Érosion du littoral : 25 communes des Antilles-Guyane sur la liste des territoires menacés

Érosion du littoral à Sainte-Marie de Capesterre-Belle-Eau
Le gouvernement a publié les noms des 126 communes françaises, dont 25 sont situées dans les Outre-mer, qui auront l'obligation de s'adapter en priorité à l'érosion côtière aggravée par le réchauffement climatique et la pression humaine. Une liste de nouvelles contraintes d'urbanisme qui ne font pas l'unanimité.

Port-Louis et Saint-François en Guadeloupe, Cayenne et Macouria en Guyane, Sainte-Marie et Les Trois-Îlets en Martinique... Avec le recul du trait de côte sur environ un cinquième du littoral français (hors Guyane) selon l'indicateur national de l'érosion côtière, la loi Climat et Résilience de 2021 prévoit de nouvelles dispositions pour les communes en première ligne face à la montée du niveau de la mer et la multiplication des tempêtes et des submersions marines.

Les maires devront réaliser des cartes du risque de recul du littoral à 30 ans et 100 ans, carte qui servira de base à de nouvelles règles d'aménagement du territoire, allant jusqu'à des interdictions de construire.

864 communes sont menacées

Dans un premier temps, 126 communes sont concernées, 101 en métropole et 25 dans les Outre-mer, selon la liste publiée samedi au Journal officiel, qui sera révisée au moins tous les neuf ans. "Ces 126 soi-disant prioritaires sont ridicules par rapport aux 864 communes menacées", regrette auprès de l'AFP Élodie Martinie-Cousty, de l'ONG France Nature Environnement.

Parmi les localités ultramarines listées par le gouvernement, treize se situent en Martinique (Basse-Pointe, Case-Pilote, Saint-Pierre, Grand'Rivière, Le Lorrain, Les Trois-Îlets, Le Prêcheur, Le Robert, Sainte-Luce, Sainte-Marie, Schœlcher, La Trinité, Macouba), neuf sont en Guadeloupe (Baillif, Bouillante, Deshaies, Le Moule, Pointe-Noire, Port-Louis, Saint-François, Sainte-Anne, Terre-de-Haut) et trois en Guyane (Macouria, Cayenne, Awala-Yalimapo). La Réunion et Mayotte ne sont pas encore concernées.

Selon les chiffres officiels, 864 communes sont "plus particulièrement vulnérables" aux submersions marines, phénomènes d'inondation temporaire des zones côtières par la mer, notamment lors des tempêtes, qui vont augmenter avec la hausse du niveau de la mer provoquée par le réchauffement climatique. Et 1,5 million d'habitants vivent dans ces zones inondables littorales.

Symbole de l'érosion sur la plage des Salines à Sainte-Anne (Sud Martinique)


Mais "on a laissé beaucoup trop construire sur le littoral" et les nouvelles dispositions "ne sont pas adaptées aux enjeux", estime Élodie Martinie-Cousty. Celles des 126 communes n'ayant pas encore de "plan de prévention des risques littoraux" devront réaliser la cartographie de l'évolution du trait de côte à 30 et 100 ans.

Relocalisations ?

Dans les zones exposées à l'horizon de 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites, mais avec des exceptions pour l'extension de bâtiments existants ou l'installation de services publics et de nouvelles activités économiques nécessitant la "proximité immédiate" de la mer. Les zones à l'horizon 100 ans restent constructibles, avec à terme une obligation de démolition quand la menace se rapprochera.

Pour permettre aux autorités locales de lancer ce nouvel aménagement du territoire, une ordonnance publiée début avril précise les moyens d'acquisition par les pouvoirs publics de biens menacés et crée un nouveau type de bail octroyé par l'État ou les communes pour des terrains, locaux commerciaux ou encore parcs de loisirs dans la bande concernée (bail de 12 à 99 ans avec résiliation anticipée en fonction de l'érosion).

Mais l'Association nationale des élus du littoral regrettent certains "flous juridiques" qui "laissent présager de nombreux contentieux, susceptibles de nuire à l'atteinte des objectifs affichés".

Certains responsables locaux s'interrogent aussi sur les nouvelles contraintes imposées aux plans locaux d'urbanisme et pointent du doigt des questions de financement.