À Dunkerque, le port attend avec impatience le retour de la banane antillaise

Chaque semaine, un porte-conteneurs livre la production de bananes de Martinique et de Guadeloupe au port de Dunkerque.
Chômage partiel, arrêt des CDD et de l'intérim, formation obligatoire… Sur le port de Dunkerque, des dizaines de salariés sont affectés par la baisse de la production de bananes aux Antilles, conséquence de l'ouragan Maria. Un coup dur car le fruit a fait la renommée de ce terminal portuaire.
C'est la seule et unique voie d'accès à l'hexagone pour la banane des Antilles. Le Grand Port Maritime de Dunkerque traitait, jusqu'ici, les 270.000 tonnes produites à la Martinique et en Guadeloupe. Depuis que les ouragans ont mis à terre les bananeraies, le terminal ouest tourne au ralenti. Les conteneurs sont vides, le volume de marchandises a été divisé par cinq par rapport à l'an dernier.

De 550 conteneurs à 30

Un chargement à Fort-de-France, un autre à Pointe-à-Pitre, puis direction le nord de l'hexagone, après neuf jours de traversée. Chaque semaine, un navire accoste au terminal ouest du port de Dunkerque pour y décharger des fruits et légumes des Antilles. Habituellement, la moitié des 1100 conteneurs sont remplis de bananes. Mais cette semaine, le Fort Saint-Louis n'en transportait qu'une trentaine.

Franck Gonsse était présent à l'arrivée du Fort Saint Louis lundi 6 septembre.
"C'est dur parce que c'est une baisse d'activité donc des emplois en moins, forcément", explique Franck Gonsse, secrétaire général de la Coordination nationale des travailleurs portuaires et assimilés. D'après le patron des dockers, le déchargement du navire ne prend plus qu'une demie-journée aux ouvriers portuaires.

Conséquences : les emplois occasionnels n'ont pas été renouvelés, certains salariés ont été affectés sur d'autres lignes que celles des Antilles, d'autres sont partis en formation. "Les postes sont perdus en attendant de voir revenir la banane".

Un entrepôt quasiment vide

Quelques dizaines de mètres plus loin, même constat dans l'entrepôt de Dunfresh chargé de dépoter, contrôler et reconditionner la marchandise. Habituellement, le hangar reçoit, chaque semaine, 5.000 palettes de bananes de Guadeloupe et Martinique. Ces jours-ci, les salles restent quasiment vides. Désormais, seulement 1.000 palettes sont traitées en moyenne. 
Seules 1.000 palettes sont traitées chaque semaine par Dunfrech, contre 5.000 auparavant.

Sur le terminal ouest, 70 personnes travaillent pour l'entreprise belge. 7 CDD n'ont pas été renouvelés, les jeunes en contrats de professionnalisation sont cantonnés à l'école et les intérimaires ont été remerciés. Plusieurs titulaires ont pu être placés dans d'autres usines du groupe en attendant le retour en pleine production de la bananes des Antilles.

"À chaque événement, on se retrousse les manches et on repart de l'avant pour tout de suite remettre en ordre de marche notre production" explique Sébastien Thafournel, directeur qualité pour l'Union des Groupements des Producteurs de Bananes de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN).

Le label "bananes françaises" préservé

C'est une petite consolation pour l'UGPBAN. Le label "bananes françaises" et son ruban tricolore devrait être sauvé. Lancé il y a deux ans pour différencier ce produit de ses concurrents d'Amérique du Sud, d'Afrique ou d'Asie, c'est la priorité absolue.

Le label "bananes françaises" c'est une soixantaine d'emplois, à Dunkerque, des techniciens chargés de distinguer les meilleures bananes en provenance des Antilles. L'intégralité des postes devrait être préservée le temps de la crise.

Quand la banane antillaise sauvait Dunkerque

Brusque retournement de tendance car c'est la banane qui, en 1998, a relancé ce terminal, devenu depuis le premier port français d'importation de fruits et légumes. La banane, "ça a été la preuve qu'on avait les compétences sur ce port de faire du fruit et légume, d'assurer une fiabilité de la chaîne" explique Franck Gonsse. "Ça a créé des emplois et ça a permis de voir arriver d'autres fruits." 

Désormais 400.000 conteneurs réfrigérés transitent par le port chaque année. "On a ici une capacité de 700 prises sur le terminal pour assurer justement le branchement de tous ces conteneurs frigo." Désormais, outre la ligne des Antilles, les cargaisons viennent aussi d'Amérique du Sud, d'Afrique et d'Asie. 

Les bananiers prévoient un retour en production en avril 2018 et une montée en puissance pendant l'été. Mais il faudra deux à trois ans avant d'espérer atteindre à nouveau les 270.000 tonnes de bananes produits l'an dernier.

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