Le gouvernement des Comores plaide pour une "nouvelle relation" avec Mayotte

Souef el Amine
Le ministre comorien des Affaires étrangères, Souef El Amine, a plaidé vendredi pour "une nouvelle relation" avec Mayotte, sur fond de controverse sur la mise en place d'un visa gratuit entre les Comores et l'île française.
"Qu'on le veuille ou non, les Mahorais sont nos frères et voisins, il nous faut une nouvelle relation avec Mayotte", a déclaré Souef El Amine, ministre comorien des Affaires étrangères, lors d'un point de presse à l'issue d'une rencontre avec le corps diplomatique accrédité à Moroni. "Le rapprochement avec Mayotte est souhaitable et nécessaire, ne serait-ce que pour des raisons de développement et d'efficacité", a-t-il estimé.

Réforme du visa Balladur

Le 18 septembre, la France avait annoncé la gratuité du visa entre l'île française de Mayotte et les Comores, distantes de 70 km dans l'océan Indien. Cette décision avait suscité la colère de la population et des élus mahorais, opposés à cette gratuité synonyme selon eux d'immigration massive de Comoriens. "Dans un souci d'apaisement", le gouvernement français a finalement décidé jeudi de "différer" la mise en place de la gratuité du visa.

Pour une libre circulation ?

"Je comprends les réactions des responsables mahorais qui n'avaient pas été associés à cette démarche de rapprochement" entre les Comores et Mayotte, "mais ils ne peuvent qu'être favorables à une telle perspective", a estimé Souef El Amine. "L'essentiel est de parvenir à une libre circulation des personnes et des biens, que l'on puisse circuler entre les îles dans des conditions de sécurité", a-t-il ajouté, indiquant que des "patrouilles mixtes" pourraient être effectuées pour lutter contre l'immigration clandestine.

Pression migratoire 

La gratuité du visa devrait, selon Paris, permettre de "lutter contre le trafic d'êtres humains" et "tarir les passages illégaux". Mayotte subit une forte pression migratoire venant principalement des Comores, pays très pauvre. Les migrants empruntent des embarcations de fortune, les "kwassa-kwassa", pour rallier Mayotte illégalement, parfois au péril de leur vie.

Traversées mortelles

Ces traversées ont causé "entre 7.000 et 10.000 morts depuis 1995", selon un rapport du Sénat français de 2012. Située à 8.000 km de Paris, Mayotte est la seule île de l'archipel des Comores qui, au moment du référendum d'indépendance de 1975, a décidé de rester dans le giron de la France, l'ancienne puissance coloniale.