Une séquence du grand débat national était organisée à Paris le 13 février pour évoquer la situation des familles monoparentales. A l'issue de la discussion, 5 propositions ont été retenues pour aider ces familles, plus nombreuses en Outre-mer.
L'assemblée était à l'image de la société : plus de femmes que d'hommes parmi les personnes présentes. Sur les 27% de familles monoparentales en France - hors Mayotte, 22,3% sont des femmes et 4,7%, des hommes, selon l'Insee. "Chez nous on dit que la femme est potomitan parce qu'elle sait où l'essentiel doit être fait", résume le député de Guadeloupe Olivier Serva.
Mais un point commun pour tous ceux rassemblés ce mercredi soir à l'Assemblée nationale, la volonté de faire changer les choses. A l'initiative du député et de Christine Kelly, animatrice et fondatrice de l'Association K, elles étaient invitées pour débattre de proposition à faire remonter dans le cadre du grand débat national. A l'issue de deux heures de débats, 5 propositions ont été retenues. Des propositions à adapter "à chaque territoire", selon Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, présente lors du débat, comme Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique et Christelle Dubos, secrétaire d'Etat à la Solidarité et la Santé.
"J'ai un CDI, j'ai trois enfants et je vis dans 30m2", raconte Agathe. "Si on n'a pas de logement on n'a rien". Une phrase qui peut résumer la problématique du logement pour les familles monoparentales. 40% des appels au SAMU Social proviennent d'ailleurs de mamans avec un enfant seul. Le logement figure donc en tête des propositions, avec une demande précise, la priorité au logement et un logement systématique pour les parents solos qui travaillent, à temps plein comme à temps partiel.
Tous les témoignages abondent dans le même sens : fatigue, désespoir et même discrimination. Difficile de faire passer son dossier ou d'obtenir une location lorsqu'on élève seul(e) ses enfants, même avec un CDI. Tombée enceinte pendant ses études, à 19 ans, une maman raconte le parcours du combattant pour obtenir un appartement : "Je demandais un F3, n'importe où en Île-de-France, pour avoir une chambre pour mon fils et une pour moi, pour garder ma dignité. On m'a répondu que si j'avais été en couple avec une personne sans ressources, c'était possible, mais pas toute seule."
Pour le député de la Guadeloupe, Olivier Serva, il existe "un double-risque" pour les familles monoparentales en Outre-mer, où les taux de chômage sont plus élevés que dans l'hexagone et où le manque de logements sociaux est très fort. Le chef de la délégation Outre-mer à l'Assemblée Nationale propose de créer un colloque spécifique sur le logement.
La question du logement est liée à celle du travail, tout comme celle de la garde d'enfants qui est revenue maintes fois dans le débat. "On veut valoriser le travail mais moi je ne traverse pas la rue pour aller travailler, je traverse la région !", témoigne un père solo, venu avec l'une de ses filles. Installé dans le sud de l'Île-de-France, il travaille à La Défense, au nord et a du pour cela réduire son temps de travail à un temps partiel. "Il faut nous aider pour trouver du travail mais pour cela, il faut pouvoir faire garder ses enfants", conclut-il.
D'autres racontent avoir abandonné leur carrière et vivre désormais des minimas sociaux, avec toute l'incidence que cela peut avoir sur sa vie sociale. "Au niveau du travail on est celles qui manquent le moins parce qu'on a peur des fins de mois", explique Anne-Marie qui raconte avoir vécu du chantage de la part de ses employeurs.
La garde d'enfants est prise en charge jusqu'à 6 ans aujourd'hui. Mais après cela, elle est très coûteuse et pas toujours accessible, dans certaines régions où les places en crèche ou en nourrice se font rares. La deuxième proposition suggère ainsi la mise en place d'aide pour garder les enfants au delà de cette limite d'âge, mais aussi pour les parents en horaires décalés et la création d'un mode de garde d'urgence avec un tarif adapté.
Dans les départements d'Outre-mer, l'allocation de soutien familiale (ASF) est versée dès le premier enfant alors que dans l'Hexagone, les parents solos peuvent y prétendre à partir de trois enfants, entre 3 et 21 ans. Les familles réunies ce mercredi 13 février demandent que ce dispositif soit étendu à l'ensemble de la France.
Pour Christine Kelly, si l'initiative a d'abord était testée dans les territoires ultramarins, c'est parce que les familles y "ont moins ailleurs" (sur d'autres postes de dépenses, NDLR), car "l'Outre-mer est souvent oublié".
