Comme pour l’Hexagone, l’année 2021 marque une reprise économique nette et significative dans l’ensemble de l’Outre-mer. Une hausse qui traduit un rattrapage de l’année 2020, qui a vu une véritable chute économique à cause de la pandémie de Covid-19. Néanmoins, l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer et l’Institut d’émission Outre-mer soulignent que de manière générale, pour les territoires ultramarins, le rattrapage n’est pas complet.
La reprise reste partielle, avec une croissance qui permettra d’effacer entre la moitié et trois quarts de la perte d’activité de 2020. Seul l’Océan Indien s’en sort mieux, puisque la totalité de sa perte d’activité sera rattrapé. En revanche, un seul territoire n’a pas entamé en 2021 de rebond économique post-Covid, la Nouvelle-Calédonie. La Guadeloupe a quant à elle enregistré un repli de l’activité au 4e semestre en 2021, mais du fait des mouvements sociaux et non de la pandémie directement. L’IEDOM et l’IEOM notent qu’un secteur a beaucoup de mal à repartir : le tourisme. Pourtant, c’est un élément clef de l’économie en Outre-mer.
Un marché du travail dynamique
Exception faite de Saint-Pierre et Miquelon ou après trois années de baisses consécutives, le taux de chômage est de 3,4%, le marché de l’emploi et notamment de l’emploi salarié privé a retrouvé sa dynamique pré-Covid. Ainsi, La Réunion connaît la progression la plus importante en employé salarié privé avec +5,6%. La Guyane suit avec +4%, puis vient la Martinique avec +3,1% et en queue de peloton, arrive la Guadeloupe avec +2,7%. Pour le Pacifique, l’IEOM ne donne pas de chiffres mais remarque que le marché du travail peine à retrouver un taux d’emploi équivalent à celui d’avant la crise. Seul Wallis-et-Futuna s’en sort, "principalement tiré par le secteur du BTP."
- Evolution du taux d'emploi salarié privé en pourcentage en 2021:
L’inflation menace
C’est la principale peur des économistes actuellement, et les Outre-mer ne sont pas épargnés. Toutefois, l’inflation est relativement faible dans les COM du Pacifique avec +1,4% à la fin 2021. En revanche, les départements d’Outre-mer sont moins chanceux avec +3% à la même date, soit sensiblement le même niveau que dans l’Hexagone (+2,8%).
Cette évolution des prix s’explique principalement par l’augmentation du coût des énergies. Or, avec la guerre en Ukraine qui a débuté le 24 février 2022, les prix des matières premières connaissent une hausse généralisée. Cela constitue une source d’inquiétude majeure pour les chefs d’entreprise ultramarins. A la fin de l’année dernière, 80% d’entre eux envisageaient déjà de répercuter la hausse des coûts sur le prix de vente pour le consommateur, « cette proportion pourrait encore s’accroître » selon l’IEDOM et l’IEOM.
2022 : perspectives contrariées
Cela n’a échappé à personne, la guerre en Ukraine a rebattu les cartes de l’économie mondiale. Fini la poursuite de sortie de crise pour les Outre-mer, l’économie des territoires ultramarins et du monde entier est face à un début de nouveau choc conjoncturel. Ce conflit russo-ukrainien touche de plus, particulièrement deux territoires, la Guyane avec l’agence spatiale russe Roscosmos qui s’est retirée du territoire, et la Nouvelle-Calédonie, avec sa production de nickel.
Néanmoins, l’optimisme, bien que mesuré, est de mise chez les chefs d’entreprise ultramarins, avec une progression anticipée de leur chiffre d’affaires de 4% en moyenne. De même, les ultramarins possèdent encore leur épargne "forcée" constituée pendant la pandémie, ce qui constitue un réservoir potentiel "de consommation et de croissance pour 2022". Nouvelle plutôt réjouissante, avec la levée des restrictions sanitaires dans les Antilles notamment, le secteur du tourisme est sous des perspectives favorables.
En conclusion selon l’IEDOM et l’IEOM, "la résilience des économies ultramarines aux chocs externes sera donc à nouveau mise à l’épreuve en 2022". Plusieurs défis seront à relever cette année :
- "Poursuivre la réalisation des grands projets d’infrastructure inscrits dans les plans de relance nationaux et territoriaux qui sont la clé du développement et de l’attractivité des territoires."
- "Adapter les mesures de soutien public, qui s’inscrivent désormais dans la durée."
- "Préserver la cohésion sociale dans un contexte d’inquiétudes croissantes des ménages sur leur pouvoir d’achat."
- "Développer le tissu entrepreneurial pour permettre à la masse des jeunes en recherche d’emploi de trouver des formations et des débouchés professionnels."
- Reportage de Jean-Michel Mazerolle: