Tombés en demi-finale face aux champions du monde japonais (45-37), les tireurs tricolores, qui étaient tenants du titre, se sont relevés pour monter sur le podium pour les troisièmes Jeux de suite.
Les Bleus du fleuret évitent aussi à l'arme de quitter ces JO de Paris bredouille, femmes et hommes confondus.
Une ultime touche de Maxime Pauty a fait exulter le Grand Palais. Promu finisseur, le tireur était plutôt dans sa jeunesse distributeur. Talentueux joueur de foot dans le registre de N.10 à l'ancienne, il a été proche d'intégrer un centre de formation à l'adolescence. A défaut de faire carrière, il a continué - jusqu'à l'an passé - à fouler les terrains de five, en compagnie notamment de l'humoriste Kheiron.
Dans ce rôle de dernier relayeur, Pauty a succédé à un Enzo Lefort loin de son meilleur jour avec seulement quatre relais sur neuf remportés dimanche.
"Ça s'est suffisamment vu, j'étais dans le dur toute la journée. Mon quart de finale, ma demi-finale... je n'avais aucune sensation", a confirmé le tireur de 32 ans. "Maxime a marché sur l'eau toute la journée, c'était un choix audacieux, mais totalement légitime, a-t-il estimé. Moi, de ne pas finir, ça m'a galvanisé. (...) J'ai fait en sorte de le mettre sur un petit coussin confortable avant son dernier relais."
Un retard à l'allumage
Avant déjà, le Guadeloupéen avait remis les siens sur le chemin au moment opportun. Menés 11-5 après avoir calé au démarrage, les vice-champions olympiques de Tokyo ont passé la seconde grâce à un deuxième relais phénoménal (8-2) du double champion du monde pour revenir à 18-15, sous les yeux du septuple champion du monde de F1 Lewis Hamilton vêtu d'un t-shirt siglé "Team Miles".
Rien à voir avec ceux d'Indianapolis, mais tout à faire avec le prénom du fleurettiste américain Miles Chamley Watson, ami du pilote.
L'hyper-extension du genou droit dont a souffert le New-Yorkais alors qu'il avait trois longueurs de retard (27-23) a condamné les Américains, qui avaient déjà effectué leur seul et définitif remplacement.
Hormis le nouveau de la bande, Maximilien Chastanet, les lames bleues s'étaient offert après le sacre de Tokyo un "sukajan", aussi appelé "souvenir jacket", un de ces blousons satinés avec motif brodé sur le dos. Quel souvenir choisiront-ils pour cette médaille à Paris ?
Peut-être que public retiendra lui les dandinements étonnants de l'entrant Chastanet - son "escrime atypique", préfère dire son entraîneur Emeric Clos. Pour ses premiers JO, il a dû remplacer dès la deuxième rotation du quart de finale contre la Chine Julien Mertine, diminué par le Covid. Il pourrait aussi retenir ce record de sept médailles de 1996 égalé. Même si certains remarqueront qu'il y avait alors moins d'épreuves au total, ainsi que des adversaires russes à Atlanta, tandis qu'il n'y avait aucun trace d'eux à Paris.
C'est aussi un bilan avec un titre olympique de moins qu'à Tokyo et plutôt éloigné de l'objectif de huit médailles dont quatre d'or. Au moins, l'escrime française termine sur une belle note.
"On avait beaucoup de peine pour les filles (du fleuret, NDLR), il y avait aussi les deux matchs pour la troisième place perdue", confirme Pauty. "On a vu Pauline (Ranvier), on a vu Anita (Blaze), on a vu Yannick (Borel), des gens déçus de leur performance qui sont venus nous encourager. Ça nous a donné de l'énergie, c'est incroyable ce qu'ils ont fait, franchement après une telle déception."