Festival de Cannes : l'acteur martiniquais Théo Christine en sélection Cannes Première avec "Vivre, mourir, renaitre"

Dans la Sélection Cannes Première, le film Vivre, mourir, renaitre de Gaël Morel a fait grande impression lors de sa projection à Cannes.
Quelques heures avant la clôture de la 77ᵉ édition du Festival de Cannes était diffusé, en salle Debussy, le nouveau film de Théo Christine : "Vivre, mourir, renaitre". Le Martiniquais interprète Sammy, un jeune homme bisexuel qui va voir sa vie basculer avec le sida dans les années 1990.

Dans la Salle Debussy du Palais des Festivals de Cannes, le générique de fin de Vivre, mourir, renaitre débute, et la salle ovationne l’équipe du film présente pour cette première projection publique en sélection Cannes Première. Parmi les acteurs principaux, le Martiniquais Théo Christine, locks sur la tête, costume de gala, est visiblement très ému. Dans l'ordre des choses, il enlace son compatriote, le jeune Noah Deric. 

Vivre

Vivants. C’est la qualité première que le réalisateur relève chez les deux comédiens martiniquais de son casting. L’un, Théo Christine, par la propension de son corps à se mouvoir comme une danse. L’autre, Noah Deric, par la méconnaissance de son charisme naturel. Le jeune comédien de 23 ans joue ici son premier rôle dans un long métrage. Il interprète Jérémy, le nouveau compagnon de Cyril (Victor Belmondo). Un rôle secondaire certes, mais que Noah Deric a pris avec beaucoup de sérieux : "Se voir sur grand écran, c’était lunaire. Je n’ai pas réussi à me regarder entièrement. Mais c’était quand même une expérience de fou", explique-t-il le lendemain, les yeux encore pétillants. Radieux, candide et "un jeu hyper subtil" : c’est comme ça que le décrit le premier réalisateur à lui avoir donné sa chance, Gaël Morel.  "Il est très jeune et en même temps, il a presque une méconnaissance de son charisme", termine-t-il.

Noah Deric, 23 ans, a monté les marches du Festival de Cannes pour la première fois de sa carrière avec Vivre, Mourir, Renaitre de Gaël Morel.

Son ainé de quelques années, et de quelques films, Théo Christine, occupe, lui, l’un des rôles du trio principal du film, Sammy. "C’est un jeune homme fougueux qui aime vivre, qui aime aimer et qui ne se pose pas forcément les questions du risque ou des conséquences", estime-t-il, faisant parfois le parallèle avec son propre caractère. Vivre, mourir, renaitre, c’est d’abord l’histoire d’un trio amoureux qui va voir son équilibre, déjà fragile, bouleversé par le sida. "Je voulais témoigner d’une époque aussi. Qu’est-ce que c’était qu’être jeune dans les années 90, relate Gaël Morel. Comment on tombait amoureux ? Comment on se rencontrait ? L’énergie que ça demandait des fois de retrouver quelqu’un dont on n’avait pas le contact."

Mourir

Si les deux autres parties peuvent être quelque peu déséquilibrées, l’élaboration de la souffrance et de la mort sont parfaitement maitrisées par le réalisateur. "Je voulais écrire un mélodrame", explique-t-il fièrement. "Je voulais faire éprouver, un peu comme un film d’horreur, ce truc pesant, cette menace. Montrer la violence de ce que c’était avec une condamnation à mort quasiment."

Qui de mieux que la profondeur du jeu de Théo Christine pour jouer cette agonie ? "Théo, il apporte au personnage une dimension très ambigüe, expose le réalisateur. Au départ, on peut avoir pleins d’empathie pour son personnage parce qu’il est malade, mais il est aussi très inconséquent par rapport à ce qu’il fait. Mais Théo arrive à dégager physiquement quelque chose qui fait qu’on lui pardonne, car c’est plus une forme d’insouciance liée à la jeunesse. Quand on est jeune, on se sent immortel. Inattaquable par quoi que ce soit, encore moins par la maladie." Mais le film n'est pas un film sur la mort ou sur le sida. Comme l'expliquent les acteurs, c'est surtout un film sur la capacité à franchir les épreuves, à se relever. 

Renaitre

"Je pense que forcement ça va un peu rappeler à ma génération que le sida existe", avance le jeune Noah Deric. Si Gaël Morel ne veut pas se muer en pédagogue, mais plutôt proposer une certaine expérience de la jeunesse et de l'amour, il permettra sans doute à toute une nouvelle génération de découvrir ou de redécouvrir l'ambiance pesante des années sida.

"J’ai l’impression d’avoir fait comme un deuxième premier film, se confie Gaël Morel. Quand on fait un premier film, on y met des tas de choses très perso, mais on en est à sa première fois, on peut manquer un peu de recul, ou de maitrise. J’avais là l’impression de faire mon premier film avec tout ce que j’ai appris, aussi bien dans ma vie que dans le cinéma."