Décès de Jacques Chirac : "nous perdons un grand "metua" (guide) selon Gaston Flosse

Gaston Flosse et Jacques Chirac le 26 juillet 2003 à Papeete
Ancien secrétaire d'Etat du gouvernement de Jacques Chirac de 1986 à 1988, Gaston Flosse se souvient avec émotion "de son ami personnel". L'ancien président de la Polynésie dédouane Jacques Chirac de la reprise des essais nucléaires. Il s'en explique longuement au micro de Polynésie la 1ere
"Il a été mon frère, un ami personnel, très très proche. Un grand conseiller dans les moments difficiles pour notre pays. Évidemment vu d’ici, l’un des plus grands présidents de la République. Pour nous en Polynésie, nous perdons un grand "metua" (NDLR : guide) avec Jacques Chirac. Tout ce que nous laissons de grand en Polynésie, c’est grâce à Jacques Chirac".
 

Le nom de l'université

Gaston Flosse estime au micro de Polynésie la 1ere que l’ancien président est à l’origine de la compagnie aérienne locale et de l’université. Il souhaite que l’université de la Polynésie française porte son nom. 

►​​​​​​​Invité café : Gaston Flosse


Le statut de la Polynésie

"Ah quelle douleur de perdre un grand homme comme celui-là", s’exclame-t-il. Il se souvient aussi de ses discussions avec le président sur le statut de la Polynésie de 2004. "Je me souviens d’un dimanche matin (…) à l’Elysée, nous faisions le tour du jardin et nous parlions du statut. Il m’a dit une phrase que jamais je n’oublierai : "tu sais Gaston ton statut ce n’est plus de l’autonomie, ce n’est pas l’indépendance, c’est une voie nouvelle, il faut la creuser mais soyez prudent".
Jacques Chirac entouré de Gaston Flosse et de Jacques Lafleur à la réunion France-Océanie en 2003


Les essais nucléaires

Sur les essais nucléaires, interrogé par Polynésie la 1ère, Gaston Flosse entend dédouaner totalement son mentor parfois de manière alambiquée. "Ce n’est pas Jacques Chirac mais c’est le président Mitterrand qui a pressé le plus sur le bouton atomique. Mitterrand n’ayant pas eu le courage d’arrêter les expérimentations parce qu’il savait qu’elles n’étaient pas terminées (..). S’il avait cessé ce serait terminé, mais il les a laissés en sommeil sachant qu’il fallait les reprendre et lorsque Jacques Chirac est venu, il n’a fait que reprendre", explique-t-il.

Gaston Flosse explique encore que Jacques Chirac l’a appelé pour lui annoncé la reprise des essais en juin 1995 et lui a demandé de venir à Paris pour en discuter. "J’ai pris l’avion le jour même pour Paris, on en a discuté. J’étais formellement opposé à la reprise. Il m’a dit je ne peux pas faire autrement parce que toutes les expérimentations que nous avons fait jusqu’à présent n’apporterons pas les résultats que nous escomptons".

La reprise des essais nucléaires le 13 juin 1995 sous la présidence de Jacques Chirac a marqué durablement l’histoire de la Polynésie. Gaston Flosse, encore aujourd’hui, tente de se justifier : "j’ai cru en les experts du CEA. Tout ceux qui ont dit qu’il n’y avait aucun danger pour la santé de la population. J’ai cru en eux, ils se sont trompés. Ils ne maîtrisaient peut-être pas suffisamment ".
 

Une dette

Mais pour Gaston Flosse, Jacques Chirac a eu une phrase mémorable. Devant 20 000 Polynésiens au stade Pater à Pirae, il a déclaré : "la France a une dette envers la Polynésie"

"Lui, il a su le reconnaître et pas seulement en paroles", poursuit l’ancien président de la Polynésie qui précise que Jacques Chirac a accordé "18 milliards de francs Pacifique (NDLR :150 millions d'euros) par an. Dès 1996, il nous a versé cette somme-là. Et aujourd’hui, qu’est ce que nous voyons ? La France n’honore pas son engagements ce n’est 10 milliards 800 millions (NDLR : 90 millions d'euros) que la France verse à la Polynésie".
 
Jacques Chirac à Papeete en 2003
 

Une homme proche des gens

"Jacques Chirac était avant tout un homme chaleureux proche du terrain de la population, (…) un grand politique, un homme avec un gros cœur qui aimait vraiment les gens", déclare un Gaston Flosse au bord des larmes.

"Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai pleuré tellement j’étais mal", ajoute-il. Il se souvient d’une anecdote un peu triste au sujet de l’ancien président que sa petite fille étudiante à Paris lui a raconté. "Il y avait l’inauguration d’une place pour les combattants de la 2e guerre mondiale des Antilles. Il était là, invité bien évidemment. Il n’était plus président. Il voit une dame venir vers lui, une guadeloupéenne ou une martiniquaise. Oh bonjour, dit-il, quand vous rentrerez chez vous, vous embrasserez bien Gaston pour moi !"

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