Franco Lollia (Brigade anti-négrophobie) : "La France a un réel problème avec la question noire" [VIDEO]

Franco Lollia, le porte-parole de la Brigade anti-négrophobie, dans les studios d'Outre-mer 1ere, le 2 mai 2016.
Dans une interview à La1ere.fr, le porte-parole de la Brigade anti-négrophobie, Franco Lollia, rappelle l’origine et les objectifs de ce collectif militant qui intervient fréquemment sur le front des luttes antiracistes. 
Née à la suite des révoltes de 2005 en France, principalement dans les banlieues, la Brigade anti-négrophobie (BAN) est un collectif qui réunit des militants antiracistes. Elle n’est pas constituée en association, ne dispose pas de statut ni de charte, ne comporte pas de structure ni d’organigramme. Sa démarche se veut participative, de construction et de partage, explique Franco Lollia, son porte-parole - officieux - mais qui intervient le plus souvent dans les médias pour expliquer la démarche du collectif.
 
D’origine guadeloupéenne, Franco Lollia préfère se définir comme afro-caribéen. « Il y a eu un crime qui a été commis contre nous et nous a arraché à notre identité première, c’est pour cela que j’aime rappeler constamment le lien avec l’Afrique », dit-il. Durant ces dernières années, la Brigade anti-négrophobie a mené de nombreuses actions, parfois de concert avec d’autres organisations antiracistes comme le Conseil représentatifs des associations noires (Cran). C’était par exemple le cas au début du mois d’avril où la BAN est venue manifester devant RMC pour dénoncer les propos de la ministre Laurence Rossignol sur « les Nègres américains qui étaient pour l’esclavage », tenus à l’antenne de cette station.
 
« La Brigade anti-négrophobie c’est l’idée de se rassembler pour une cause commune. Cette cause c’est la lutte contre la négrophobie qui est en d’autres termes le racisme anti-noir, qu’on estime être une arme néo-coloniale ou coloniale d’aliénation et de destruction massive qui n’avoue pas son nom. Cela fait plusieurs siècles que cette arme nous infériorise et nous déshumanise », précise Franco Lollia à La1ere.fr. « L’Etat français ne combat pas avec la même équité toutes les formes de racisme et en l’occurrence le racisme anti-noir qu’on a nommé négrophobie. C’est très en deçà de faire régner les droits de l’homme et tout ce qui s’en suit. » 

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« Il y a un racisme structurel et une négrophobie structurelle. La France a un réel problème avec la question noire », poursuit Franco Lollia. « Il faut démanteler les codes coloniaux, les codes idéologiques qui nous enchaînent. On est toujours pas libéré de l’emprise coloniale. On vit sous un régime colonial qui ne dit pas son nom, et encore plus dans les Outre-mer. Il y a un vrai lien entre la départementalisation, qui n’est qu’une jolie manière d’appeler la colonisation, et la françafrique, sous dépendance économique et liée à l’aliénation (…) La France a une capacité à censurer et à invisibiliser nos combats, de même à nous invisibiliser à l’intérieur de ses films, ses productions culturelles, et dans ses livres d’histoire. Ce ne sont pas ses ouvrages coloniaux ou ses films à forte teneur coloniale qui vont nous éduquer et nous apprendre qui nous sommes. »
 
Dans la perspective de la « Journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions », le 10 mai, la Brigade anti-négrophobie appelle à manifester ce même jour Place du général Catroux à Paris. Sur cette place se trouve l’hôtel Gaillard, d’une superficie de quelques 6.000 m2, qui appartient à la Banque de France. Le bâtiment est actuellement inoccupé. De nombreuses organisations, dont le Cran, SOS racisme et la BAN, soutiennent un projet porté depuis 2002 par l'Association des amis du général Dumas, de création d’un Centre Dumas qui abritera « un lieu de culture et de mémoire dédié aux Noirs de France ainsi qu'un Musée de l'esclavage ». Une pétition adressée au président de la République et à plusieurs ministres a d’ailleurs été mise en ligne sur Change.org pour soutenir ce projet.