Depuis la création de son association "PetrusFlo", le Guadeloupéen Florian Petrus a réussi à fédérer autour de lui un noyau solide de jeunes joueurs. Entouré de quatre assistants, il accueille trois fois par semaine à Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis, des footballeurs allant des catégories pupilles aux seniors.
Le but : présélectionner des jeunes joueurs sans club et organiser des matches de détection auxquels peuvent assister des recruteurs. "Je ne m’attendais pas à une telle ampleur, avoue-t-il. Au début, j’étais tout seul et j’avais tous les rôles. Avec le temps, j’ai dû m’associer et me structurer."
L’ascension de son association est telle que certaines équipes de Ligue 2 ou de National 1 lui proposent d’organiser des matches de préparation pour observer certains joueurs. "Le mois dernier (juillet 2023), le stade Malherbe de Caen – équipe professionnelle évoluant en Ligue 2 – m’a contacté pour jouer contre leur équipe première. Je n’y croyais pas au début, mais c’était vraiment incroyable", confie-t-il.
Au final, aucun des joueurs qu’il avait retenus pour cette rencontre n’aura de proposition à la suite de la partie. Mais l’essentiel était ailleurs pour le Guadeloupéen de 26 ans. "Ça nous a permis de voir les axes de travail pour les joueurs et puis c’était une bonne expérience, relate-t-il. Puis, on s’est fait connaître et on a plus de contact maintenant avec le haut niveau."
"Je veux leur transmettre la passion"
Créée en 2020, l’association "PetrusFlo" s’est fait un nom. Il faut dire que les moyens mis en place et le travail fourni est considérable. Son nombre d’adhérents ne cesse d’augmenter. "Aujourd’hui, nous avons 120 jeunes licenciés, se réjouit-il. Mais en comptant les pré-sélections, on arrive à quasiment 300 jeunes qui font le déplacement à Villetaneuse pour venir nous rejoindre."
Ancien footballeur, passé notamment par Chambly ou encore Avranches, Florian Petrus a vu sa carrière s’arrêter brusquement à cause de la pandémie d’une part, mais aussi du changement de politique de son club de l’époque, le Hyères FC : le Martiniquais Nicolas Anelka avait été nommé directeur sportif de cette équipe en 2021, avant de démissionner trois mois plus tard.
Pour garder la forme, le jeune Guadeloupéen s’entraînait alors assidument sur le terrain Bernard-Lama proche de chez lui, dans l’espoir de retrouver un nouveau challenge. Par curiosité et envie de progresser, plusieurs jeunes se sont joints à lui et son idée s’est affinée. "Je les entraînais un peu, et au fur et à mesure de plus en plus de jeunes sont arrivés. J’ai donc réfléchi à un projet et mon association est née comme ça", déclare-t-il.
Tout ira très vite ensuite pour le Saintannais. Grâce au bouche-à-oreilles et aux réseaux sociaux, plusieurs centaines de jeunes de toute l’Île-de-France et même de Malte et de la Guadeloupe se joignent à ses séances. Et les résultats ne tardent pas à arriver, même si de son aveu, ce n’est pas le plus important. "Les joueurs arrivent avec beaucoup de détermination et d’ambitions. […] Mais avant tout, moi je veux leur transmettre la passion. Je veux leur montrer que tout est possible, si on s’en donne les moyens", confesse-t-il.
"Signer des joueurs dans des clubs professionnels"
Depuis la création de son association en 2020, Florian Petrus a déjà permis à plusieurs joueurs d’obtenir des contrats en France, mais aussi à l’étranger. "En deux ans, on a réussi 56 signatures [principalement dans des équipes de National, troisième échelon du football français]. C’est pas mal, et je ne compte même pas le nombre de joueurs qu’on a réussi à envoyer à l’essai", affirme-t-il.
Fort du succès de son initiative, le Guadeloupéen reste lucide et se nourrit de ses aspirations de jeune footballeur pour guider ses troupes. En effet, il n’oublie pas de rappeler aux nombreux joueurs qui se présentent face à lui que le football est un univers à double tranchant et les places sont chères. "Quand ils arrivent, je ne leur promets rien. Je leur dis juste de travailler à fond, et qu’il y aura peut-être une probabilité qu’ils réussissent, prévient-il. Ceux qui viennent, ils connaissent les risques, c’est-à-dire pas de propositions à la fin. Sur 100 qui sortent de chez moi, il n'y en a probablement que cinq qui vont réussir."
Dans ce monde ultra-compétitif du ballon rond, l’ex-footballeur veut ancrer son association comme une place forte dans son domaine. "On ne se fixe pas de limite, annonce-t-il. On sait où on veut aller, notre objectif est d’essayer de rivaliser avec les grandes structures comme l’INF Clairefontaine [Institut national du football, où est passé entre autres le Guadeloupéen Thierry Henry, NDLR] et l’UNFP [Union nationale des footballeurs professionnels, NDLR]". Ambitieux, le Guadeloupéen de 26 ans veut franchir un cap. "J’espère que dans l’avenir, je vais réussir à signer des joueurs dans des équipes professionnelles. Je me laisse un à deux ans", souffle-t-il.
"PetrusFlo " bientôt en Guadeloupe ?
Né à Enghien-les-Bains d’un père guadeloupéen et d’une mère guinéenne, Florian Petrus, qui a grandi en région parisienne, n’oublie pas ses racines. Passé l’espace de quelques mois par le club de l’AS Gosier en Guadeloupe en 2021, il aimerait exporter son association dans les Outre-mer.
J’ai envie d’organiser un gros événement pour le football ultramarin. Je considère qu’il y a un gros vivier là-bas, mais mal exploité. […] J’avais prévu de le faire pendant les vacances de juillet, mais ça n’a pas pu se faire.
Florian Petrus
Mais Rome ne s’est pas faite en un jour, et ça, Florian Petrus en a bien conscience. Avec de la patience et l’appui de sa mère jamais bien loin pour lui distiller quelques conseils, il continue de structurer son association qui vit grâce aux frais d’adhésion. Pour les frais de déplacement, ce sont les joueurs sélectionnés qui financent une partie des coûts, ce qui, de l’aveu du Guadeloupéen, le prive de certains bons éléments.
Dans l’avenir, il envisage de passer ses diplômes d’entraîneur pour vivre de sa passion. En attendant, à la rentrée, il sera surveillant dans un collège non loin de chez-lui. Son association devrait continuer à grandir avec l’ouverture d’une section féminine dans les prochains jours. Cette initiative du jeune Guadeloupéen ne demande qu’à grandir.