Elections américaines J-4 : A New-York, Nikola Chapelle suit de près la politique des Etats-Unis, avec le prisme de sa culture réunionnaise

Cet ingénieur du son qui travaille dans la télévision et le cinéma a sillonné l’Amérique et assisté à un meeting agité du candidat Trump.
C’était en 2016, dans le cadre d’un film documentaire sur lequel il s’occupait de prendre le son. Nikola Chapelle se retrouve alors dans la tribune réservée à la presse sur un meeting électoral du candidat Trump. "Il y avait 20 000 personnes qui commençaient à crier Trump ! Trump ! Trump !, se rappelle-t-il. Et dix minutes avant qu’il arrive sur scène, il y a eu un message automatique qui est passé, qui disait : ce rassemblement est sponsorisé par l’organisation Trump. Trump respecte et croit en la liberté d’expression. Mais si vous voyez quelqu’un qui est contre lui, n’hésitez pas à le dénoncer à la sécurité pour qu’on le foute dehors ".
 

Il y avait quelque chose d’assez léger dans l’air

Quatre ans plus tard, attablé à une table d’un café de son quartier de Brooklyn, Nikola s’amuse de l’anecdote. Cet ingénieur du son, dont la mère est malgache et a vécu un grande partie de sa jeunesse à la Réunion est arrivé aux Etats-Unis en 2008. "Je suis arrivé, je ne parlais pas anglais, deux mois après, Obama était élu. J’habite dans Bed Stuy (prononcer Bed Staï), le quartier afro-américain de Brooklyn. Tout le monde était heureux ! Et quatre ans après, il est ré-élu…  J’ai passé huit ans sans comprendre les tensions, il y avait quelque chose d’assez léger dans l’air ".

Mais depuis, Trump est arrivé à la Maison Blanche. À New-York, bastion démocrate, l’événement a été vécu comme un traumatisme, raconte Nikola : "juste après son élection, deux potes afro-américains se baladaient en voiture, et deux Blancs dans une voiture à côté d’eux leur ont dit :

Ça y est, enfin, vous pouvez avoir peur, maintenant !


Cette façon d’opposer les origines ethniques, Nikola en a fait personnellement l’expérience aux Etats-Unis. "Ces dernières années, ça a été très frustrant pour moi. Mes amis connaissent ma culture réunionnaise, celle que je tiens de ma mère, malgache, et dont je suis très fier. Mais ici il faut être Noir pour parler de l’Afrique. Et je ne peux pas revendiquer ma culture autant qu’en France".


Pas de changement

Nikola avoue qu’il n’a pas été directement touché par les mesures prises par l’administration Trump. En revanche, il a vu l’impact sur les gens de son quartier. "D’ailleurs, le mouvement Black Lives Matter découle de la politique de Trump".
Pour le reste, Nikola pense que Joe Biden, le candidat démocrate va être élu. L’héritier d’un système passé, pense-t-il, celui que les électeurs de Trump ont voulu écarter. "Je ne pense pas que [son élection] va changer quoique ce soit. Ca va juste calmer les choses pendant quatre ans, mais ça va pas régler les choses".

Ecoutez le reportage de Tessa Grauman

Nikola Chapelle