Grâce au télétravail, ils ont pu "emporter leurs dossiers dans leurs valises" et s’installer dans les Outre-mer

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, certaines professions ont mis en pause la présence de leurs employés sur site. La généralisation du télétravail à plein temps a conduit certains travailleurs à quitter leur domicile de l’Hexagone. Destination : la Polynésie ou encore la Guadeloupe.

Marine Couturier et son compagnon avaient prévu de longue date de quitter le Sud-Ouest de l’Hexagone pour s’installer en Nouvelle-Zélande. “On avait envie de voir autre chose”, explique cette journaliste. Mais à cause de la pandémie de Covid-19, leurs projets ont été contrariés. Fermeture des frontières néo-zélandaises, confinement généralisé en France, trafic aérien à l’arrêt… Le jeune couple a été obligé de revoir la copie. “On a cherché un endroit où les mesures n’étaient pas encore trop contraignantes et c’est la Polynésie française qui nous a le plus attiré”, raconte la jeune femme. Et pour celle qui s’est retrouvée à travailler à plein temps depuis chez elle du jour au lendemain, partir à plus de 17 000 kilomètres de l’Hexagone sans perdre son emploi “était une vraie plus value”. 

Retrouver "une vraie qualité de vie"

Une plus value que connaissent depuis plusieurs semaines Guillaume* et Sophie*. Ces deux Guadeloupéens installés à Paris qui ont décidé de repartir sur leur île lorsque le télétravail est devenu la règle dans leur entreprise. Un choix qu’ils assument et dont ils sont heureux. “Avec le décalage horaire, on termine plus tôt. À midi, heure de Guadeloupe, notre journée en Métropole est terminée. On peut prendre la voiture, aller au restaurant ou à la plage… On vit deux journées en une”, détaille cet auditeur comptable. “Voir [leurs] proches, aller à la rivière” ou encore sortir sans masque dans les endroits où ce n’est pas obligatoire, sont tant de raisons qui offrent au jeune couple “une vraie qualité de vie” qu’ils n’avaient pas lorsqu’ils vivaient à Paris. 

Même constat pour Marine Couturier, qui était habituée à télétravailler bien avant que la pandémie de Covid-19 ne s’installe dans notre quotidien. “Avant tout ça, je ne passais que deux ou trois jours en rédaction, le reste du temps je pouvais tout faire depuis chez moi. C’était un peu compliqué de passer 100% de mon temps à la maison et de ne plus voir mes collègues, mais je m’y suis fait”. Aujourd’hui installée en Polynésie française pour “un an ou deux”, la journaliste explique également que la généralisation du télétravail lui a permis de quitter l’Hexagone sans craindre de perdre son emploi. 

“Partir à l’autre bout du monde en emportant ses dossiers dans ses valises c’est une vraie sécurité”

Marine Couturier, journaliste pigiste en télétravail depuis la Polynésie

 

Même s’ils se félicitent de pouvoir travailler dans des conditions très favorables, tous assurent respecter les mesures sanitaires en vigueur sur place. “Il ne faut pas oublier que le Covid est là. On fait attention parce qu’on sait que les structures hospitalières ne sont pas les mêmes ici qu’en Métropole”, martèle Sophie. “La Guadeloupe, c’est un petit paradis, certes, mais il faut le protéger”. 

Des employeurs moins à l’écoute que d’autres 

Quand il a annoncé à son employeur qu’il allait quitter l’Hexagone pour la Guadeloupe et qu’il comptait travailler depuis là-bas, “il y a eu une certaine réticence”, indique Guillaume. “Le décalage horaire fait peur. J’ai dû donner plein d’arguments, défendre cette décision pour convaincre mon chef”, se remémore-t-il. Des initiatives qui ont fini par payer puisqu’il poursuit son activité sans encombre à près de 7 000 kilomètres de l'Hexagone. Mais selon ce comptable, “il y a encore des stéréotypes” dans le monde du travail qui sont parfois un obstacle aux pratiques telles que le télétravail dans un endroit autre que le lieu de résidence. “Pour certaines personnes, quand on part en Guadeloupe, on part en vacances, donc on ne va pas travailler”, déplore-t-il.

Moi, il n’y a qu’une seule collaboration qui a pris fin quand j’ai annoncé que je partais en Polynésie”, raconte Marine Couturier. Celle qui travaillait pour plusieurs titres de presse dans sa région natale a tout de même pu conserver ses autres contrats. “Je pense que cet employeur voulait un travail vraiment basé sur l’actualité locale”, précise celle qui propose déjà des articles “plus axés sur le tourisme” à ses autres employeurs. 

Sophie, de son côté, n’a pas eu de mal à obtenir l’autorisation de son manager et n’a pas pâti de sa décision de télétravailler depuis la Guadeloupe. “J’ai envoyé un message à mon patron pour l’informer que je partais. Il n’a pas répondu mais m’avait déjà donné l’autorisation de partir au mois de janvier. J’ai donc continué à travailler comme si de rien n’était”. Mais avec un réveil réglé aux aurores pour pallier le décalage horaire entre l’archipel guadeloupéen et Paris. 

Le retour du travail en présentiel 

Si le télétravail est apparu comme une possibilité pour eux de s’installer dans un cadre plus agréable, ils gardent en tête que cette mesure n’est pas vouée à durer. Dès que la situation sanitaire sera plus favorable, le gouvernement a déjà annoncé que le retour des travailleurs sur leur lieu de travail pourrait être envisagé. 

Marine Couturier va donc profiter du retour à la normale pour démarcher des médias locaux, “une fois qu’elle aura terminé de s’installer” sur la perle du Pacifique.  

Guillaume et Sophie n’ont plus que quelques semaines à passer en travail distancié depuis la Guadeloupe. Ils doivent rencontrer des clients, en physique, à Paris et se préparent déjà à retrouver leurs vies parisiennes. Le jeune couple s’en réjouit déjà. “Le sentiment d’appartenance à l’entreprise ne se développe pas et même s’il est plus simple de télétravailler, ça manque de contacts humains avec les collègues”, glisse Guillaume, même s’il prévient : “que ce soit à Paris ou en Guadeloupe, je télétravaille tout le temps en maillot de bain”. 

(*) les prénoms ont été changés