Mais tout d’abord qu’est-ce que la géothermie ? C’est l’énergie dérivée de l’exploitation de la chaleur de la terre. Elle permet de fabriquer de l'électricité dans les centrales, grâce à l'eau très chaude des nappes qui forment le sous-sol de la croûte terrestre. La température des roches augmente en moyenne de 1°C tous les 30m de profondeur. Dans les régions volcaniques, cette hausse peut aller jusqu'à 100°C par 100m. Avantage, la géothermie n'émet aucun gaz à effet de serre. Elle est donc non polluante, renouvelable et disponible à tout moment.
"Toutes les îles de la Caraïbe orientale, de l’île de Saba au Nord à la Grenade au Sud, en passant par la Guadeloupe et la Martinique, dépendent des énergies fossiles pour la production de leur électricité. En 2021, la part des énergies renouvelables est de 33,7% en Guadeloupe, 25% en Martinique et 25% en Dominique mais pour les autres îles elle n’est que de 10%, voire plus faible. Cette dépendance a un coût financier, mais aussi un impact écologique du fait des fortes émissions de gaz à effet de serre provenant des énergies fossiles utilisées", relève Alexandre Stopin, géophysicien et chef de projet au BRGM.
Limiter les émissions de CO2
Dans la perspective de réduire la dépendance énergétique et de limiter les émissions de CO2, la ressource géothermique peut jouer un rôle important. "Les reconnaissances préliminaires, de même que les forages exploratoires menés dans la Caraïbe orientale, indiquent la présence de nombreux réservoirs géothermiques", indique l’auteur. Des potentiels globalement inexploités. A ce jour, il n’y a qu’une centrale en activité aux Antilles, celle de Bouillante, en Guadeloupe, qui fournit de l’électricité depuis 1986 avec une capacité de 15 mégawatts qui couvre 6 à 7% du bouquet énergétique de l’île.
La note du BRGM constate cependant que les méthodes géophysiques actuelles d’exploration, des sortes d’échographie à grande échelle, ont des limitations techniques et ne coïncident pas toujours aux spécificités insulaires (notamment le relief et la présence de la mer). Aussi de nouvelles méthodes d’estimation ont été instaurées. "Dans le cadre d’un nouveau projet, qui fait suite à une collaboration née en 2008 entre la région Guadeloupe, l’ADEME, le BRGM et l’OECO (Organisation des États de la Caraïbe Orientale), nous développons des méthodes innovantes d’exploration géothermique en milieu volcanique insulaire", écrit Alexandre Stopin.
Une nouvelle approche technique d’imagerie
L’objectif principal est de développer une nouvelle approche technique d’imagerie géophysique adaptée aux particularités des îles caribéennes "et notamment à la proximité de zones urbanisées, du relief et de la mer". Une première expérimentation a porté sur le champ de Bouillante en Guadeloupe, en mer également, pour obtenir une évaluation plus précise de la structure du réservoir ainsi que de sa structure sous la mer. "En effet, notre méthodologie permet d’acquérir et de traiter simultanément les données acquises en milieu terrestre et marin. Grâce à cette expérimentation, il est maintenant possible d’envisager une étude similaire sur d’autres îles de la Caraïbe pour améliorer l’évaluation de leurs ressources géothermiques", précise le BRGM.
Pour cette étude, l’organisme s’est appuyé sur des méthodes électromagnétiques, "qui sont sensibles aux variations de résistivité électrique du sous-sol." Par ailleurs, le BRGM déploie simultanément à terre et en mer des capteurs de champs électrique et magnétique dans le cadre de l’utilisation de méthodes "passives" et "actives". "Cette combinaison permet d’obtenir une image 3D des propriétés électriques du sous-sol. Cette image est continue entre les sous-sols terrestre et marin, ce qui permet d’évaluer la continuité en mer du réservoir de Bouillante."
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