Dans l’exposition #QueerSuperPower, la photographe antillaise Estelle Prudent présente au public ses portraits et ses "Penses bêtes" jusqu’au 31 mai au Centre LGBT Paris-Ile de France. Une entreprise de réappropriation de soi face à la définition habituelle de la "normalité".
Briser l’invisibilisation. Tel est le projet au centre de la démarche de la photographe et plasticienne Estelle Prudent. De père guadeloupéen et de mère martiniquaise, la jeune artiste, qui est passée par l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, a essentiellement grandi en Seine-Saint-Denis en région parisienne. Se définissant comme lesbienne et afro-féministe, la photographe s’est associée à l’organisation SOS Homophobie pour dénoncer la double discrimination liée au racisme et aux LGBT-phobies dans l’exposition #QueerSuperPower, du 28 avril au 31 mai au Centre LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) Paris-Ile de France.
L’expo comporte deux volets. L’un, photographique, s’articule autour de la réappropriation de ses identités (LGBT), de son corps et de sa sexualité assumés face à ce qui se définit comme la norme. L’autre projet, les «Penses bêtes», sont une série d’environ un millier de dessins composés en «écriture réactive», selon la définition d’Estelle Prudent, face aux diverses formes d’oppression (racisme, sexisme, misogynie, homophobie, violences sexuelles) subies par l’artiste elle-même, et auxquelles de nombreuses personnes peuvent s’identifier.
Estelle Prudent : « Le projet #QueerSuperPower est né d’une réelle volonté de questionner des représentations beaucoup plus concrètes et réelles de nos vécus. J’ai donc invité des personnes à prendre la parole et à se représenter comme elles le souhaitaient dans le lieu et avec en exergue la phrase qu’elles voulaient. Mon but est de déconstruire ces représentations cliché concernant la communauté noire et LGBT. Il est temps de se représenter par nous-même et pour nous-mêmes. Cela concerne également les portraits que je fais. »
« Je me sens vraiment contemporaine de cette mouvance afro-féministe et du questionnement de nos représentations. L’authenticité est quelque chose de très important dans mon approche concernant l’énonciation de ces oppressions. J’ai choisi de briser le silence qui nous est imposé. Je veux être sincère car c’est pour moi la seule façon d’aborder ces problématiques. Les enjeux sont vitaux. »
« La question de l’homosexualité aux Antilles est très compliquée. La première marche des fiertés a seulement eu lieu l’an dernier. C’est quelque chose qui est difficilement abordable. J’ai eu aussi une discussion avec une jeune femme antillaise qui s’était installée à Paris, pour vivre sa sexualité comme elle l’entendait. Sauf qu’une fois arrivée ici, elle a dû faire face au racisme. Et même dans les communautés LGBT on est pas forcément bienveillant à cet égard. C’est encore plus violent pour nous de se trouver face à des propos racistes dans le milieu LGBT. »
« Le projet "Penses bêtes" est une sorte de listing d’oppressions personnellement vécues, qu’il s’agisse de racisme, de sexisme, d’homophobie, de violences et de violences sexuelles. J’ai commencé ce projet lorsque j’étudiais aux Beaux-Arts de Lyon, il y a huit ans. Je l’ai retranscrit de manière très synthétique avec l’emploi de l’univers du pictogramme. A la base ce n’était pas du tout parti pour faire une œuvre. C’était surtout pour élaguer la toxicité que tout cela apportait dans ma vie. Mais ça dépasse ma propre expérience. C’est quelque chose qui est partagé dans nos communautés. »
#QueerSuperPower
Exposition du 28 avril au 31 mai
Centre LGBT
63 rue Beaubourg
75003 Paris (Métro Rambuteau)
>>> Le site Internet d'Estelle Prudent
L’expo comporte deux volets. L’un, photographique, s’articule autour de la réappropriation de ses identités (LGBT), de son corps et de sa sexualité assumés face à ce qui se définit comme la norme. L’autre projet, les «Penses bêtes», sont une série d’environ un millier de dessins composés en «écriture réactive», selon la définition d’Estelle Prudent, face aux diverses formes d’oppression (racisme, sexisme, misogynie, homophobie, violences sexuelles) subies par l’artiste elle-même, et auxquelles de nombreuses personnes peuvent s’identifier.
Estelle Prudent : « Le projet #QueerSuperPower est né d’une réelle volonté de questionner des représentations beaucoup plus concrètes et réelles de nos vécus. J’ai donc invité des personnes à prendre la parole et à se représenter comme elles le souhaitaient dans le lieu et avec en exergue la phrase qu’elles voulaient. Mon but est de déconstruire ces représentations cliché concernant la communauté noire et LGBT. Il est temps de se représenter par nous-même et pour nous-mêmes. Cela concerne également les portraits que je fais. »
« Je me sens vraiment contemporaine de cette mouvance afro-féministe et du questionnement de nos représentations. L’authenticité est quelque chose de très important dans mon approche concernant l’énonciation de ces oppressions. J’ai choisi de briser le silence qui nous est imposé. Je veux être sincère car c’est pour moi la seule façon d’aborder ces problématiques. Les enjeux sont vitaux. »
« La question de l’homosexualité aux Antilles est très compliquée. La première marche des fiertés a seulement eu lieu l’an dernier. C’est quelque chose qui est difficilement abordable. J’ai eu aussi une discussion avec une jeune femme antillaise qui s’était installée à Paris, pour vivre sa sexualité comme elle l’entendait. Sauf qu’une fois arrivée ici, elle a dû faire face au racisme. Et même dans les communautés LGBT on est pas forcément bienveillant à cet égard. C’est encore plus violent pour nous de se trouver face à des propos racistes dans le milieu LGBT. »
« Le projet "Penses bêtes" est une sorte de listing d’oppressions personnellement vécues, qu’il s’agisse de racisme, de sexisme, d’homophobie, de violences et de violences sexuelles. J’ai commencé ce projet lorsque j’étudiais aux Beaux-Arts de Lyon, il y a huit ans. Je l’ai retranscrit de manière très synthétique avec l’emploi de l’univers du pictogramme. A la base ce n’était pas du tout parti pour faire une œuvre. C’était surtout pour élaguer la toxicité que tout cela apportait dans ma vie. Mais ça dépasse ma propre expérience. C’est quelque chose qui est partagé dans nos communautés. »
#QueerSuperPower
Exposition du 28 avril au 31 mai
Centre LGBT
63 rue Beaubourg
75003 Paris (Métro Rambuteau)
>>> Le site Internet d'Estelle Prudent