D'abord la scène est plongée dans le noir. Puis résonne un son électronique lancinant et entêtant. Le musicien Loya apparaît, affairé au-dessus d’une table de mixage, à ses côtés quelques instruments de musique. Puis Lolita Monga entre dans la lumière. Elle entame et entonne son Poème… et dès le début de ce "concert théâtral et poétique", elle nous plonge dans l'entrelacs de ses mots, de sa langue - de ses langues ! - mêlant au français les images nées de son créole de la Réunion. Un extrait du spectacle :
Ce Poème..., Lolita Monga l'a donc écrit sous la contrainte. Entendons-nous : rien ni personne ne l'a forcée à écrire, ni ne lui a tenu la main. Ce sont ces temps étranges qui l’ont poussée à se reconnecter à elle-même, aux ancêtres et au reste du monde. Lolita Monga a laissé vagabonder son esprit et a mêlé dans ce spectacle tout ce qui lui a permis de s'évader du confinement ; tout ce qui l’a traversée pendant ces semaines où il a fallu apprendre et considérer une toute autre manière de vivre. Une façon au contraire, raconte-t-elle, de libérer la parole et tout ce qui était confiné dans son coeur et dans sa tête :
Pour le public, il faut accepter de lâcher prise. Accepter de suivre ce Poème confiné d'Outre-mer sans nécessairement chercher à tout comprendre. Se laisser bercer par la magnifique musique de Rémi Cazal du groupe réunionnais Grensémé et joliment rendue sur scène par le musicien Loya qui accompagne ce voyage poétique. Se laisser, en somme, déconfiner en douceur et suivre la voix et la voie semée par Lolita Monga. Et les spectateurs d'Avignon se sont laissé prendre au jeu :
Ajoutées à ce moment de plaisir, la mise en scène et la scénographie qui soulignent l'intimité ici proposée - avec en particulier un beau jeu de lumières douces dans lesquelles sont baignés les deux protagonistes sur scène. Au moins, pas besoin de pass sanitaire pour effectuer ce voyage-là : la poésie de Lolita Monga et la musique qui l'accompagne seront vos seuls passeports...
Poème confiné d'Outre-mer de et avec Lolita Monga, à la Chapelle du Verbe Incarné à Avignon jusqu'au 28 juillet.