Enfant noir, parents blancs… L’autrice et réalisatrice Amandine Gay publie un "essai autobiographique" sur l’adoption

Dans son livre "Une poupée en chocolat", Amandine Gay, née de père martiniquais, mêle récit intime et réflexions politiques. Avec un regard aiguisé sur les Outre-mer.

Il y a un peu plus de deux ans, Amandine Gay décide de faire un test génétique pour connaître ses origines et découvre que son père biologique est martiniquais. "Le Covid a beaucoup contrarié mes plans, parce que depuis que je sais que je suis d’origine martiniquaise, j’essaie d’aller en Martinique", lâche-t-elle dans un grand sourire, avant de rajouter : "mes amis martiniquais et martiniquaises m’envoient toute une liste d’endroits à visiter, des restaurants, des lieux où aller faire des marches. C’est très chouette !"

Les Antillais sont comme les enfants adoptés

Depuis ses années d’études en sciences politiques, cette militante afro-féministe et réalisatrice de documentaires s’intéresse à l’adoption à travers sa propre histoire, celle d’une enfant noire élevée par des parents blancs. Dans son livre "Une poupée en chocolat", elle raconte le racisme subi dès son plus âge et son combat pour connaître ses origines. "La question de la difficulté à retracer ses ancêtres, c’est un point commun entre les personnes adoptées, et celles issues de la déportation d’Africains et d’Africaines dans le cadre de la traite transatlantique", analyse celle qui peut désormais se revendiquer de ces deux statuts.

 

Ecoutez Amandine Gay avec Tessa Grauman

 

L’adoption à la polynésienne

C’est en fréquentant des personnes qui ont grandi en Afrique, qu’Amandine constate une définition plus libre des liens entre frères et sœurs dans certaines sociétés. Comme en Polynésie, découvre-t-elle plus tard, lors de ses recherches sur l’adoption, avec la fameuse pratique du fa’a’mura’a.

Parce que justement, l’idée c’est que ces personnes adoptées font toujours partie de leur famille élargie, même si elles sont adoptées. Donc, puisque c’est possible de le faire en Polynésie, c’est tout à fait possible de le faire dans le reste de la France !

Amandine Gay

 

La Réunion et la justice reproductive

Dans son livre, Amandine Gay parle aussi de la justice reproductive, une notion qui permet de souligner les inégalités sociales en matière de droits pour les femmes.

A la même époque où en France hexagonale les femmes militent pour obtenir la contraception ou le droit à l’avortement, l’Etat français stérilise de force des femmes à l’île de la Réunion.

 

 

 

"Si j’avais su plus tôt que j’étais martiniquaise"

Amandine sait depuis l’âge de 18 ans que sa mère biologique est marocaine. Mais rien, dans le dossier de la DDASS (Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales) qu’elle a pu consulter à sa majorité, ne concernait son père. Ce n’est qu’à 35 ans qu’elle apprend d’où il est originaire.

Si j’avais su plus tôt que j’étais martiniquaise, ça aurait changé beaucoup de choses. Mon grand-frère, adopté aussi, est d’origine martiniquaise. Et il avait connu la Martinique petit. J’aurais adoré parler de ça avec lui.

 

"J’ai croisé aussi plein de personnes martiniquaises dans ma vie. J’aurais pu apprendre le créole, par exemple", se désole celle qui plaide pour un accès à leurs origines pour tous les enfants adoptés.

►En bonus, le reportage radio de Tessa Grauman :

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