire de la Fédération internationale d'escrime (FIE) entendront la version de la Guadeloupéenne. À la suite de cela, ils rendront leur décision sous trois semaines afin de savoir si oui ou non, Ysaora Thibus pourra participer aux Jeux de Paris 2024. De son côté, la fleurettiste mise sa défense sur une "contamination extérieure à l'ostarine", transmise par son compagnon, pour atténuer sa peine. Retour sur une affaire qui paralyse le monde de l'escrime et sa fédération française.

"Un résultat d’analyse anormal"

Tout démarre d'un contrôle antidopage dont les athlètes ont l'habitude de réaliser à l'issue d'une compétition. Cette fois-ci, il a été effectué le 14 janvier dernier, dans le cadre du Challenge International de Paris. Les résultats sont tombés le 8 février 2024 et sont unanimes. Il y a bien la présence dans le corps d'Ysaora Thibus d’ostarine, une substance anabolisante qui augmente la masse musculaire et interdite depuis 2015 par l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Et la règle est simple. Même si la quantité détectée est infime ou que l'athlète affirme en avoir absorbé intentionnellement, "le sportif est tenu responsable des substances retrouvées dans son corps" comme l'avance Le Monde, "il lui revient donc de prouver qu’il ne s’est pas dopé". Mais les chances de voir participer la Guadeloupéenne aux JO de Paris ne sont pas toutes exclues. Tout dépendra de ce que retiennent les membres du tribunal disciplinaire où l'intention et la négligence peuvent atténuer la peine encourue. 

De son côté, la Fédération Française d'Escrime a directement réagi via un communiqué de presse et a indiqué le 9 février qu'Ysaora Thibus "avait été provisoirement suspendue par la FIE pour résultat anormal d’analyse antidopage".

Suspendue avec effet immédiat, Ysaora Thibus a annoncé le mardi 20 février dernier demander l’analyse de l’échantillon B, une seconde analyse au cas où l'échantillon A été associé à un résultat d'analyse anormal.

La Guadeloupéenne a fait part à la fédération de "sa totale incompréhension", de son "immense surprise" et "désarroi" à l’annonce de ces résultats et nie "tout acte intentionnel de dopage".

"Nous connaissons la source de la contamination"

Nouveau rebondissement quelques jours après ses déclarations. Son avocate, Maître Joëlle Monlouis affirme dans le journal L'Équipe, que la contamination proviendrait de son compagnon, Race Imboden.

Race Imboden a pris un produit qui contenait de l’ostarine et qui a contaminé Ysaora. La transmission qui a permis cette contamination s’est faite par les fluides corporels.

Maître Joëlle Monlouis - avocate et représentante d'Ysaora Thibus

L'Equipe

La représentante de la Guadeloupéenne ajoute que l'objectif est "de prouver qu’Ysaora n’a jamais pris ce produit" et que "la difficulté est le temps imparti, on doit être fixé le plus tôt possible pour permettre à Ysaora de pouvoir participer aux Jeux Olympiques".

Aujourd'hui, le défi d'Ysaora Thibus, comme le rappelle Le Monde, est de prouver au tribunal disciplinaire de la Fédération Internationale d'Escrime (FIE) que "les concentrations d’ostarine détectées dans son corps sont si faibles qu’elles ne peuvent être le fait de prises répétées, caractéristique d’une pratique dopante".

Le quotidien national complète que la Guadeloupéenne doit également prouver que son compagnon et ancien fleurettiste américain Race Imboden contient des quantités suffisamment importantes d'ostarine pour déterminer qu’il est bien la source de la contamination.

Une défense ultra-préparée

La date du 13 mai était attendue et l'évènement préparé depuis de longs mois par le clan Thibus. Révélé par le journal L'Équipe le 7 mai, la fleurettiste de 32 ans s'est refait le film des semaines qui précédaient la Coupe du monde de fleuret de Paris (le 14 janvier) afin de comprendre pourquoi et comment cet agent anabolisant ("environ 13 nanogrammes par millilitre" selon une étude réalisée par son clan) s'est retrouvé dans ses urines.

Le quotidien sportif indique que dès le 9 février, la nonuple championne de France du fleuret en individuel s'est rendue avec son compagnon au laboratoire de toxicologie du professeur Jean-Claude Alvarez à Garches (Hauts-de-Seine) pour défricher l'hypothèse de la contamination. 

Toujours selon L'Équipe, la première analyse urinaire révèle que Thibus est toujours positive à l'ostarine avec 5,7 ng/mL presque un mois après son contrôle positif, son compagnon présentant alors un taux 600 fois supérieur. En ce qui est de l'analyse capillaire, après avoir consulté les documents d'analyse, le journal ajoute "qu'il est inconcevable" qu'Ysaora Thibus ait eu une consommation régulière d'ostarine lors des derniers mois, ce que corroborent les 14 tests antidopage réalisés par cette dernière entre 2021 et 2023, toujours négatifs.

En ce qui concerne les "échanges de fluides" avancés par Thibus en février dernier, le Professeur Jean-Claude Alvarez a demandé au couple de fleurettistes de reconstituer leur journée du 14 janvier en s'enfermant chez eux durant 25 heures où il a demandé de reproduire chacun des gestes, de la préparation des compléments alimentaires aux baisers échangés.

Premier constat, la contamination serait "involontaire" selon le Professeur. 

Tous ces résultats concordent tout à fait avec une contamination involontaire d'une athlète par son petit ami, via des fluides corporels.

Extrait de l'étude scientifique du professeur Alvarez

L'Equipe

Les travaux scientifiques auxquels a eu accès L'Équipe mentionnent également une "contamination externe" puisque des traces d'ostarine ont été retrouvées sur la taie d'oreiller, la brosse à cheveux, mais encore sur les ongles de mains et de pieds de la championne guadeloupéenne. Pour le laboratoire, pas de doute. Ils confirment la version d'Ysaora Thibus.

Tous ces résultats concordent tout à fait avec une contamination involontaire d'une athlète par son petit ami, via des fluides corporels.

Extrait de l'étude scientifique du professeur Alvarez

L'Equipe

La Guadeloupéenne a-t-elle encore une chance de combattre aux JO 2024 ? 

Pour ce qui est de ce type d'infractions, la sportive risque jusqu'à quatre ans de suspension pour cette substance dite "non-spécifiée" qui signifie qui ne peut pas être ingérée par inadvertance ou par erreur. La peine serait réduite d'un an si la sportive reconnait la violation des règles d'antidopage.

En revanche, si Ysaora Thibus parvient à prouver la contamination par un tiers, la sanction pourrait être encore réduite, voire annulée, comme cela a été le cas avec la vice-championne olympique de canoë en ligne canadienne Laurence Vincent-Lapointe et à la joueuse américaine de softball Madilyn Nickles comme le rappelle le journal Le Monde.

Ysaora Thibus attend aujourd'hui de pouvoir livrer des preuves qui prouvent sa bonne volonté lors de son audition prévue en visio. Et malgré sa suspension, la championne guadeloupéenne continue sa préparation en dehors des installations nationales.

De son côté, la Fédération française d'escrime a repoussé l'annonce officielle de sa sélection de quelques jours, désormais prévue le 8 juillet.