Dans cette émission, l’autrice guadeloupéenne évoque la vie de celle qui fut la compagne du photographe-peintre Man Ray, héroïne de son dernier livre. Elle parle aussi de l’image de la femme noire dans les années 30 à Paris et de l'importance de la figure féminine dans sa propre vie.
L’exil, les femmes... Parmi tous les sujets dont s’empare Gisèle Pineau depuis son premier roman La grande drive des esprits, ces deux-là sont parmi ceux de sa prédilection. Depuis en fait, qu’elle a commencé à écrire à l’âge de dix ans, depuis les moqueries et les rejets dans son enfance en banlieue parisienne parce qu’on ne voulait pas jouer avec « la petite fille noire ». Comme en exil d’elle-même, Gisèle Pineau s’est donc réfugiée dans l’écriture. Elle, qui avait déjà la Guadeloupe dans la peau même à des milliers de kilomètres, va prendre à son compte et à bras le corps cette thématique de l’exil dans ses romans. Et celle des femmes aussi. La figure de sa grand-mère qu’elle a adorée sera déterminante et à partir de là, et d’autres rencontres, les portraits de femmes deviennent une constante dans les différents romans ou autres textes issus de la bibliographie de l’autrice guadeloupéenne. Une constante qui ne change pas alors même qu'elle a changé de lieu d’écriture en quittant Paris pour Marie-Galante, désormais.
Écrire les femmes
Ce tropisme se lit dans Mes quatre femmes, ouvrage paru en 2007 et qui dresse le portrait de quatre femmes des Antilles à travers le temps et l’espace. Mes quatre femmes est fort opportunément réédité aux éditions Philippe Rey en même temps que Ady, soleil noir, son dernier roman, qui narre, lui, la vie d’Adrienne Fidelin, compagne cinq ans durant de Man Ray, le célèbre peintre et photographe. Ady et lui, tous deux en exil de leurs terres natales (pour elle, la Guadeloupe pour lui, les Etats-Unis) s’aimeront d’un amour fort et transgressif dans le Paris des années 35-40, sur fond d’avènement de la Seconde Guerre mondiale. Une histoire de femme libre. Histoire de femme, encore et toujours.
Une journée pour les droits des femmes, utile.
A la question posée par l’Oreille... : "La journée du 8 mars pour le droit des femmes a-t-elle son utilité ? Une seule journée a-t-elle encore un sens ?" Oui, répond en substance sans hésiter Gisèle Pineau et en particulier concernant les Outre-mer. Dans ce domaine des luttes pour les droits de la femme et des femmes, il est des combats dans ces territoires, dont l’urgence prend un relief particulier. Avec, pour Gisèle Pineau, des priorités :
« Je pense que c’est un combat pour se réapproprier leurs corps, pour garder les valeurs. Je pense beaucoup à la transmission des femmes plus âgées [...] : il faut penser aux générations futures et transmettre [...] un savoir, une façon d’être au monde. »
Et pour écouter l’Oreille est hardie avec Gisèle Pineau, c’est ici
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