Le maire LR de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Gilles Platret, a été relaxé vendredi du chef d'homicide involontaire, après la noyade accidentelle de trois enfants d'origine mahoraise en 2018 dans un lac de la ville où l'interdiction de baignade n'était pas clairement indiquée. Le tribunal correctionnel de Chalon rendait son jugement en délibéré, après un procès fin mars d'une journée. Le 8 juillet 2018, trois enfants de neuf, dix et treize ans se noyaient dans le lac des prés Saint-Jean, où la profondeur chute soudainement de 50 cm à plusieurs mètres.
La baignade y est donc interdite par un arrêté municipal. Mais le seul panneau "baignade interdite", gagné par la végétation, était invisible. La partie civile accusait donc Gilles Platret, un ancien vice-président national de LR, de n'avoir pas respecté une circulaire obligeant les maires à "faire signaler par des pancartes très visibles les lieux où la baignade est dangereuse". L'avocat de la mère des enfants, Cédric Trabal, a en conséquence fait citer à comparaître le maire, à l'audience du 31 mars, le contraignant ainsi à être partie au procès alors qu'il n'a jamais été mis en examen malgré une plainte de la partie civile.
"Vive la justice française!"
M. Platret ne s'était pas déplacé au procès, étant représenté par son avocat. Il a fait preuve d'une "indifférence intolérable", avait alors estimé Me Trabal. Mercredi, deux jours avant le délibéré, la mère des enfants Lallia Konaté a réuni une trentaine de personnes devant l'Hôtel de ville afin de dénoncer le "manque de considération" du maire. "Vive la justice française!", a-t-elle ironisé vendredi après le jugement sur son compte Instagram.
Dans sa relaxe, le tribunal a estimé que le défaut d'affichage était une faute indirecte qui relève de la simple négligence. Selon l'avocat du maire, Levent Saban, la loi "sort certains faits qui touchent les collectivités locales du champ pénal", dont cette signalisation. Le tribunal estime donc que les décès sont dus au défaut de surveillance de la belle-mère des enfants, l'ex-compagne du père, à qui ce dernier avait confié leur garde le 8 juillet 2018.
Ce jour-là, trois adultes et 13 enfants s'étaient rendus sur les berges du lac où barbotaient six enfants, dont seuls deux savaient nager. L'enquête a montré que les trois adultes surveillaient les plus petits qui jouaient dans un bac à sable, se trouvant ainsi à plus de cent mètres des autres enfants qui étaient dans l'eau, et sans avoir vue sur eux. En conséquence, le tribunal a condamné la belle-mère à trois ans de prison avec sursis, ce qui correspond aux réquisitions. "Je n'ai jamais eu connaissance que (le lac) était dangereux", avait-elle assuré à la barre le 31 mars.