Insouciance ou humilité ? Quand on interroge Stevan Siba sur son stage en équipe de France jeunes à Clairefontaine, il nous parle d’une "première" pour lui dans l’Hexagone, qui lui a offert "une belle expérience" pour son développement.
Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il a fait pas moins de trois stages entre décembre 2021 et septembre 2022, dont un en août comme le montre le tweet ci-dessous. Ce sont ses coéquipiers qui rappellent cette information loin d’être anodine.
Naturellement, il aimerait encore y retourner pour devenir footballeur international "pour gagner une Coupe du monde ou l’Euro." "Être en finale, gagner, voir tout le monde content, c’est un rêve", confesse-t-il.
Manque de joueurs
Mais en attendant de voir s’il peut ou non intégrer la sélection nationale, il a déjà le regard tourné vers la Coupe du monde au Qatar.
"C’est vrai qu’il leur manque quelques petits joueurs qui ont terminé la Coupe du monde en 2018, reconnaît-il. Je trouve qu’ils ont une belle équipe, il y a des joueurs qui savent faire le taff, je trouve qu’ils ont le profil pour faire une bonne Coupe du monde pour bien se classer et aller la chercher aussi celle-là."
Impossible cependant de connaître son pronostic. Il s’avance juste à dire que "si la France retourne en finale, ils vont la regagner parce que tout le monde sera concentré, sera focus, on aura de bons attaquants."
Kimpembé et Zanetti
Ce n’est pourtant pas un attaquant qu’il prend pour modèle mais un défenseur : Presnel Kimpembé. "Vu qu’en sélection nationale, je jouais défenseur, forcément je m’inspire des défenseurs, se justifie-t-il. J’aime bien le profil de Kimpembe parce que c’est un joueur agressif, il défend bien. Je me focalise sur lui quand je vais en sélection." [Interview réalisée avant le forfait de Presnel Kimpembe, NDLR]
Si ce choix semble logique, sa réponse est plus surprenante quand on lui demande quel est son joueur préféré, toutes nationalités confondues. "C’est Zanetti ! C’est un ancien, c’est une icône."
International argentin, Javier Zanetti est un défenseur et milieu de terrain ayant principalement joué à l’Inter Milan. Reconnu pour sa longévité, il a arrêté sa carrière en mai 2014. Stevan n’avait alors que 7 ans.
"Quand j’étais petit, j’aimais vraiment son profil, sa façon de jouer, j’essaye tout le temps de lui ressembler quand je joue, que ce soit défensivement ou offensivement, égrène-t-il. Franchement, c’est un peu mon idole."
Repéré au CERFA
À cette époque, le Guadeloupéen n’avait même pas commencé à jouer au foot. Il a testé le judo, le basket, la natation, avant de s’inscrire en 6e à l’Arsenal Club de Petit-Bourg, le club de sa ville.
Il intègre ensuite le Pôle Espoirs de Guadeloupe puis le Centre Élite des Régions Français d’Amérique (CERFA) basé aussi sur l'île. "C’est là que j’ai rencontré le directeur de formation, Frédéric Bodineau", retrace-t-il.
Ce dernier était en effet conseiller technique national au CERFA jusqu’à l’été 2022, où il a rejoint le FC Lorient comme directeur de centre de formation. Et il a très certainement dû repérer les qualités du Guadeloupéen.
"Dans son année de transfert ici, c’est lui qui m’a accompagné pour que je puisse faire mes tests ici", résume le natif de Basse-Terre. Des tests convaincants puisqu’il a rejoint cet été le FCL comme milieu de terrain.
Un potentiel qui doit mûrir
"Stevan a un gros volume de jeu, il court beaucoup, il est très fort dans les duels en un contre un", liste Anaïs Bounouar, entraîneur des U17.
Il doit cependant "mûrir" pour mettre ses capacités au service de l’équipe. "C’est nouveau pour lui, on lui demande beaucoup de réflexion", tempère Anaïs Bounouar. Une remarque logique quand on sait qu’il n’est là que depuis quelques mois et que c’est encore un adolescent.
Il est cependant assez mature pour être conscient de sa situation et faire le maximum pour progresser : "Il n’y a aucun problème d’attitude, il est très souriant, très avenant, il est dans la communication avec les coéquipiers, les coaches, assure l’entraîneur. Il est intelligent, il s’investit dans son projet."
Un projet qui passera peut-être aussi par la case Clairefontaine. Les Merlus assurent en tout cas qu’ils l’accompagneront dans "son parcours individuel".