Fin du droit du sol : " Il nous faut la sécurité qu'il n'y a pas à Mayotte "

Gérard Darmanin en visite à Mayotte, deux mois après le lancement de l'opération Wuambushu
À plus de 8.000 kilomètres de Mamoudzou, les Mahorais d'Ile-de-France restent dubitatifs quant aux dernières annonces de Gérald Darmanin sur la fin du droit du sol à Mayotte. "Un coup de com’" qui agace les franciliens, dans "l’attente de solutions concrètes" pour leur terre d’origine.

Ils résident en Île-de-France depuis plusieurs années. Pourtant, Saidali Daouidar, réalisateur et Rizki Saindou, président de l'association Mayotte Grand Paris, ne se sentent pas moins concernés par les problématiques de leur île. Les deux Mahorais suivent attentivement les évolutions à Mayotte, toujours dans l’attente de "réels actes" de la part du gouvernement.

"Mayotte est fatiguée"

Ce n'est pas la distance qui leur fera oublier leur île d'origine. Rizki Saindou appelle "tous les jours" de la semaine sa famille à Mayotte pour prendre des nouvelles. Tout comme le réalisateur Saidali Daouidar, tous deux, à l'annonce du ministre de l'Intérieur, n'ont ni sauté au plafond, ni critiqué les décisions de l'exécutif.

Car les deux Mahorais patientent. Dans l'attente de "concret". Ils y croient sans y croire. Eux constatent que "Mayotte est fatiguée". Rizki Saindou raconte que, sur place, les nuits sont interminables et stressantes "principalement" à cause de la situation migratoire à Mayotte. 

On ne peut pas fermer les yeux le soir. On a peur de s’endormir au cas où il y ait une intrusion. Il nous faut la sécurité qu'il n'y a pas à Mayotte.

Riziki Saindou - Président de l'association Mayotte Grand Paris

Néanmoins, cet employé d'Air France, qui retourne tous les deux mois sur son île, estime que "le droit du sol ne va pas réduire tous les problèmes". Pour lui, la solution serait de "renforcer les contrôles aux frontières mahoraises". 

Un des barrages de Chirongui, ce lundi

Riziki Saindou ajoute que les populations mahoraises patientent jusqu'à mercredi, dans l'attente de "réels changements" à Mayotte "avant de savoir si oui ou non des barrages seront levés". Mais pour le moment, il considère ces annonces comme de " la com' " tant que "rien ne changera".

"On a peur d'envoyer nos enfants à l'école, ce n'est pas vivable"

Saidali Daouidar, qui réside dans l'Hexagone depuis près de 20 ans, semble autant nostalgique qu'inquiet lorsqu'il évoque Mayotte et ses terres d'enfance. Il espère du plus profond de lui qu'il retrouvera un jour "l'ambiance des années 1990" qu'il a connu plus jeune.

J’aimerais retrouver l’ambiance des années 1990 à Mayotte. Avant, c'était de belles maisons, maintenant de jolies prisons. (...) Quand je suis arrivé dans l’Hexagone en 2005, mes parents avaient peur pour moi. Aujourd’hui, c’est l’inverse. On avait une île paradisiaque, ce n’est plus vraiment ça. On a peur d’envoyer nos enfants à l’école, ce n'est pas vivable.

Daouidar Saidali

Le réalisateur estime que la situation à Mayotte est due à une  "accumulation de problèmes" qui n'ont pas été gérés comme les problématiques liées à l'eau, "c'est un gros problème de santé publique ajoutée à une insécurité exponentielle", résume-t-il.