Il est l'un des atouts de la défense hongroise. Loïc Nego, 30 ans, affronte samedi la France lors du 2e match du groupe F de l'Euro. Né dans l'Hexagone de parents guadeloupéens, le défenseur latéral opte pour la nationalité hongroise en 2019, après avoir joué plusieurs années avec les Bleuets.
En novembre dernier, il marquait lors d'un match de barrage remporté face à l'Islande (2-1). Entré sur le terrain à la 84e, Loïc Nego faisait basculer la rencontre quatre minutes plus tard avec un but qui permettait à son équipe d'égaliser et d'initier un retournement de situation, une qualifiquation pour l'Euro en prime. Une belle histoire comme le football en voit parfois.
International hongrois, Loïc Négo a fait ses classes parmi les jeunes de l'équipe de France, des U16 aux U20 : 27 sélections, 22 titularisations et sa fiche perso sur le site de la fédération française de football. En 2010, c'est bien avec le maillot tricolore qu'il devenait champion d'Europe des moins de 19 ans. Il est alors le coéquipier d'Alexandre Lacazette ou encore d'un certain Antoine Griezmann. Ce samedi 19 juin 2021, il sera l'adversaire de ce dernier : naturalisé hongrois en 2019, Loïc Nego affronte la France à Budapest, encore tout à la fierté d'avoir qualifié son pays d'adoption pour la compétition.
Né en France de parents guadeloupéens
La France reste "le pays où je suis né, c'est là-bas que j'ai grandi, donc oui ce sera un peu spécial", confiait fin mai Loïc Nego à l'AFP. Après plusieurs années en Hongrie et un trophée de meilleur joueur du championnat en 2019 avec son club de MOL Fehervar, le latéral de 30 ans a décroché l'automne dernier la consécration suprême : sa convocation par le sélectionneur Marco Rossi, juste à temps pour l'Euro.
Né le 15 janvier 1991 à Paris de parents guadeloupéens, Loïc Nego a grandi à Garges-lès-Gonesse, dans la banlieue nord de la capitale, dans un milieu modeste. A 15 ans, le talentueux footballeur rejoint le centre de formation du FC Nantes. "C'était un garçon d'une rare gentillesse, un peu écorché vif", raconte Matthieu Bideau, qui l'a recruté, à l'AFP. "Ce qu'on avait aimé avec mon collègue Philippe Casagrande, c'était son côté félin, très technique mais aussi virevoltant et dynamique", décrit-il.
Belle histoire Loic Nego. Formé à Nantes et champion d’Europe u19 avec la France en 2010, il va retrouver... l’équipe de France à l’Euro 2021 mais la Hongrie ! Il croisera Antoine Griezmann (sauf absence) avec qui il avait été sacré ! pic.twitter.com/J1WmtYodpk
— Dylan Le Mée (@Le__Mee) November 12, 2020
"J'ai acheté une maison à maman"
En 2011, le Guadeloupéen signe à l'AS Rome. "Après, il s'est perdu en route, a eu de multiples expériences" (Standard de Liège, Charlton) jusqu'à son arrivée en Hongrie, rappelle Matthieu Bideau. "Il a trouvé sa place là-bas", estime le Nantais, resté en étroit contact avec lui. "Il y a six mois, il m'a appelé pour me dire 'J'ai acheté une maison à Maman'. Pour lui, c'était le Graal".
Matthieu Bideau se souvient encore de la soirée du 12 novembre quand, à la 88e minute du match de barrages face à l'Islande, son "fiston" comme il aime l'appeler, sauva son pays d'adoption de la défaite en égalisant. "Bravo mon Loïc! Lajos!", hurle alors le commentateur de la télévision hongroise. "Tout le monde était heureux et fier de ce que j'avais accompli", sourit Loïc Nego.
Au moment d'entrer en jeu, le défenseur latéral savait qu'au bout l'attendait une rencontre contre la France, qui plus est "à domicile", Budapest étant une des 11 villes hôtes de la compétition européenne. "J'avais en tête que je pourrais revoir d'anciens camarades et que ça pourrait être chouette", dit-il, en allusion à Ben Yedder et Griezmann, avec qui il a remporté en 2010 le Championnat d'Europe U19. "Ça va être un plaisir. Un peu de stress mais même eux, ils en auront un peu".
La sélection hongroise, le "choix du coeur"
"Aujourd'hui c'est tout pour la Hongrie", insiste le footballeur d'origine guadeloupéenne, qui ne "regrette pas du tout" d'avoir pris la nationalité hongroise. "Un choix du coeur", qui n'a pas suscité de débats dans ce pays d'Europe centrale, malgré la politique généralement anti-immigration du Premier ministre Viktor Orban, mais aussi parce qu'il n'allait pas "faire la fine bouche". "Je savais que ma probabilité de jouer en équipe de France était proche de zéro, donc j'ai sauté sur l'occasion qui m'a été offerte".
Il aime sa vie à Budapest, "une très belle ville" où il habite avec sa femme et ses deux enfants, même si la langue est "un peu compliquée". Les espoirs de la Hongrie, qui fait face à des adversaires de taille dans un groupe F réputé "de la mort" (France, Allemagne, Portugal), paraissent infimes. Après avoir résisté pendant 80 minutes au Portugal de Cristiano Ronaldo, les Magyars se sont finalement effondrés (3-0). Samedi, devant leur public, les Magyars s'attaquent désormais à un autre gros morceau avec l'équipe de France. A la Puskas Arena qui peut accueillir près de 68 000 spectateurs, Loïc Nego et ses coéquipiers hongrois vont tenter de donner du fil à retordre aux champions du Monde en titre.
"On va jouer les coups à fond", promet néanmoins le trentenaire, qui espère profiter du moment pour "se montrer" et pourquoi pas se faire remarquer par un grand club. "Ce sera un sentiment spécial mais je reste totalement concentré sur mon travail avec la Hongrie, a-t-il déclaré en conférence de presse quelques heures avant la rencontre face aux Bleus. Même si la plupart des membres de ma famille se trouvent en France, c'est ici que je suis, c'est ici que je vis et c'est pour ici que je vais me battre !" Une chose est sûre : samedi à 15h (heure de l'Hexagone), les fans de Loïc Nego seront tous devant leur écran.