"Epuisement et lassitude" : des policiers ultramarins témoignent lors de la manifestation parisienne

Des milliers de policiers se sont rassemblés ce mercredi 19 mai devant l'Assemblée nationale, deux semaines après le meurtre d'un des leurs à Avignon. Des policiers ultramarins étaient présents et expliquent leur lassitude et leur épuisement. Reportage. 

L'émotion n'est pas retombée dans les rangs des policiers. Deux semaines après le meurtre du brigadier Eric Masson à Avignon, des milliers de policiers se sont rassemblés mercredi 19 mai devant l'Assemblée nationale à l'appel des syndicats, qui veulent plus de sévérité pour les "agresseurs des forces de l'ordre". Marseillaise, minute de silence, les manifestants sont venus exprimer leur lassitude et leur épuisement, comme l'explique Jimmy Terrine, président fondateur de l'association GPX qui regroupe des policiers ultramarins.

Regardez le reportage d'Outre-mer la 1ère :


    
Les syndicats ont décidé d'organiser ce rassemblement après le meurtre d'Eric Masson, tué sur un point de deal à Avignon le 5 mai. Un drame qui a ébranlé la police, déjà marquée par l'assassinat le 23 avril de Stéphanie Monfermé, agente administrative au commissariat de Rambouillet (Yvelines), par un Tunisien qui se serait radicalisé. Selon les responsables syndicaux, beaucoup de policiers "en colère" et "écoeurés" voient dans la mort du brigadier lors de cette banale intervention un symbole des violences répétées à leur encontre qui nécessitent une "réponse pénale" plus ferme.
 

La présence de nombreux politiques

"Rien de plus normal que soutenir les policiers dans une république", a souligné mercredi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, rejoint par des élus politiques de tous bords -la droite en tête- à la manifestation des policiers devant l'Assemblée nationale. Le ministre a dit être "simplement venu soutenir les policiers" : "Ils vivent un moment difficile, ils sont endeuillés et il n'y a rien de plus normal que de soutenir les policiers dans une république", a-t-il déclaré, avant d'entrer à l'Assemblée nationale.

Dans l'opposition, les parlementaires LR sont venus en force. La présidente du Rassemblement national et candidate à l'Elysée, Marine Le Pen, a exprimé en marge d'un déplacement à Bordeaux son "soutien total et entier" aux policiers et réclamé de la "fermeté" à l'encontre de ceux qui s'attaquent à eux.
    
Venus en nombre à un mois des élections régionales, dernier scrutin avant la présidentielle de 2022, ces politiques divergeaient toutefois sur les réponses à apporter contre l'insécurité. Si la droite et l'extrême droite soutiennent le rétablissement des peines planchers, à gauche, le premier secrétaire du PS Olivier Faure considère que "ça ne fonctionne pas" parce qu'elles ont abouti à "un quantum de peines moins élevé". Il a défendu le "dialogue" pour rétablir "la continuité de toute la chaine pénale" et "ne pas opposer police et justice". Il s'agit de "réconcilier les Français avec la police", a-t-il insisté aux côtés de la potentielle candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo, venue ceinte de son écharpe de maire de Paris.

L'eurodéputé EELV Yannick Jadot, présent aussi à la manifestation, tout comme le communiste Fabien Roussel, a dit ne pas vouloir "laisser la police livrée au Rassemblement national et aux manipulations du gouvernement". Le député Laurent Saint-Martin, tête de liste LREM aux régionales en Ile-de-France, est venu témoigner d'une "majorité qui renforce leurs moyens".

Le député LFI Adrien Quatennens, dont le parti ne participait pas à la manifestation, a expliqué qu'il ne voulait pas "participer avec M. Darmanin et Mme Le Pen à une (...) surenchère sécuritaire".