En Guyane, le taux de scolarisation des enfants de 6 à 13 ans est près de 8 points inférieur à la moyenne nationale. Des milliers d'enfants, en particulier les mineurs étrangers ou souffrant d’un handicap, sont concernés.
Non seulement les infrastructures scolaires ne sont pas assez nombreuses en Guyane, mais leur répartition sur le territoire limite l’accès à l’école pour de nombreux enfants. Si les communes de l’intérieur rassemblent 20% des enfants et des jeunes, elles manquent d’établissements scolaires. Ces enfants sont contraints de quitter leur environnement familial très tôt pour étudier au collège, à Saint-Georges-de-l’Oyapock ou à Maripasoula. Au lycée, il n’y a pas d’autre choix que de se rendre sur le littoral.
Cet éloignement accroit le risque de décrochage scolaire – nombreux sont ceux qui n’envisagent pas de poursuivre leurs études au-delà du collège – mais il provoque aussi "une profonde détresse des jeunes", comme le pointait le Défenseur des droits en 2021.
L’éloignement du cadre familial, potentiellement traumatique, se double de trajets longs et périlleux et est parfois accompagné de maltraitance. Faute de places suffisantes en internats ou parce que ces derniers ferment pendant les week-ends et les vacances, les écoliers sont placés dans des familles dites "hébergeantes". Le phénomène inquiète l’UNICEF, notamment parce que ces familles ne font que très peu l’objet de contrôles.
7 enfants sur 10 n’ont pas le français comme langue première
Selon la Cour des comptes, le français n’est pas la langue maternelle de 70% des enfants de Guyane. Le contexte plurilingue du territoire, parce qu’il est peu ou pas pris en compte, freine aussi la réussite scolaire des élèves. Si les écoles primaires bilingues, notamment pour certaines langues amérindiennes, et des dispositifs comme celui des Intervenants Langue Maternelle se développent, ils sont loin d’être généralisés.
Environ 10 000 enfants étaient déscolarisés en Guyane en 2021. Un chiffre peut-être sous-estimé : parce qu’ils n’ont pas été déclarés à la naissance ou parce qu’ils vivent dans des logements informels, certains enfants éloignés de l’école restent invisibles aux yeux des statistiques. Il n’existe pas de données nationales sur le sujet, et l’UNICEF réclame la création d’un Observatoire national de la non-scolarisation, pour mieux connaître le phénomène, et mieux y répondre.