Les deux hommes de lettres martiniquais étaient liés par une amitié indéfectible qui allait au-delà de la littérature. Dix ans après la disparition du poète et philosophe, un livre, Manifestes, les unit de nouveau. Chamoiseau évoque ses souvenirs de Glissant dans l’Oreille est hardie.
Le 3 février 2011 disparaissait Edouard Glissant, père d’une œuvre considérable et, entre autres, de deux concepts importants : le Tout-Monde et la Poétique de la Relation. Aujourd’hui, Les éditions de la Découverte publient Manifestes, un ensemble de textes nés de la collaboration entre lui et son ami Patrick Chamoiseau. Dès que l’actualité l’exigeait et au gré de ses indignations, Glissant décrochait son téléphone et joignait Chamoiseau pour lui crier son désarroi : « On ne peut pas laisser faire ça ! ». Résultat : autant de manifestes rédigés pour s’indigner, autour d’évènements comme les conséquences du passage du cyclone Dean aux Antilles, les déclarations de Nicolas Sarkozy autour des soi-disants bienfaits de la colonisation, la tentative de création d’un Ministère de l’Identité Nationale ou l’élection du premier président américain noir, Barack Obama... Autant de textes écrits à quatre mains qui ont jalonné, ponctué et forgé l’amitié entre les deux hommes.
Les origines d'une amitié
Il aura fallu au jeune Patrick Chamoiseau au moins deux rendez-vous éphémères avant que la vraie rencontre avec Glissant ne se produise, avant que le déclic ne se fasse entre les deux hommes de lettres. L’un est déjà confirmé, détenteur du prix Renaudot en 1958 pour La Lézarde, déjà auteur de nombreux livres : recueils de poèmes, romans, essais ; l’autre en est encore à ses débuts littéraires, fort tout de même de deux premiers romans : Chronique des sept misères, directement inspiré d'un livre d’Edouard Glissant, Malemort... mais c’est lors de la parution du deuxième roman de Chamoiseau, Solibo Magnifique, que la vraie rencontre a eu lieu. Il le raconte dans l’Oreille est hardie. Extrait :
Glissant-Chamoiseau, les premières rencontres
Si Chamoiseau connaît intimement l’œuvre de Glissant - sans en être dit-il un spécialiste -, il n’en va pas de même du grand public, loin s'en faut. Et c’est ce que regrette le prix Goncourt 1992 pour Texaco. Si Aimé Césaire est largement plus lu qu’Édouard Glissant, Patrick Chamoiseau considère pour autant que ce dernier permet selon lui, une plus grande compréhension du monde.
Glissant, Césaire et Chamoiseau
L’œuvre d’Edouard Glissant n’est peut-être pas simple à aborder. Voilà pourquoi l’Oreille est hardie a demandé à Patrick Chamoiseau de livrer ses recommandations : une sélection de trois titres parmi les ouvrages d'Edouard Glissant, pour une approche progressive de l’univers et de la poétique de cet auteur qu'il considère comme véritablement essentiel.
Les trois recommandations "glissantiennes" de Patrick Chamoiseau
Écoutez l’intégralité de cette émission consacrée à Edouard Glissant, dix ans après sa disparition, à travers les mots et les souvenirs de Patrick Chamoiseau : l’Oreille est hardie et ça s'écoute ici.