Festival d’Avignon/Outre-mer : «Je ne suis pas d’ici, je suis ici», en quête de peau lisse et d’identité noire [TOMA]

Qui suis-je ? Et que fais-je ici ? D’où suis-je ? D’ici ou de là-bas ? L’Histoire a fait son œuvre et notamment tout Ultramarin est en droit de se poser ces questions. Que veut dire naître ici quand visiblement pour l'autre, votre faciès dit l’ailleurs ? Que faire quand naître ici et être là-bas pose question ou problème ?

Jeu de mots et d'images

Dans Je ne suis pas d'ici je suis ici, Véronique Kanor aime les mots et jouer sur les mots dont le double voire le triple sens viennent aussi exprimer, dire des choses, parfois. Véronique Kanor est autrice et réalisatrice, faiseuse de mots et d’images qui interrogent ici et là-bas les identités remarquables mais pas toujours remarquées. 

Après une lecture il y a deux ans et une première mouture présentée l’en dernier, elle est de nouveau venue se confronter au TOMA mais cette fois, pendant toute la durée du Festival : 

Contrôle au faciès

L’idée de départ est astucieuse : un contrôle d’identité par la police. Elle permet à Véronique Kanor de dérouler le fil d’une pensée qui s’interroge sur le qui suis-je ? Quelle est cette identité qui fait que je suis d’ici et de quelque part d’autre ?
Véronique Kanor n’est pas une comédienne professionnelle mais elle livre ici, sur ce sujet, un spectacle personnel, intime et universel où les mots rejoignent ses images. Où la recherche incessante d’identité - trop souvent liée à l’obtention de petits bouts de papier - ajoute au déséquilibre, à la fragilité. 

Performance en place

Sur scène, avec cette proposition - davantage maîtrisée dans sa version actuelle que lors sa présentation précédente au TOMA l’an dernier -, Véronique Kanor assène son message tantôt en force, tantôt en douceur, tantôt pleine d’espoirs, de malice et de partage quand elle entre en interaction avec le public. Écoutez quelques avis de spectateurs au sortir de spectacle : 

Je ne suis pas d’ici je suis ici, un très beau titre qui dit peut-être aussi l’envie, la sincérité de l’entreprise artistique d’une femme qui entre en catimini dans le monde du spectacle, sans faire partie du sérail (elle n’est donc pas de cet ici-là…) mais avec au bout du compte l’envie de raconter, de dénoncer, de dire ce que signifie pour elle, aujourd’hui d’être Noir.e en France. Et pour cela déjà, ce spectacle-performance vaut que l’on y jette un coup d’œil.

"Je ne suis pas ici je suis ici" de et avec Véronique Kanor à La Chapelle du verbe incarné (TOMA, Avignon) jusqu’au 26 juillet (19h50, relâche les 13 et 20 juillet).
Et en direct sur la1ere.fr, le Portail des Outre-mer, le 17 juillet 2023.