Grand prix des Outre-mer : qui sont les Ultramarins primés pour leur volontariat international en entreprise ?

La première cérémonie de récompenses des VIE originaires des Outre-mer s'est déroulée jeudi 6 mai 2021.
Quatre jeunes ultramarins ont été distingués jeudi pour leur parcours inspirant de volontaire international en entreprise. Le dispositif, vieux de près de 20 ans, a permis à 100 000 jeunes Français de se forger une expérience professionnelle à l'étranger. Mais il est encore peu connu Outre-mer.

Depuis 2002, 1 600 Ultramarins de 18 à 28 ans ont réalisé une mission de volontariat international en entreprise. Pour encourager les jeunes habitants des Outre-mer à se lancer dans l'aventure, Business France et la délégation interministérielle à l’Égalité des Chances des Français d'Outre-mer et à la Visibilité des Outre-mer ont organisé un concours et récompensé quatre d'entre eux : 

   - La Calédonienne Emanuelle Péré, volontaire en Croatie
   - Le Réunionnais Julien Sautron, volontaire aux États-Unis
   - Le Guadeloupéen Dylan de Verteuil, volontaire à Hong-Kong
   - La Polynésienne Emma Buttin, volontaire au Maroc

Sur les 180 candidats, neuf ont été sélectionnés pour la finale à partir d'une vidéo qu'ils ont tournée et montée autour de leur expérience de volontaire. Les quatre lauréats ont reçu jeudi 6 mai un trophée et un chèque de 1 000 euros ou un vol aller-retour vers leur territoire d'origine. Pour Business France, c'est l'occasion de mettre en avant des ambassadeurs du VIE en Outre-mer.

 

Emmanuelle Péré, Calédonienne et volontaire en Croatie

Emmanuelle Péré remporte le prix Spécial du Jury du ministère des Outre-mer et de Business France : "Je suis ravie de faire partie des lauréats !". Ravie aussi, dit-elle, de partager son expérience de volontaire : "j'ai envie de continuer à communiquer dessus."

Emmanuelle Péré lors de la cérémonie de remise des prix jeudi 6 mai 2021.

Emmanuelle Péré a fait un volontariat d'un anen Croatie qu'elle a pu renouveler pour une année supplémentaire. En 2017 et 2018, la Calédonienne était chef de produit sur le lancement du premier dermo-cosmétique des laboratoires Servier, en charge des activités marketing. Avec ce poste, elle réalise son rêve de travailler à l'international. "Si on a un contrat local, ce n'est pas facile, les salaires sont très bas. Le VIE, c'est la formule parfaite." En plus de l'indemnité forfaitaire reçue par chaque volontaire et évaluée en fonction du pays, l'entreprise Servier a pris à sa charge une partie du loyer de la volontaire. "C'est confortable!"

La Calédonienne Emmanuelle Péré lors de son VIE en Croatie.

Quelques mois plus tôt, en 2017, la native de Nouméa est en CDD à Paris, un contrat qui s'apprête à être renouvelé. "Même si j'avais été en CDI, j'aurais sauté sur l'occasion !" Lorsque la possibilité du VIE se confirme, elle fonce. "C'est un vrai challenge parce qu'on arrive dans un pays où ils ne parlent pas du tout français, se rappelle la jeune femme. Et le croate, ce n'est pas une langue facile à apprendre ! Mais j'ai eu de la chance parce que les Croates avec qui je travaillais parlaient couramment anglais donc ça n'a posé aucune difficulté." Les liens tissés sur place sont forts : "L'équipe Servier m'a très bien accueillie, c'est devenu presque une deuxième famille. Quand je retourne en Croatie, je passe toujours par Servier pour revoir mes anciens collègues."

Julien Sautron, Réunionnais et volontaire aux États-Unis

"Merci beaucoup pour ce prix! Je suis clairement prêt à mettre en valeur le VIE et à en être un ambassadeur", se réjouit Julien Sautron jeudi 6 mai, lorsqu'il se voit décerner le "Grand Prix VIE bassin océan Indien". Avec le chèque de 1 000 euros qu'il remporte, le Réunionnais de 24 ans compte faire découvrir son île natale à sa compagne et se former à la plongée. 

Julien Sautron lors de la cérémonie organisé jeudi 6 mai.

En 2017 au Salon du Bourget, le Réunionnais, alors âgé de 20 ans, reçoit une offre  de volontariat chez Air Cost Control en Floride. "Deux mois après, j'étais là-bas, c'est allé hyper vite, c'est ça qui est bien dans le VIE." Il va passer "365 jours tout pile" sur place. "Les six premiers mois, l'idée, c'était de mettre en place un service achats, car il y en avait un en France mais pas aux États-Unis." Fort de la confiance de sa patronne, il a ensuite été chargé de former les commerciaux de l'entreprise. "On avait des commerciaux qui avaient l'habitude de vendre et qui ne prenaient pas en considération les achats." 

C'était hyper valorisant, et c'est très important pour moi parce que je ne savais pas que j'étais capable de ça. 

Julien Sautron, ancien volontaire aux États-Unis

Julien Sautron lors de son VIE en Floride.

