Essais nucléaires à Mururoa: des vétérans de Nouvelle-Zélande veulent savoir s'ils ont été irradiés

C'est un pan méconnu de l'histoire des essais nucléaires menés par la France en Polynésie : en 1973, des marins néo-zélandais étaient présents à Mururoa lors d'un essai. Une étude est menée pour évaluer les conséquences sur leur santé et celle de leurs descendants.
Depuis 2013, l'association "Mururoa Nuclear Veterans Group" qui regroupe des vétérans néo-zélandais de Mururoa, demande au gouvernement de Wellington de faire la lumière sur les conséquences des essais nucléaires menés en 1973 en Polynésie, sur l'attol de Mururoa. Un chercheur de l'université d'Otago, David McBryde, a été chargé de mener une étude médicale sur 145 descendants des vétérans répertoriés.  

Une étude sur les descendants

Selon l'association néo-zélandaise qui regroupe ses vétérans, 56 enfants ou petits-enfants de ces vétérans sont atteints par des pathologies qui pourraient être la conséquence de ces essais nucléaires de 1973. Les résultats définitifs de cette étude médicale seront rendus d'ici deux mois, après une analyse par le New Zealand Medical Journal. Selon le chercheur David McBryde, cité par la radio néo-zélandaise RNZ, "le public doit savoir", doit connaître la vérité.
 

1973 : une frégate néo-zélandaise en Polynésie

Si l'étude se focalise sur les essais menés en 1973, c'est que cette année-là, le gouvernement néo-zélandais a envoyé à proximité de Mururoa deux frégates de sa marine, les batiments Otago et Canterbury, pour protester officiellement contre les essais nucléaires menés par la France en Polynésie.
A l'époque, en 1973, quatre essais nucléaires ont été menés par l'armée française, les 21 et 28 juillet puis les 18 et 24 août. Les tris n'étaient pas encore souterrains, mais atmosphériques (ils sont devenus souterrains à partir de 1974). A bord de ces frégates néo-zélandaises, outre les militaires, figurait un ministre du gouvernement travailliste de l'époque, ainsi que des journalistes. Comme le précise un rapport officiel français sur les essais nucléaires, "les deux frégates néo-zélandaises sont prévenues quinze minutes avant chaque tir pour des raisons de sécurité".  
Essai nucléaire atmosphérique à Mururoa en 1970
Cette même année 1973, les gouvernements d'Australie et de Nouvelle-Zélande avaient déposé des recours devant la cour internationale de justice contre la France pour protester contre les essais nucléaires atmosphériques menés à Mururoa. La CIJ a rétorqué en decembre 1974 que la demande de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie étaient sans objet dans la mesure où les essais étaient désormais pratiqués de manière souterraine.