Festival d’Avignon/Outre-mer. Sur scène, "La Freak, journal d’une femme vaudou" fait la différence [TOMA]

Sabine Pakora dans "La Freak, journal d'une femme vaudou"
Sabine Pakora présente à La Chapelle du verbe incarné, une mouture remaniée de son spectacle "La Freak…". Où elle parle tour à tour de grossophobie, de racisme, des représentations toutes faites de la femme noire et du non-respect des différences. Instructif.

Au début de cette version de son spectacle La Freak, journal d’une femme vaudou, Sabine Pakora entre sur scène vêtue d’un masque blanc et installe de part et d’autre de la scène deux sculptures en taille réelle qui lui ressemblent étonnamment. Toutes deux sont noires et grosses. 

"La Freak..." parle de grossophobie et de racisme

Ces "super-mamas" comme les surnomme l’autrice et interprète, l’accompagnent tout au long du spectacle, comme un rappel constant des représentations toutes-faites, des clichés, des préjugés dans lesquels la jeune comédienne, noire et grosse, a été, enserrée, enferrée dans son parcours.
Rencontrée non loin de la Chapelle du verbe incarbé à Avignon, Sabine Pakora nous décrit un peu plus son spectacle : 

Sabine Pakora "La Freak..." ©La1ère

"La Freak", c'est choc

Le jeu de mots du titre dit l’Afrique et ses origines ivoiriennes mais le mot "freak", traduit de l’anglais, évoque aussi le monstre de foire, la marginale que l’on voudrait faire d’elle. Son parcours de comédienne ressemble à une suite de mésaventures et de clichés et font le sel de son seul-en-scène, spectacle qui se joue de ceux qui la cantonnent à n’être que la "Noire de service". 

Sabine Pakora dans "La Freak, journal d'une femme vaudou"

Elle interprète tour à tour : elle-même plus jeune tentant de gagner sa croûte comme animatrice de goûters d'anniversaire, un réalisateur plein de lui-même, un meneur de revue fantasque, ou encore une "tchipologue"(!) pénétrée de son savoir. 

"La Freak", c'est chic

Autant de personnages qu’elle a croisés ou imaginés et dont elle a complété les portraits en forçant le trait juste ce qu’il faut. Ces portraits sont d'ailleurs bien brossés ; mais une remarque cependant, concernant la construction du spectacle : ces différentes incarnations s’enchaînent, avec peut-être un peu moins de fluidité que dans la version précédente. Petit bémol qui ne gâte en rien l'ensemble !

Sabine Pakora, autrice et interprète de "La Freak..."

C’est léger, ironique et cynique quand le besoin s’en fait sentir, avec un équilibre trouvé entre témoignages incisifs et dénonciation d’un système qui laisse sur la touche des comédiennes telles que Sabine Pakora. La freak, journal d’une femme vaudou est un spectacle militant, édifiant, drôle, souvent émouvant qui, quoiqu'on en pense, ne laisse pas indifférent. 

"La freak, journal d’une femme vaudou" de et par Sabine Pakora, jusqu’au 26 juillet 2023, Chapelle du verbe incarné, Avignon.