Elections américaines J-5 : à New York, les Ultramarins choqués par les années Trump

Donald Trump aura du mal à terminer sereinement son mandat.
Installés depuis trois ans, dix ans ou trente ans sur la côte Est des Etats-Unis, ces Antillais et Réunionnais dressent un bilan sombre de la présidence de Donald Trump. Et espèrent un changement aux élections.

"Ça a été quatre années très douloureuses, où j’ai pu constater une montée de la suprématie blanche, et celle-ci a trouvé en Trump un candidat qui les a légitimés". Assise dans un canapé de l’espace coworking où elle vient régulièrement travailler à Manhattan, Corinne Jox, enceinte de six mois, ne cache pas son traumatisme des années Trump.

Cette Martiniquaise, en couple avec un Afro-Américain, vit aux Etats-Unis depuis neuf ans. "Ça a été très douloureux pour moi à cause des brutalités policières constatées envers la communauté noire et pour laquelle on ne voit pas forcément de justice rendue, renchérit-elle. On ressent forcément de la haine. Je ne dis pas que ça n'a jamais existé auparavant, mais c’est juste que ces quatre dernières années, on a vraiment senti que la suprématie blanche s’est sentie soutenue."
 

Un climat politique dégradé


Plus au sud, à Brooklyn, Marie-Line, guadeloupéenne née à Paris et installée à New York depuis trente ans, confirme aussi la résurgence d’un racisme décomplexé. Mais pas uniquement. Il y a eu également la nomination par Trump de 200 juges pour contrôler le système judiciaire et l’abandon des mesures contre le changement climatique. Globalement, Marie-Line dénonce un climat politique dégradé depuis 2016. " Avant, la politique n’était si mauvaise que je me sentais d’y penser tous les jours. Et c’est ça qui fatigue : depuis trois ans et demi, on y pense tous les jours."
 

Marie-Anne Luron ne partage pas la même vision des années Trump. Cette consultante aux Nations-Unis, née à Fort-de-France et résidente depuis trois ans et demi à New York, ne croit pas que l’actuel président des Etats-Unis soit responsable des difficultés que traverse son pays. " Je pense que Donald Trump n’a rien fait de nouveau en quatre ans. Il n’a rien inventé, assure-t-elle. En réalité il existe un système en place de longue date, et qui montre des faiblesses ". Marie-Anne pointe du doigt une société structurellement inégalitaire, dont les Noirs américains sont les principales victimes.
 

Donald Trump n’a rien fait de nouveau en quatre ans.

 

Deux camps qui s’opposent


Ce qui est certain c’est que la personnalité de Trump a profondément divisé le pays. Nikola Chapelle vient de la Réunion et travaille depuis une douzaine d’années dans le monde du cinéma. Son analyse :  l’opposition des deux camps, pro et anti-Trump, a obligé les Américains à exprimer leur avis. " Les gens disent : je suis Démocrate, je suis Républicain. Ces quatre dernières années, à New York, j’ai entendu des gens dire : moi j’ai voté Trump. Ce sont des choses que l’on n'aurait jamais imaginé avant. Je pense que l’administration Trump a amené les gens à affirmer leurs positions."            

Ecoutez le reportage de Tessa Grauman

Les années Trump