Bryan George a trente-quatre ans. Assistant vidéo reconnu à l'Asvel et en équipe de France. Reconnu et respecté. Toujours avenant. Disponible. Même si notre dernier entretien a été repoussé de quelques heures. La faute à un rendez-vous imprévu chez le kiné. "J'avais les adducteurs quelque peu endoloris." Étrange pour quelqu'un qui passe autant de temps devant des écrans. "Sauf que je rentre tout juste d'Atlanta où j'ai effectué une première session de travail. Mes nouvelles fonctions ne se limitent plus à l'analyse vidéo. Je fais aussi du terrain. Beaucoup de terrain. C'est très physique. D'où ces petits grincements lorsqu'on remet la machine en marche."
Coach Snyder le voulait
Bryan n'a pas eu besoin d'envoyer son CV. Atlanta est venu à lui. En direct. Via l'entraîneur principal, Quin Snyder. "Nous avons un ami commun, un recruteur de Boston qui lui a parlé de moi. Coach Snyder s'est ensuite renseigné auprès de Boris Diaw, puis de mon agent Bouna Ndiaye. Avant de contacter Tony Parker pour lui demander mon numéro de téléphone." Le président de l'Asvel accepte alors la mise en relation. La vie du Guyanais est sur le point de basculer. "Tony m'avait prévenu. J'étais donc préparé. Il y avait certes du stress mais il s'agissait d'un bon stress. L'entretien téléphonique a duré deux heures. Un échange super cool. Tout a été abordé. Absolument tout."
Nous sommes en juin 2023. Avec six mois d'avance, Bryan George ouvre son cadeau de Noël : un job en NBA. Avec des responsabilités élargies. "Je suis bien évidemment en charge de toute l'analyse vidéo. Mais je vais m'investir aussi dans l'entraînement individuel des joueurs. D'où mon retour sur le terrain. Le développement des joueurs est quelque chose de très important dans le championnat américain." À 34 ans seulement, le Guyanais se retrouve parmi les premiers assistants du coach d'Atlanta. Un contrat de trois ans. Et les yeux qui brillent.
La NBA, l'autre dimension
Avant même d'y travailler, Bryan raffolait du basket à la sauce US. "Son fonctionnement est très pointu." En intégrant les Hawks d'Atlanta, il peut découvrir la NBA de l'intérieur. "C'est juste impressionnant : la taille du staff, l'investissement des administratifs… Tout le monde se sent impliqué. J'aime cet état d'esprit." Bryan George en NBA ou l'histoire d'un rêve devenu réalité. "Il est vrai que j'y pensais depuis longtemps. Dès que j'ai commencé avec l'équipe de France, je me suis senti prêt à partir. Même si mon rêve demeurait lointain et un peu fou."
La NBA a beau être une ligue fermée (jamais de relégations pour les franchises) ; elle aime beaucoup les apports extérieurs : joueurs, coachs, recruteurs… Nombreux sont les étrangers. "Il y a toujours eu un savoir-faire international qui plaît à la NBA." Et que dire alors des petits Frenchies ? "Au niveau de l'équipe de France médaillée d'argent aux derniers JO à Tokyo, ça intrigue, c'est sûr. Et quelque part, ça ouvre des portes." Les joueurs s'y engouffrent. À l'image du dernier phénomène tricolore en date, Victor Wembanyama, numéro un à la Draft 2023 parti à San Antonio. Et désormais, le staff. Bryan George en Géorgie. La France en NBA ? C'est plus fort que toi.
Tout le monde applaudit son recrutement
Bryan George avait encore deux ans de contrat avec l'Asvel. Pourtant, son soudain envol américain n'a pas posé le moindre problème. "Tony Parker a eu une réaction très classe. Il a même poussé pour que je tente l'aventure. En me précisant : si ça n'avait pas été une bonne proposition, je ne t'aurais pas laissé partir. Alors fonce !" Même réaction en équipe de France où le Guyanais conserve ses fonctions d'assistant vidéo. "Vincent Collet a accepté mon challenge. J'accompagne les Bleus lors des campagnes estivales et je travaille en visio avec eux, le reste de l'année."
Bryan rejoint donc l'équipe de France pour la Coupe du Monde 2023 dans le Pacifique. Pendant qu'Arielle, son épouse organise toute la logistique du déménagement. "Heureusement qu'elle est là. Arielle m'aide énormément. Car il faut aller vite. S'occuper des inscriptions de nos deux filles dans leurs nouvelles écoles. À distance, c'est quelque chose." Quant aux vacances, Bryan George y pensera… plus tard. "Des vacances ? Vous voulez dire : quinze jours de repos complet, téléphone coupé ? Je n'ai plus connu ça depuis 2017 quand j'ai intégré le staff de l'équipe de France. Cette année, je regagne Atlanta dès la fin de la Coupe du Monde. En 2024, c'est d'ores et déjà compromis puisque les JO de Paris vont m'occuper tout l'été. En 2025 alors ? Peut-être."