Ceux qui l’ont côtoyé tout au long de sa carrière s’accordent à dire qu’il était autant discret que talentueux. Passé par le centre de formation de l’AS Cannes en National au grand bain royal à Arsenal avant même d’être majeur, Gaël Clichy a réussi à s’imposer avec personnalité dans chacune des équipes où il a évolué. Passé entre deux générations chez les Bleus, celui qui comptabilise 20 sélections en équipe première était de retour hier, jeudi 7 septembre, sous une autre casquette, celle d’entraîneur-adjoint, à l'occasion de France-Danemark ( 4 à 1), quelques mois après la fin de sa carrière de joueur.
L’entame cannoise
Dès son plus jeune âge, Gaël Clichy s’est fait remarquer par sa précocité. De ses premières classes toulousaines à son affirmation cannoise, le latéral n’a cessé de gravir les marches de la vie si particulière d’un jeune athlète. Conscient, grâce notamment à son père, que la carrière d’un sportif se joue parfois à un rien, le jeune Toulousain s’est accroché à sa destinée.
À la fois rêveur et convaincu de ses qualités sportives, Gaël Clichy a très vite trouvé sa place sur les terrains de foot. Benoit Maury, actuel président de l’AS Hersoise, son premier club, se souvient de ses qualités sur et en dehors des terrains, "il avait des qualités hors normes dès le plus jeune âge, c’était un homme très réservé".
Et après être passé par La JS Cugnaux en Haute-Garonne puis par l’AS Tournefeuille, il intégra en 2000 le centre de formation de l’AS Cannes, où il côtoya le défenseur Derek Décamps. L’actuel entraineur adjoint du club cannois confie avoir été marqué par sa personnalité "C’est un super mec. Il avait toujours le sourire aux lèvres. Il était toujours content d’être là". Et pour le défenseur passé par le club sud-africain, l’Ajax Cape Town, "il avait des aptitudes d’endurance et de vitesse au-dessus de la moyenne, et au-delà de ça, il avait une certaine qualité technique avec une maturité très remarquable qui lui ont permis d’intégrer très rapidement le groupe des séniors en National alors qu’il évoluait avec les U17".
Une fois ses premiers matchs disputés avec l’AS Cannes ainsi qu’avec les -17 ans de l’équipe de France, le profil du latéral d’origine martiniquaise plait, particulièrement à deux clubs qui le courtisent en fin de saison 2003. L’Olympique de Marseille et Arsenal se positionnent officiellement pour faire venir le joueur chez eux. Mais un certain Arsène Wenger, à la tête des "Gunners" se déplaça en personne afin de convaincre le jeune Français de signer en Angleterre, en lui promettant du temps de jeu en Premier League ainsi qu’en Ligue des Champions, Gaël n’hésita pas et signa un contrat de cinq ans, à tout juste 18 ans.
L’épopée anglo-saxonne
Trois mois après avoir intégré l’effectif londonien, Gaël Clichy fait sa première apparition sur les terrains anglais. En octobre 2003, le mythique coach français Arsène Wenger honore sa promesse en le faisant jouer contre Birmingham en championnat et quelques mois plus tard face au club espagnol Celta Vigo pour ses débuts en Ligue des Champions.
Connaissant un succès progressif au cours de ses huit saisons, le défenseur devient un incontournable du système de jeu londonien. Sa côte auprès du public suit ses performances et s'assure d'une place de titulaire après trois saisons en concurrence avec l'Anglais Ashley Cole. Durant huit ans, le Toulousain se fait un véritable nom chez les "Gunners", mais ses 264 matchs sous le maillot rouge et blanc et son titre de champion d'Angleterre en 2004 ne lui suffisent plus. Le numéro 22 décide de rejoindre Manchester City à l'été 2011 avec qui il décrocha deux titres de Champions d'Angleterre en 2012 puis en 2014 ainsi que deux League Cup. Le latéral conclu son aventure en juillet 2017 en comptabilisant 203 matchs chez les "Cityzens".
Après avoir passé huit saisons à Arsenal et six à Manchester City, son rôle de titulaire est davantage discutable, à l'été 2017, il rejoigna pour trois saisons le club turc Istanbul Başakşehir FK. Sous ses nouvelles couleurs, Gaël Clichy décrocha un titre de champion de Turquie et s'offre trois buts et dix passes décisives en 87 matchs.
À 35 ans, le latéral gauche s'engage avec le Servette FC en première division suisse qu'il quitte en juin 2023, marquant la fin de sa carrière de joueur professionnel.
L'histoire bleue
Avec 20 sélections au compteur, Gaël Clichy n'aura pas su s'imposer au poste de latéral comme en Angleterre. Faisant partie de la génération 83-84 des Bleuets, il disputa le championnat d'Europe espoirs en 2006 aux côtés, entre autres, de Franck Ribéry ou de Rio Mavuba avec qui il atteigna les demi-finales.
En équipe première, il est appelé pour la première fois par Raymond Domenech en janvier 2008 et dispute son premier match face à la Serbie le 10 septembre 2008. Le latéral toulousain participe au Mondial en Afrique du Sud en 2010, enchaîne les sélections sous l'ère Blanc et dispute l'Euro 2012, malgré une place de titulaire qui se profile, Didier Deschamps, arrivé en juillet 2012, le sélectionne, mais ne le fait pas entrer en jeu lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2014.
Lucas Digne et Patrice Evra sont préférés à lui pour la Coupe du monde au Brésil et son absence dans la liste de Deschamps pour l'Euro 2016 enterrent définitivement son histoire chez les Bleus.
Mais sept ans plus tard, son ami, Thierry Henry décide de le prendre dans son staff pour accompagner les Espoirs français.
Hier, le 7 septembre 2023, sa première aventure en tant que coach adjoint s'est achevée par une victoire 4 à 1 face au Danemark, des retrouvailles nostalgiques marquées par un très beau succès. Benoit Maury, qui l'a connu à ses débuts, est confiant quant à cette nomination, "Je pense que c’est une bonne chose. Pour sa première expérience en tant que coach, il faudra être dans l’écoute et dans le partage. Il y a un staff dans l’EDF espoir qui est très élevé". Pour rappel, Thierry Henry s’est entouré de Gérard Baticle, qui a officié peu de temps sur le banc de l'Olympique Lyonnais après le licenciement de Sylvinho, de Jérémie Janot, l'ex-gardien emblématique de L'AS Saint-Etienne et de Gaël Clichy.
Même son de cloche pour son ex-coéquipier cannois Derek Decamps qui livre à la 1ère son analyse "Il a entraîné ces derniers temps. On sent qu’il y a une réflexion derrière tout ça. Il ne part pas de 0. Quand on bascule de joueur à entraineur, ce n’est pas facile. Il a l’intelligence et le calme et la vision pour aller dans ce sens".