L’élection pour le renouvellement du Parlement européen aura lieu le samedi 8 juin pour les habitants de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre et Miquelon, et de Polynésie française. Et le dimanche 9 juin, pour ceux qui habitent à La Réunion, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie et en France hexagonale.
Pour tenter d’y voir plus clair dans un univers européen souvent perçu comme complexe et éloigné, nous avons reçu Vincent Martigny, politologue, membre du comité scientifique de la chaire Outre-mer de Sciences-Po, et originaire de La Réunion. Ainsi que Pierre Loaëc, porte-parole, pour la France, de la Commission européenne.
Une élection éloignée des électeurs ultramarins
L’élection européenne passionne en général assez peu dans les Outre-mer. Une élection qui apparait très éloignée géographiquement, et loin des préoccupations quotidiennes des Ultramarins.
Vincent Martigny confirme : "Le scrutin apparait comme éloigné, ayant peu de conséquences dans la vie quotidienne des citoyens de ces régions. Et pourtant, l’Union européenne a une influence tout à fait considérable sur la vie et l’organisation de ces territoires".
Pourtant, les spécificités des territoires ultramarins sont désormais inscrites dans les textes européens. "Au moment où on va mettre un bulletin dans l’urne, on a un impact sur la démocratie européenne", explique Pierre Loaëc. Il ajoute : "Les RUP (Régions ultrapériphériques) sont regardées de très près par les institutions au quotidien. On reconnait que ce sont des territoires qui ont des contraintes particulières, l’éloignement, l’insularité, le climat… Ils font partie de l’Union. Mais au regard de leurs spécificités, on ouvre la porte à leur prise en compte à travers un certain nombre de politiques publiques."
Quelle influence d’un eurodéputé ultramarin ?
Le Parlement européen sera composé de 705 députés européens, dont 81 parlementaires français. Parmi ceux-ci, quelle influence pourront avoir les élus ultramarins ?
Vincent Martigny souligne l’importance d’élire des Ultramarins, meilleurs connaisseurs des enjeux ultramarins : "Plus vous avez des gens de ce terrain-là, plus vous avez de chances que les lois soient au plus proche des concitoyens de ces territoires."
Pierre Loaëc complète en ajoutant que cela dépend aussi de l’investissement personnel de chaque député : "S’il est investi et s’il a un soutien politique dans un groupe politique suffisamment puissant pour pouvoir prendre des dossiers importants, prendre des places importantes en commission, il va avoir un impact."
Les enjeux du scrutin
Dans les Outre-mer, la configuration politique est différente de celle dans l’Hexagone. En 2019, le Rassemblement national était arrivé largement en tête de l’élection européenne dans les Outre-mer. Puis, lors du premier tour de l’élection présidentielle, c’est Jean-Luc Mélenchon qui était arrivé largement en tête.
"Les Outre-mer sont les départements et régions qui accordent le plus de votes aux partis anti-système, qu’ils soient à l’extrême-droite pour le Rassemblement national ou dans la gauche radicale pour la France Insoumise", explique Vincent Martigny.
Le parti socialiste, historiquement fort dans les Outre-mer, va espérer "profiter de la relative faiblesse de Jean-Luc Mélenchon et ses amis pour essayer de rééquilibrer" le rapport de force à gauche.
Pour Renaissance, le scrutin risque de se révéler particulièrement périlleux dans les Outre-mer : "Il n’y a jamais eu d’enracinement de la majorité présidentielle dans ces régions. Ils savent qu’ils sont très peu populaires."