Certaines familles ne sont parfois pas au courant qu'elles peuvent prétendre à des aides particulières. Plusieurs parents ont suggéré à Mounir Majhoubi, secrétaire d'Etat au Numérique, présent lors du débat, l'idée de créer une plateforme numérique pour les familles monoparentales. "Un site internet, c'est 40% d'emmerdes en moins, si je puis me permettre", abonde Christine Kelly. Les personnes présentes ont également évoqué la mise en place d'un numéro vert, d'une émission audiovisuelle, ou encore des maisons des familles monoparentales.
Prélever directement à la source le parent mauvais payeur, c'est; d'une même voix et sans débat, la proposition retenue concernant le versement des pension alimentaires. Les familles demandent aussi que cette pension ne soit plus imposable : "Sur les 150 euros que je reçois depuis 12 ans, je pays 7€ par mois dessus alors que le père qui a abandonné ses enfants est défiscalisé", s'offusque une mère de famille.
Maryse est mère de trois enfants qu'elle élève seule depuis 8 ans. Son aîné, aujourd'hui majeur, a du l'aider à s'occuper de ses derniers. Elle voudrait aussi que l'on puisse repenser la distribution des biens lors d'une séparation, parce qu'on "devient une famille monoparentale du jour au lendemain avec un salaire en moins et plus rien de tout ce qu'on a investi à deux". D'origine guadeloupéenne, elle connaît très bien la situation des familles antillaises confrontées à la monoparentalité. "C'est encore pire là-bas avec le chômage".
Enfin, lors du débat, a été retenue l'idée de créer une carte famille monoparentale à l'image de carte famille nombreuse, afin de donner un statut officiel aux parents seuls. A l'image de la carte pour les familles nombreuses, elle pourrait permettre de bénéficier d'avantages et de réductions sur les voyages, les entrées dans les musées ou encore certaines activités.
L'ensemble de ces propositions seront présentées à Brigitte Macron lors d'une réunion avec Christine Kelly le 20 février prochain. Le 8 mars, jour des droits de la femme, elles seront officiellement envoyées au président de la République pour être étudiées dans le cadre du grand débat national.
Part de familles monoparentales en Outre-mer en 2015, selon les chiffres de l'Insee pour les données existantes
Mais un point commun pour tous ceux rassemblés ce mercredi soir à l'Assemblée nationale, la volonté de faire changer les choses. A l'initiative du député et de Christine Kelly, animatrice et fondatrice de l'Association K, elles étaient invitées pour débattre de proposition à faire remonter dans le cadre du grand débat national. A l'issue de deux heures de débats, 5 propositions ont été retenues. Des propositions à adapter "à chaque territoire", selon Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, présente lors du débat, comme Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique et Christelle Dubos, secrétaire d'Etat à la Solidarité et la Santé.
1. Priorité au logement
"J'ai un CDI, j'ai trois enfants et je vis dans 30m2", raconte Agathe. "Si on n'a pas de logement on n'a rien". Une phrase qui peut résumer la problématique du logement pour les familles monoparentales. 40% des appels au SAMU Social proviennent d'ailleurs de mamans avec un enfant seul. Le logement figure donc en tête des propositions, avec une demande précise, la priorité au logement et un logement systématique pour les parents solos qui travaillent, à temps plein comme à temps partiel.
Tous les témoignages abondent dans le même sens : fatigue, désespoir et même discrimination. Difficile de faire passer son dossier ou d'obtenir une location lorsqu'on élève seul(e) ses enfants, même avec un CDI. Tombée enceinte pendant ses études, à 19 ans, une maman raconte le parcours du combattant pour obtenir un appartement : "Je demandais un F3, n'importe où en Île-de-France, pour avoir une chambre pour mon fils et une pour moi, pour garder ma dignité. On m'a répondu que si j'avais été en couple avec une personne sans ressources, c'était possible, mais pas toute seule."
Pour le député de la Guadeloupe, Olivier Serva, il existe "un double-risque" pour les familles monoparentales en Outre-mer, où les taux de chômage sont plus élevés que dans l'hexagone et où le manque de logements sociaux est très fort. Le chef de la délégation Outre-mer à l'Assemblée Nationale propose de créer un colloque spécifique sur le logement.
2. Aide à la garde d'enfants
La question du logement est liée à celle du travail, tout comme celle de la garde d'enfants qui est revenue maintes fois dans le débat. "On veut valoriser le travail mais moi je ne traverse pas la rue pour aller travailler, je traverse la région !", témoigne un père solo, venu avec l'une de ses filles. Installé dans le sud de l'Île-de-France, il travaille à La Défense, au nord et a du pour cela réduire son temps de travail à un temps partiel. "Il faut nous aider pour trouver du travail mais pour cela, il faut pouvoir faire garder ses enfants", conclut-il.
