" Les natifs de la Guadeloupe, la Martinique et de la Réunion ont 20 à 25% de chances en moins d’obtenir un diplôme du supérieur ; ils ont environ 12% de chances en moins d’accéder à l’emploi et 35% à 45% de chances en moins d’occuper un poste de cadre" c’est ce que nous apprend la note d’information intitulée "Naître en outre-mer : de moindres opportunités que dans les autres régions de France" publiée ce jeudi par France Stratégie. L’organisme de réflexion rattaché aux services du Premier Ministre s’est penché sur le cas des Ultramarins et a voulu mettre en évidence les écarts d’opportunités éducatives et professionnelles entre les natifs de Martinique, Guadeloupe et Réunion et les Hexagonaux en observant leur situation à l’âge adulte.
De fait, à origine sociale comparable, les natifs des Antilles et de La Réunion ont 20 à 25% de chances en moins d'être diplômés du supérieur, environ 12% de chances en moins d'accéder à l'emploi et 35 à 45% de chances en moins d'occuper un poste de cadre qu'un natif de métropole, détaille cette note d'analyse réalisée à partir des enquêtes Emploi 2014-2020 de l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Toujours selon ce même rapport, migrer vers l’hexagone et retourner ensuite dans son territoire de naissance améliore la position sociale du natif parti. Cette mobilité sociale est plus favorable pour les jeunes femmes, que pour les hommes comparativement à l’hexagone.
En outre, un autre point est mis en avant. La Corse et le Nord-Pas-de-Calais, deux régions hexagonales à faible opportunité, voient pourtant leurs natifs avoirs plus d'opportunités de réussite dans les études supérieures et sur le marché de l’emploi des cadres, que les Ultramarins.
Les natifs de la Réunion s’en sortent mieux que ceux des Antilles dans l'Hexagone
À niveau social et diplôme équivalent, les natifs qui ont quitté l’île de la Réunion pour l’Hexagone s’en sortent mieux que ceux des Antilles ayant suivi le même chemin, indique encore l'étude. Ces derniers, plus nombreux à s’exiler vers la France Hexagonale, ont le désavantage d’être moins nombreux à venir de milieux favorisés que les Réunionnais.
Par ailleurs, sur le marché de l’emploi, les Antillais ayant fait le choix de la sédentarité (rester dans leur île) sont 15 à 45% moins nombreux à avoir un emploi et un statut de cadre comparativement aux métropolitains. Pour les sédentaires de la Réunion, le taux est légèrement plus haut oscillant entre 15 et 30%. Un écart qui s'explique par une "double pénalité", souligne France Stratégie. Outre l'écart d'opportunités professionnelles pour un même niveau de diplôme, les sédentaires subissent les frais d'un moindre niveau de diplôme.
À l'inverse, la part des jeunes ultramarins présents dans l'Hexagone et diplômés du supérieur monte à 36,7% pour les Antillais et 39,6% les Réunionnais, soit presque autant que les métropolitains (41,3%).
Les métiers du secteur public plus facile d’accès pour les Ultramarins
Migrer vers l’Hexagone, permet donc aux Ultramarins de s’en sortir un peu mieux que s’ils étaient restés sur leur territoire d’origine. En revanche, cela ne leur garantit pas un statut de cadre. Les originaires d’Outre-mer ont un taux d’accès à ce statut de 8 à 20% inférieurs à ceux des Hexagonaux ayant la même origine sociale qu’eux et le même niveau de diplôme. D’après les auteurs de ce rapport, ce faible taux d’accès aux postes de cadre pourrait s’expliquer " en partie par les discriminations […] et les traitements inégalitaires, notamment en raison de leur couleur de peau. Ces discriminations pourraient également expliquer la part plus importante des natifs des Antilles et de La Réunion travaillant dans le secteur public".
Le taux d’Ultramarins travaillant dans la fonction publique est de 30 à 60% supérieur à celui des métropolitains. L'une des explications avancées pourrait être que l’accès à ces professions se fait sur concours, ce qui réduirait les risques de discrimination à l’embauche. 12,3% des Antillais occupent des postes intermédiaires dans le milieu de la santé et le social et 6,7 dans la police et l’armée.
Les Réunionnais, eux, occupent majoritairement des emplois de cadre inférieur avec un taux de 15,8%. 7,8% d’entre eux sont aussi des policiers ou des militaires.