La cheffe du gouvernement s'est exprimée lors d'une visite du centre LGBT+ d'Orléans, à l'occasion du quarantième anniversaire de l'abrogation des discriminations entre les relations hétérosexuelles et homosexuelles introduites dans le Code pénal par le régime de Vichy. Cet ambassadeur "coordonnera l'action du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères pour la protection contre les discriminations et la promotion des droits LGBT+ et portera la voix de la France", a indiqué Mme Borne, notamment pour défendre "la dépénalisation universelle de l'homosexualité et de la transidentité".
La Première ministre a par ailleurs salué "le travail exemplaire des associations et des centres LGBT+", "points d'entrée identifiables et accessibles pour de nombreuses personnes qui ne savent pas vers qui se tourner" et qui, l'année dernière, "ont aidé près de 6.000 personnes partout dans notre pays". Le fonds de trois millions d'euros doit permettre la création de dix nouveaux centres, afin qu'il y ait au moins deux centres dans chaque région de l'Hexagone et un centre au moins dans chaque région d'Outre-mer.
"La bataille des mentalités n'est pas encore gagnée", a mis en garde Elisabeth Borne, relevant que "la haine anti-LGBT+ continue à exclure, blesser et même parfois tuer". Interrogée sur la ministre Caroline Cayeux, qui avait provoqué un tollé mi-juillet, notamment pour avoir désigné les homosexuels par la formule "ces gens-là", la cheffe du gouvernement a déploré "des expressions blessantes" mais a martelé qu'il n'y avait "aucune ambiguïté sur l'engagement de tous les membres de (son) gouvernement, qui portent la même vision d'une société progressiste".
A propos d'une proposition de loi portée par le sénateur PS Hussein Bourgi qui demande réparation pour les personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982, la Première ministre a dit qu'elle "l'entendait" et qu'elle allait la "regarder". "Ça n'est pas un sujet simple de savoir comment on répare des blessures qui ont pu être apportées en raison de discrimination", a-t-elle fait observer, en considérant "important, déjà, d'acter que l'introduction de discrimination dans le droit avait été une faute, et de saluer et de commémorer l'abrogation de ces dispositions".
Le régime de Vichy avait introduit une discrimination entre les relations hétérosexuelles - la majorité sexuelle étant alors fixée à 15 ans - et homosexuelles, pénalisées si l'un des partenaires était mineur (à l'époque, 21 ans). La discrimination était restée en vigueur lors de l'abaissement de la majorité à 18 ans en 1974, avant que la gauche ne l'abroge en 1982 et n'aligne la majorité sexuelle à 15 ans, quel que soit le sexe des partenaires.