Des scientifiques ont présenté les premiers résultats de l’expédition lancée par le Muséum national d’histoire naturelle en Nouvelle-Calédonie. Un bilan à mi-parcours exposé à la maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris.
Alors que l'on parle régulièrement de 6e extinction de Biodiversité. Les exemples sont nombreux d'espèces disparues ou menacées de disparition Outre-mer. En Nouvelle-Calédonie : le sylviornis, ce gros oiseau chassé par l'homme s’est éteint il y a 1 000 ans. Mais aujourd'hui, ce phénomène de disparition s'accélère.
Course contre la montre
Des chercheurs entreprennent une course contre la montre et s'emploient à trouver et connaître de nouvelles espèces. Le Muséum national d'histoire naturelle a lancé dans ce but une grande expédition naturaliste en Nouvelle-Calédonie qui se poursuivra en septembre prochain. A mi-parcours, des scientifiques ont présenté les premiers résultats de leurs travaux à la maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris. On note déjà pleins de découvertes.
Dix espèces de cônes
Le début de l’expédition Planète revisité en Nouvelle-Calédonie s’est déroulée au large de l’île des Pins au mois d’aout 2016 à bord du bateau Alis. Baptisée kanaCono, l’un des objectif de cette campagne consistait à échantillonner vivants dix espèces de cônes présents au large du caillou, mais aussi d'associer la population aux recherches.
Les venins des cônes
Ces cônes cherchés par les scientifiques du Muséum se nomment Profundiconus. Leurs toxines présentent un grand intérêt pour la science. Ces venins permettent aux cônes de capturer des proies, de manière très efficaces. Les cônes peuvent ainsi chasser des poissons !
Des espèces vivantes
Selon Nicolas Puillandre responsable de cette campagne : "C’est la première fois que l’on collectait certaines espèces de cônes profonds (entre 100 et 1 000 mètres) vivantes. (NDLR grâce à un laboratoire installé sur l'île des Pins) Ceci va nous permettre de faire des analyses moléculaires et d’analyser les toxines de ces cônes. C’était une première".
Etudes des cônes
"Au Muséum national d’histoire naturelle, poursuit le responsable de la campagne KanaCono, notre intérêt n’est pas forcément le même que dans d’autres laboratoires qui travaillent sur ces toxines, sur leurs fonctions et éventuellement pour développer de nouveaux médicaments. Nous cherchons pour notre part à comprendre comment ces toxines ont évolué, comment elles se sont modifiées et comment elles ont changé les espèces qui produisent ces venins, et à leur tour comment ces espèces se sont diversifiés".
La côte oubliée
Le deuxième volet de l’expédition s’est déroulé sur Terre, sur la côte oubliée en province Sud au mois de novembre 2016. Cette campagne s’est tenue "dans le contexte du moratoire minier demandé par les chefs coutumiers", précise Olivier Pascal, de l’ONG Pro natura international, responsable de ce volet de l’expédition.
17 000 insectes
Malgré le mauvais temps, des pluies diluviennes les chercheurs ont réussi à capturer environ 17 000 insectes, comprenant de nombreuses espèces nouvelles.
Spécialistes de grillons et de sauterelles
Sur place, explique Olivier Pascal, responsable de cette campagne, il y avait "le spécialiste de telle famille des grillons, le spécialiste d’une famille de scarabées etc…Et donc quand le spécialiste des grillons trouve une sauterelle, il est content, mais s’il trouve dans sa famille deux grillons, alors là il est immensément content, comme un gamin !".
La faune des rivières
Le troisième volet de l’expédition a consisté à étudier la faune des rivières. Des scientifiques se sont mis à traquer dans l’eau des insectes et autres invertébrés aquatiques.
Les eaux sous-terraines
Les chercheurs se sont aussi intéressés, sous l’impulsion de Philippe Bouchet, responsable des expéditions au Muséum national d’histoire naturelle, à la faune des eaux sous-terraines. C’est la grande nouveauté de cette expédition naturaliste. Dans l’obscurité, entre les graviers et l’eau qui s’écoule, vivent des animaux très particuliers. C’est ainsi que des ostrapodes, des petits crustacés bivalves ont été découverts. Ils n’avaient jamais été étudiés réellement.
"Le jackpot !"
Depuis une cinquantaine d'années, les naturalistes s'intéressent en Europe à cette faune si particulière se trouvant sous les lits des rivières. "C’est une première dans le pacifique Sud, se réjouit Philippe Bouchet, professeur du Muséum national d’histoire naturelle. On a gagné le jackpot ! C’était un ecosystème inexploré en Nouvelle-Calédonie", conclut le professeur avec enthousiasme.
Poursuite de l'expédition
Pour l’instant, le champ d’exploration s’est centré autour des communes de Yaté au sud, de Koumac, Bwapanu et Hienghène au Nord. Philippe Bouchet espère bien poursuivre cette aventure dans le sud minier de la province Nord, à Canala, Kouakoua et Houaïlou ainsi que sur la côte ouest à Boulouparis et Bourail.
KanaDeep
Côté marin, l'expédition doit également se poursuivre en septembre du côtés des îles Chesterfield, des îlots inhabités situés à 550 kiloètres au nord-ouest de la grande terre de Nouvelle-calédonie. La campagne se nommera alors KanaDeep.