"Après le VIE, je n'ai pas eu de difficultés à trouver d'autres alternances, à faire valoir mes compétences, ça m'a beaucoup aidé." De retour en France, le Réunionnais  intègre un Master et continue à se former en alternance au sein de l'entreprise Safran. Il estime que le volontariat lui a ouvert des portes : "C'est le point qui fait la différence sur le CV. Pour l'entreprise, les expériences à l'étranger sont très importantes. Et pour entrer en école de commerce, je n'ai pas eu de souci, alors que c'est censé être très sélectif."

Dylan de Verteuil, Guadeloupéen volontaire à Hong-Kong 

Le natif du Lamentin remporte le "Grand Prix VIE bassin Atlantique" ainsi qu'un chèque de 1 000 euros de la BRED, "une reconnaissance de mon aventure VIE, donc ça veut dire que ma vidéo, mon expérience ont plu. Ça fait plaisir!" Depuis Hong-Kong, le Guadeloupéen s'adresse aux jeunes Antillais: "ce n'est pas toujours facile, les places sont rares, mais ne lâchez rien !"

Dylan de Verteuil et sa compagne à Hong-Kong.

En 2018, après un Master en alternance centré sur les achats internationaux, Dylan s'est envolé vers Hong-Kong pour un volontariat de deux ans chez Lacoste. Le Guadeloupéen a d'abord travaillé à mettre en place un programme de relations avec les fournisseurs pour mieux les connaître et optimiser leurs performances. Les premières semaines sont "impressionnantes". "Très tôt, j'ai été poussé dans des meetings avec des membres exécutifs de Lacoste, ce sont des choses que je n'avais jamais fait avant. Une fois que t'es dedans, tu te lances. Il n'y a pas de meilleure manière d'apprendre que de se lancer !" analyse-t-il avec du recul.

Au bout de six mois, son poste a évolué vers la stratégie autour des fournisseurs, il encadre alors une personne. "J'ai travaillé avec les personnes qui dessinent les produits afin de bien comprendre leur besoins et de bien sélectionner les fournisseurs. J'ai occupé ce poste jusqu'à la fin de mon VIE en février 2020. Une fois mon VIE terminé, Lacoste m'a proposé un rôle de manager. C'était un contrat local, équivalent d'un CDI." 

On m'a offert un poste de manager. Si j'étais resté en France, cette opportunité ne serait pas arrivée aussi rapidement qu'elle est arrivée à Hong-Kong.

Dylan de Verteuil, ancien volontaire à Hong-Kong

Pour Dylan qui a intégré l'entreprise où il a réalisé son VIE, le volontariat international en entreprise est "une opportunité incroyable, un pont doré" qu'il veut faire connaître à un maximum de jeunes de 18 à 28 ans. "C'est une entreprise française, donc l'intégration est simple. Les salaires sont hyper intéressants pour les jeunes professionnels. Les postes qui sont offerts sont des postes à responsabilités. Je suis arrivé en tant que manager, alors qu'avant j'étais sur un poste d'acheteur junior. Lacoste m'a jeté directement dans le grand bain. C'est hyper formateur. Dès que j'en discute avec mes amis, je leur conseille de partir!" 

Le Guadeloupéen se dit conscient que la distance avec l'Hexagone pénalise les jeunes . "C'est plus compliqué pour quelqu'un des Antilles d'avoir des informations. Moi, je me suis renseigné sur internet, mais je suis allé également à des forums, j'ai rencontré des personnes qui ont fait des VIE. En Guadeloupe, en Martinique, je ne suis pas sûr qu'il y ait ce genre d'événements." 

Emma Buttin, Polynésienne et volontaire au Maroc

Emma Buttin est la gagnante du "Grand Prix VIE bassin Pacifique" . La Polynésienne remporte des billets d'avion pour le fenua. Depuis le Maroc, où elle est désormais installée avec son compagnon, elle encourage tous ceux qui s'intéressent au dispositif : "Chaque jeune utramarin a le profil et de belles qualités pour vivre l'aventure à fond. Je n'ai qu'un mot à dire : partez !"

De décembre 2017 à mars 2019, Emma Buttin a travaillé comme rédactrice économique au Maroc pour la société pour l'investissement et le développement (SPID), filiale d'un groupe de presse français. Elle insiste sur la facilité des démarches pour les jeunes intéressés : "J'ai postulé et, au bout de deux semaines, j'avais une réponse de l'entreprise et on a finalisé cela en trois semaines." Une plateforme recense les offres de volontariat. Une fois le partenariat noué, tout se fait avec l'aide de Business France et des ambassades.

Chaque volontaire reçoit une indemnité de l'État, la couverture sociale est prise en charge par un assureur privé, et la mission compte dans le calcul des droits à la retraite. "C'est le dispositif parfait quand on est jeune et qu'on veut travailler à l'étranger", résume Emma Buttin.

Ça permet de mettre un pied à l'étranger en ayant de fortes garanties et une certaine sécurité.

Emma Buttin, ancienne volontaire au Maroc

L'autre avantage, selon la Polynésienne de 28 ans, c'est l'acquisition une solide expérience : "Avec nos fonctions, on est amené à être en lien avec tout un écosystème de partenaires, d'entreprises. On a des responsabilités, des missions nous sont confiées (...) Ce sont des entreprises qui s'investissent et qui font confiance à la jeunesse, estime Emma Buttin. On nous attribue des responsabilités qu'on aurait eu plus tard en France avec peut-être un peu plus de preuves à donner."