Écouter les Outre-mer - La Réunion : crépuscule à Cayenne, au coeur de Mafate

Au coeur des montagnes se niche le cirque de Mafate, lieu d'histoire et de légende à La Réunion où se réfugiaient les esclaves "marrons", comprenez en fuite. Mafate est ponctué d'ilets, des petits hameaux accessibles qu'à pied. Parmi eux, l'ilet Cayenne.

Perché au-dessus de la rivière des galets, sur un éperon rocheux, se niche Cayenne, un des ilets les moins peuplé de Mafate. Après une rude montée dans les sentiers aux volées de marches inégales, on aperçoit quelques toits de taule noyés dans la végétation. Des jardins entourant chacune des ces modestes cases : des brassées de bégonias qui frottent le mollet du randonneur et quelques silhouettes au fond des cours. A première vue bucolique, le nom de Cayenne témoigne pourtant d'une toute autre histoire. Des repris de justice, que l'on assimilait aux bagnards de Cayenne en Guyane, étaient envoyés ici pour tracer les sentiers menant aux ilets voisins. Vous pouvez les imaginer déboisant, creusant la roche, luttant contre une large végétation sans cesse renaissante.  C'est souvent au seuil de la nuit que les randonneurs arrivent à Cayenne. Le gite de l'ONF (le seul de l'ilet) les accueille avec l'incontournable cari au feu de bois. On y passe une nuit paisible bercé par le son des grillons et parfois des grenouilles. On s'y réveille face à l'immensité du Maïdo, prêt à reprendre les sentiers de Mafate, émerveillé par leurs tracés.  A Cayenne, on y dort rarement, on y passe peu de temps. Mais loin du monde, dans une nature originelle, on se prend à rêver "d'autrement".