Emmanuel Kasarhérou vient d’être nommé en conseil des ministres, président du Musée du quai Branly. Il succède ainsi à Stéphane Martin qui avait appelé de ses vœux à "ce que le musée se colorise". Outre-mer la 1ère a recueilli les premières impressions du Calédonien.
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L’ancien directeur du Centre culturel Tjibaou de Nouméa prend la tête du Musée du quai Branly. Un peu étourdi par le déferlement des messages, Emmanuel Kasarhérou a livré ses premières impressions à Outre-mer la 1ère.
Comment réagissez-vous à cette nomination ?
"Je suis super heureux. J’adore ce musée et Stéphane Martin (l’ancien président, ndlr) portait une vision que je partageais et que j’avais envie de continuer à partager. Ce n’est pas la meilleure période pour diriger un musée. Il va falloir acheter beaucoup de gel hydroalcoolique ! Les perspectives sont compliquées.
Mais je n’ai jamais connu de période sereine lors de mes nouveaux postes. Quand je suis devenu directeur du musée de Nouméa, j’ai commencé quatre mois après l’assassinat d’Eloi Machoro, l’indépendantiste kanak. Il fallait diriger un musée dans un pays en guerre civile. Mais la difficulté me stimule."
Quels vont être vos premiers objectifs ?
"Il faut aujourd’hui relever des défis complexes. Quel est la légitimité des collections du monde entier ? Il faut dialoguer, innover, inventer. Les collections rassemblent des objets qui ont des identités complexes, des histoires propres. Certains ont été acquis dans la violence. Un musée doit être un espace où toutes ces questions doivent être abordées.
Au Quai Branly, on a un navire qui réunit l’histoire des quatre derniers siècles. L’Europe passe toujours comme le point central de l’histoire de ces collections. Il faut aujourd’hui parler à plusieurs voix. Il faut que le musée cherche des formes de co-construction sur les thématiques qu’il développe. Car ces collections appartiennent à un patrimoine qui dépasse largement nos frontières."
Quelles sont les premières réactions que vous avez reçues à la suite de votre nomination ?
Ma mère est tellement fière qu’elle ne touche plus terre. Á l’heure où Le Monde a sorti l’information, il était 5h du matin en Nouvelle-Calédonie, mais je pense que les messages vont déferler de côté-là. Ici à Paris, j’ai reçu énormément de félicitations de la part de mes collègues du Musée du quai Branly. Ils sont très heureux, ça fait plaisir.
Il y a des gens que j’ai rencontrés dans le passé comme Jean-François Merle (ancien conseiller Outre-mer de Lionel Jospin, Premier ministre) qui a été l’un des premiers à me féliciter. J’avais déjà eu beaucoup de réactions après la déclaration du président de la Polynésie. Là, ça n’arrête pas.
►Regardez ci-dessous l'interview complète d'Outre-mer la1ère / France Ô (Cécile Baquey-Mourad Bouretima) :
À l'âge de 25 ans, en 1985, Emmanuel Kasarhérou avait pris la tête du musée de Nouméa, durant les évènements de Nouvelle-Calédonie. À la fin des années 90, il s'était lancé dans le projet ambitieux de l'ouverture du centre culturel Tjibaou, du nom du fondateur du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) assassiné en 1989.
Comment réagissez-vous à cette nomination ?
"Je suis super heureux. J’adore ce musée et Stéphane Martin (l’ancien président, ndlr) portait une vision que je partageais et que j’avais envie de continuer à partager. Ce n’est pas la meilleure période pour diriger un musée. Il va falloir acheter beaucoup de gel hydroalcoolique ! Les perspectives sont compliquées.
La difficulté me stimule
Mais je n’ai jamais connu de période sereine lors de mes nouveaux postes. Quand je suis devenu directeur du musée de Nouméa, j’ai commencé quatre mois après l’assassinat d’Eloi Machoro, l’indépendantiste kanak. Il fallait diriger un musée dans un pays en guerre civile. Mais la difficulté me stimule."
Quels vont être vos premiers objectifs ?
"Il faut aujourd’hui relever des défis complexes. Quel est la légitimité des collections du monde entier ? Il faut dialoguer, innover, inventer. Les collections rassemblent des objets qui ont des identités complexes, des histoires propres. Certains ont été acquis dans la violence. Un musée doit être un espace où toutes ces questions doivent être abordées.
Dialoguer, innover, inventer
Au Quai Branly, on a un navire qui réunit l’histoire des quatre derniers siècles. L’Europe passe toujours comme le point central de l’histoire de ces collections. Il faut aujourd’hui parler à plusieurs voix. Il faut que le musée cherche des formes de co-construction sur les thématiques qu’il développe. Car ces collections appartiennent à un patrimoine qui dépasse largement nos frontières."
Quelles sont les premières réactions que vous avez reçues à la suite de votre nomination ?
Ma mère est tellement fière qu’elle ne touche plus terre. Á l’heure où Le Monde a sorti l’information, il était 5h du matin en Nouvelle-Calédonie, mais je pense que les messages vont déferler de côté-là. Ici à Paris, j’ai reçu énormément de félicitations de la part de mes collègues du Musée du quai Branly. Ils sont très heureux, ça fait plaisir.
Il y a des gens que j’ai rencontrés dans le passé comme Jean-François Merle (ancien conseiller Outre-mer de Lionel Jospin, Premier ministre) qui a été l’un des premiers à me féliciter. J’avais déjà eu beaucoup de réactions après la déclaration du président de la Polynésie. Là, ça n’arrête pas.
►Regardez ci-dessous l'interview complète d'Outre-mer la1ère / France Ô (Cécile Baquey-Mourad Bouretima) :
Un Kanak à la tête du musée du Quai Branly
Emmanuel Kasarhérou succède à Stéphane Martin à la tête du Musée du quai Branly - Jacques Chirac à Paris. Le Calédonien a été nommé lors du conseil des ministres ce mercredi 27 mai. C'est la première fois qu'un Kanak prend la direction du musée parisien. Le conservateur avait fait ses premiers pas dans l'établissement en 2013 avec l'exposition exceptionnelle "Kanak, l'art est une parole."À l'âge de 25 ans, en 1985, Emmanuel Kasarhérou avait pris la tête du musée de Nouméa, durant les évènements de Nouvelle-Calédonie. À la fin des années 90, il s'était lancé dans le projet ambitieux de l'ouverture du centre culturel Tjibaou, du nom du fondateur du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) assassiné en 1989.