Eramet a choisi de communiquer, mardi matin à Paris, pour évoquer la situation de sa filiale calédonienne et afin de respecter ses obligations légales et sa politique de transparence. La Bourse de Paris a réagi. Le titre Eramet a perdu jusqu'à 10 %, alors qu'il traversait une période faste.
Alors que le dernier trimestre de l’année 2020 "s’annonçait remarquable" pour La Société Le Nickel, conjuguant réduction des coûts et flambée des cours du métal, tout est remis en cause. Le blocage des centres miniers calédoniens entraîne une lente asphyxie de l’usine de Nouméa. Pour le moment, le nickel de la SLN ne brille plus au soleil.
Avant ce 12 janvier, la Bourse de Paris avait ignoré la situation conflictuelle, autour du nickel, en Nouvelle-Calédonie. Eramet était portée par son projet hydro métallurgique avec l’allemand BASF en Indonésie et puis, les cours du nickel étaient si hauts....
Mais, mardi matin le marché parisien a découvert le communiqué du groupe français de la transition énergétique. Un analyste en communication financière résume un sentiment qu’il estime général: "Ce que l’on fait subir à la SLN est destructeur et c'est d'autant plus dommage que les investisseurs reconnaissaient les succès remportés par les calédoniens dans le cadre du plan de sauvetage de l'entreprise".
Bourse de Paris
Sur le marché parisien, la cotation boursière c’est à dire la valorisation d’Eramet était en chute de plus de 10 % mardi dans l’après-midi. Et puis, le marché a fini par un peu tempérer son sentiment. Cette destruction de valeur affaiblie aussi la Société de Participation des Provinces Calédoniennes (STCPI) qui détient 4,02 % d’Eramet.
Une nouvelle fois, la plus ancienne usine de nickel au monde est fragilisée. Cette fois, ce n’est pas l’effondrement des cours du nickel qui frappe la SLN comme en 2016, car le nickel a atteint des sommets.
La filiale du groupe français Eramet est l’otage d’un bras de fer politique sur l’épineux dossier de la reprise de l’usine du Sud. "La SLN est empêchée de faire du chiffre d’affaires, du cash, cela rabote les résultats du dernier semestre qui étaient bons" a indiqué un autre analyste, bon connaisseur du groupe français. "Tous les efforts sont presque anéantis, la SLN est le sujet de préoccupation principale de Christel Bories" (la PDG d'ERAMET ndlr) a t-il conclu.
En déficit chronique depuis 2012, bataillant contre une concurrence asiatique à bas coût, la filiale calédonienne d'Eramet a survécu grâce à un prêt de trésorerie de 525 millions d'euros accordé en 2016 par le groupe français et par l'Etat, mais aussi par la mobilisation de ses salariés.
Depuis le 2 décembre, le premier producteur mondial de ferronickel (2.200 salariés) est victime de blocages et de dégradations répétées sur ses sites miniers, dans le cadre des actions de terrain conduites par les opposants à la reprise de la seconde des trois usines du Territoire, l’usine du Sud, du groupe brésilien Vale.
La pression sur la SLN et sur l'Etat (qui détient 26 % d'Eramet ) vise à empêcher la reprise de Vale-NC par un consortium calédonien associant un actionnaire minoritaire, négociant en matières premières, le suisse Trafigura de Genève.
La SLN pourrait solliciter ces prochains jours une procédure de conciliation auprés du Tribunal de Commerce de Nouméa. La société calédonienne ne peut exclure, en cas de dégradation de sa situation, l'ouverture d'une procédure collective dans les prochaines semaines. Une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
Les pertes à venir de la SLN, et pour le seul mois de janvier 2021, sont estimées à au moins 40 millions d’euros (4,79 milliards CFP). Les gains espérés sur la vente du nickel calédonien se sont réduits comme peau de chagrin...
Cours du nickel au LME
Le 12/01/2021 à 15:50 GMT : LME Nickel : 17.625 dollars/tonne + 2,44 %