Eramet en hausse : les places financières anticipent une victoire du non au référendum en Nouvelle-Calédonie

Trader des métaux industriels (Commodities) au London Metal Exchange pendant la séance du Nickel
Le dernier géant des groupes miniers et métallurgiques français a progressé de 4,42 % mercredi à la bourse de Paris. Les investisseurs anticipent sur le résultat du référendum en Nouvelle-Calédonie. La SLN, filiale calédonienne du groupe Eramet, est le premier producteur mondial de ferronickel.
 
Le nickel était en baisse de 2 % mercredi 31 octobre à la Bourse des métaux de Londres. Logiquement, le cours de l’action Eramet, largement indexé sur le cours du métal, aurait dû suivre le mouvement. Il n’en a rien été. Le premier producteur mondial de ferronickel en Nouvelle-Calédonie a clôturé en hausse de 4,42 % après avoir grimpé de 6 % dans la journée.
 

Le marché parisien rassuré

Baisse du nickel mais hausse de la valorisation boursière d'Eramet et des deux autres sociétés minières présentes sur le territoire, la contradiction n’est qu’apparente pour Philippe Chalmin : "les milieux financiers et les investisseurs d'Eramet sont rassurés, il est assez logique de penser que c’est en raison des sondages indiquant un vote majoritaire en faveur du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France". Même opinion pour d’autres spécialistes, dont Fabrice Farigoule, analyste financier du nickel et de l’action Eramet chez Alphavalue à Paris : "effectivement, le non envisagé à l’indépendance rassure les investisseurs. Eramet enregistre aussi des résultats positifs au troisième trimestre, le marché parisien est moins frileux." Même opinion, un peu plus distanciée, chez Jean-François Lambert, ancien responsable de la banque HSBC à Londres et consultant pour les matières premières : "Les fondamentaux du nickel sont positifs pour le moment, Glencore à de très bons résultats en Nouvelle-Calédonie, la situation politique est stable, il y a donc aujourd'hui un effet de rattrapage du cours Eramet à la bourse de Paris, favorisé par la probable victoire du non au référendum sur l’indépendance." La tendance profite aussi à Glencore (+4,38 %) et à Vale (+2,57 %), les deux autres grands acteurs industriels du nickel en Nouvelle-Calédonie. Si la bourse de Paris est concernée par le référendum calédonien, en raison de la présence d'une entreprise cotée sur la place parisienne, la bourse de Londres à d'autres sujets d'intérêt et de préoccupation.
 

"Le référendum en Nouvelle-Calédonie n’est pas évoqué dans les conversations des traders ou des analystes de la City, ceux du nickel sont focalisés par les nouvelles capacités de production de la Chine en Indonésie. Mais effectivement, si le territoire choisit de rester français cela ne peut que rassurer les investisseurs internationaux qui sont présents dans les trois groupes miniers présents sur le territoire." David Wilson, directeur de la stratégie des métaux industriels du négociant Freepoint Commodities.
 

Classement

La Nouvelle-Calédonie est un des grands producteurs mondiaux de nickel. Le 4e pour la production de minerai, le 7e pour la production métallurgique. L’industrie minière emploie directement ou indirectement 25 % des salariés. Depuis un pic à 28.000 dollars la tonne en 2011, le nickel s’est effondré à moins de 7.000 dollars en 2016. Il oscille désormais autour de 12000 dollars la tonne avec des pointes récentes à 17.000 dollars, en raison des perspectives positives de la demande en métal pour les batteries des véhicules électriques. 17.000 dollars tonne, ce chiffre suffirait au bonheur des trois usines du Territoire qui sont engagées dans une bataille permanente pour la compétitivité et la baisse de leur coût de production.
 

Terre de nickel

Le dernier rapport mensuel du Groupe d’étude international du nickel (INSG) confirme la place de la Nouvelle-Calédonie. 4e producteur mondial de minerai de nickel, le pays se place derrière les deux géants que sont les Philippines et l’Indonésie, mais aussi la Russie. En revanche, la production calédonienne de nickel (135.500 tonnes de métal contenu) depuis le début de 2018, se positionne devant l’Australie (126.200 tonnes). Pour la production métallurgique de nickel, la Nouvelle-Calédonie (77500 tonnes) est en revanche dépassée, mais de peu, par l’Australie (77.600 tonnes), le premier producteur mondial étant la Chine (443.000 tonnes).

Toujours selon les dernières statistiques mondiales de l’INSG, les exportations calédoniennes de ferronickel, l’alliage de l’acier inoxydable, ont augmenté de 13,8 % sur les huit premiers mois de l’année avec des pointes de +38,9 % vers la Chine et de +25 % vers le Japon. Des progressions qui absorbent les deux baisses enregistrées vers les aciéries de l’Afrique du Sud et de Taïwan.