La Réunionnaise Angélique Spincer a vécu deux France-Norvège en finale. Joueuse au mondial 2011 au Brésil, défaite 24/32 et spectatrice de la victoire des bleues 23/21 face aux scandinaves en 2017 en Allemagne. France-Norvège est un "classico" qu’elle analyse pour Outre-mer la 1ère.
Outre-Mer la 1ère : Angélique, l’équipe de France serait-elle favorite vu qu’elle défend son titre acquis il y a deux ans à Paris ?
Angélique Spincer : Pour moi c’est du 50/50, l’équipe de France est autant favorite que la Norvège. On a une équipe qui a plutôt bien géré sa compétition d'un côté, en face une équipe de Norvège qui est à peu près au même point que nous. Hormis le fait qu’elles ont rencontré un peu plus de difficultés face à la Croatie en première mi-temps dans le tour principal et en demi-finale contre le Danemark. Mais franchement en termes de stat, on a peut-être un avantage sur l’aspect physique. Après sur l’aspect technique on a peut-être un tout petit train de retard mais vraiment léger.
Je trouve qu’on a vraiment avancé techniquement mais je pense aussi qu’on a un peu plus de danger partout avec nos joueuses par rapport à la Norvège. N’importe quelle des filles peut faire une différence quand Olivier en lance une sur le terrain depuis le banc.
Donc ça va être une finale ouverte et je pense que c’est l’équipe la plus stable et la plus régulière pendant le match qui va l’emporter.
Outre-mer la 1ère : Une finale France Norvège, forcement ça vous rappelle des souvenirs ?
Angélique Spincer : Oui en 2011, j’ai perdu contre elles au Brésil en finale du mondial. Il y avait des joueuses qui sont encore là, comme Sandra Fjord, Heidi Loke, Camilia Herrem. Stine Oftedal était là aussi mais elle était toute jeune et souvent sur le banc. Elles ont un sacré vécu. Stine est désormais une redoutable meneuse.
Nous, par rapport à 2011, on n’a plus qu’Alexandra Lacrabère, Cléopâtre Darleux et Amandine Leynaud les gardiennes et Siraba Dembélé Pavlovic qui est capitaine désormais. Mais on est bien armées aussi.
Une finale contre la Norvège c’est toujours particulier, car ce sont deux pays qui se respectent beaucoup, qui s’inspirent de l’un et de l’autre sur le jeu, ce sera un beau match à regarder.
Evidemment je suis à fond pour la France, mais par rapport à 2017 où on les bat et on devient championnes du monde en Allemagne, les Norvégiennes n’ont toujours pas digéré ça. Ce sera une finale très ouverte. Ça faisait un petit moment qu’on ne les avait pas retrouvées, ce n’est pas la même compétition, mais les Norvégiennes ne sont plus sur le toit du monde et de l’Europe depuis un petit moment, elles vont vouloir prendre leur revanche.
Outre-mer la 1ère : Qu’est-ce qu’il faut pour battre la Norvège ? Imposer votre jeu, les faire déjouer... Quelle est la solution ?
Angélique Spincer : A l’image de la demi-finale, il faudra que les filles soient régulières et ne mettent pas trop de temps à rentrer dans le match, comme on a eu la mauvaise habitude dans certains matchs, notamment contre les Suédoises. Il ne faudra pas trop s’endormir comme face à l’Espagne, ce qui les avait fait revenir.
Je pense que la Norvège est une équipe qui use l’adversaire, même si elles sont dominées elles ne vont pas lâcher. On l’a vu contre le Danemark, il ne faudra pas croire qu’on est arrivées, même si on a de l’avance, et puis à l’inverse si on est derrière il ne faudra pas penser non plus qu’on est battues. L’équipe de France a démontré de la ressource quand elle est dominée, comme face aux Russes.
Il faut vraiment que la France soit régulière tout de suite, grosse défense, du jeu sur des montées de balle et des attaques placées. Avec beaucoup de continuité et de fluidité ça nous réussira.
Outre-mer la 1ère : Quel est le point fort du jeu des Norvégiennes ?
Angélique Spincer : Je pense que tout le monde le voit, défense et montée de balle c’est leur marque de fabrique. C’est comme ça qu’elles se sont reprises face aux Danoises. Dès qu’elles ont défendu un peu plus fort et ont pu jouer un jeu rapide, entre montée de balle et jeu de transition, ça a fait la différence.
Je pense que si on se casse un peu trop les dents sur leur défense ça va être dur pour nous de les contenir dans le rythme du jeu. Maintenant nous on est capables de mettre beaucoup de rythme.
Outre-mer la 1ère : Cette finale va être particulière dans cette salle superbe, mais vide, comme le soulignait Méline Nocandy à l’issu de la demi-finale ?
Angélique Spincer : J’ai eu les filles, un petit message par-ci par-là, mais on les laisse dans leur bulle. C’est particulier mais on s’habitue à tout comme on dit, je pense qu’il n'y a rien qui ne peut les perturber à ce moment de la compétition. C’est une finale, le dernier match et une finale ça se gagne, il faut que les Françaises préparent bien cette finale avec le staff et si tout le monde est raccord, connait et joue son rôle, il n’y aura aucun problème.
Outre-mer la 1ère : Olivier Krumbholz, que vous connaissez bien, c’est un sacré bonhomme avec ses filles, un faiseur de miracles. Comment fait-il et quelle est sa recette pour faire revenir au premier plan un groupe au fond du trou l’an dernier à la même époque ? (ndlr la France avait terminé 12ème du mondial au Japon)
Angélique Spincer : Avant quand je jouais sous ses ordres, il nous rentrait peut-être un peu plus dedans. Aujourd’hui il prend de l’âge comme tout le monde, il n’est pas arrivé au bout car il y aura plein de belles choses derrière comme les JO, mais il est devenu un expert, un vrai passionné du jeu.
C’est quelqu’un qui analyse très bien l’adversaire, il aime ses filles et il est exigeant avec elles, il est dans l’échange aussi et je pense que ça c’est une vraie force avec le groupe.
Je ne pense pas qu’avec l’échec de l’année dernière il se soit mis dans tous ses états. Même si, quand on est compétiteur, on vise la perfection. Je pense qu’il y a eu beaucoup de travail, d’échanges avec les filles et aujourd’hui le tir a été rectifié. L'équipe de France est à sa place en finale et la mérite amplement. L’or serait top.