D'autres racontent avoir abandonné leur carrière et vivre désormais des minimas sociaux, avec toute l'incidence que cela peut avoir sur sa vie sociale. "Au niveau du travail on est celles qui manquent le moins parce qu'on a peur des fins de mois", explique Anne-Marie qui raconte avoir vécu du chantage de la part de ses employeurs.
La garde d'enfants est prise en charge jusqu'à 6 ans aujourd'hui. Mais après cela, elle est très coûteuse et pas toujours accessible, dans certaines régions où les places en crèche ou en nourrice se font rares. La deuxième proposition suggère ainsi la mise en place d'aide pour garder les enfants au delà de cette limite d'âge, mais aussi pour les parents en horaires décalés et la création d'un mode de garde d'urgence avec un tarif adapté.
3. Allocations dès le premier enfant
Dans les départements d'Outre-mer, l'allocation de soutien familiale (ASF) est versée dès le premier enfant alors que dans l'Hexagone, les parents solos peuvent y prétendre à partir de trois enfants, entre 3 et 21 ans. Les familles réunies ce mercredi 13 février demandent que ce dispositif soit étendu à l'ensemble de la France.
Pour Christine Kelly, si l'initiative a d'abord était testée dans les territoires ultramarins, c'est parce que les familles y "ont moins ailleurs" (sur d'autres postes de dépenses, NDLR), car "l'Outre-mer est souvent oublié".
Certaines familles ne sont parfois pas au courant qu'elles peuvent prétendre à des aides particulières. Plusieurs parents ont suggéré à Mounir Majhoubi, secrétaire d'Etat au Numérique, présent lors du débat, l'idée de créer une plateforme numérique pour les familles monoparentales. "Un site internet, c'est 40% d'emmerdes en moins, si je puis me permettre", abonde Christine Kelly. Les personnes présentes ont également évoqué la mise en place d'un numéro vert, d'une émission audiovisuelle, ou encore des maisons des familles monoparentales.
Quand on est une famille populaire, une famille solo, on doit devenir ingénieur Bac +20 en aides sociales. Ce n'est pas possible. On a le devoir de simplifier tout ça.
- Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat au Numérique
Des proposistions non retenues parmi les cinq qui seront remontées au gouvernement en priorité, mais largement plébiscitées dans l'assemblée.
4. Pension alimentaire prélevée à la source
Prélever directement à la source le parent mauvais payeur, c'est; d'une même voix et sans débat, la proposition retenue concernant le versement des pension alimentaires. Les familles demandent aussi que cette pension ne soit plus imposable : "Sur les 150 euros que je reçois depuis 12 ans, je pays 7€ par mois dessus alors que le père qui a abandonné ses enfants est défiscalisé", s'offusque une mère de famille.
Maryse est mère de trois enfants qu'elle élève seule depuis 8 ans. Son aîné, aujourd'hui majeur, a du l'aider à s'occuper de ses derniers. Elle voudrait aussi que l'on puisse repenser la distribution des biens lors d'une séparation, parce qu'on "devient une famille monoparentale du jour au lendemain avec un salaire en moins et plus rien de tout ce qu'on a investi à deux". D'origine guadeloupéenne, elle connaît très bien la situation des familles antillaises confrontées à la monoparentalité. "C'est encore pire là-bas avec le chômage".
5. Carte famille monoparentale
Enfin, lors du débat, a été retenue l'idée de créer une carte famille monoparentale à l'image de carte famille nombreuse, afin de donner un statut officiel aux parents seuls. A l'image de la carte pour les familles nombreuses, elle pourrait permettre de bénéficier d'avantages et de réductions sur les voyages, les entrées dans les musées ou encore certaines activités.
L'ensemble de ces propositions seront présentées à Brigitte Macron lors d'une réunion avec Christine Kelly le 20 février prochain. Le 8 mars, jour des droits de la femme, elles seront officiellement envoyées au président de la République pour être étudiées dans le cadre du grand débat national.
Part de familles monoparentales en Outre-mer en 2015, selon les chiffres de l'Insee pour les données existantes
- Guadeloupe : 40%
- Guyane : 40,1%
- Martinique : 41,2%
- La Réunion : 30,9%
- Saint-Barthélémy : 9,5%
- Saint-Martin : 40%
- Saint-Pierre et Miquelon : 13%