La mouvement de grève à Air France qui débute ce mercredi ne devrait pas avoir de conséquences trop importantes pour les Outre-mer. La compagnie estime que plus de 90% de ses vols long-courriers pourraient être maintenus.
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Les hôtesses et stewards d'Air France sont appelés à la grève à partir de mercredi, pour une semaine, contraignant la compagnie à annuler 30% des vols intérieurs et moyen-courriers et moins de 10% des long-courriers, selon une première estimation. Le taux de grévistes devrait s'établir autour de 35% en moyenne au premier jour d'une grève qui intervient en plein chassé-croisé estival, selon l'entreprise qui affinera ses prévisions mardi.
La grève tombe au pire moment pour Air France
Au coeur du conflit, le renouvellement de l'accord collectif des personnels navigants commerciaux (PNC) qui arrive à échéance fin octobre. La direction propose une reconduction quasi à l'identique de cet accord, mais pour une durée de 17 mois, jugée "insuffisante" par les deux syndicats.
La grève tombe au pire moment pour Air France qui, l'été dernier, opérait chaque jour en moyenne 1.000 vols avec 140.000 passagers à bord. Le nouveau PDG du groupe Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, avait réussi à lever in extremis une grève des pilotes fin juin, proposant le gel de certaines mesures salariales décriées en échange d'une trêve sociale jusqu'au 1er novembre. Mais cette fois la grève semble inévitable, l'entreprise estimant être allée au bout de la négociation.
Les discussions débutées au printemps avec les syndicats achoppent principalement sur la durée de l'accord d'entreprise qui fixe notamment les règles de travail, de rémunération et d'avancement. La direction propose 17 mois, arguant que le contexte instable du transport aérien ne lui permet pas de s'engager au-delà de mars 2018. Les organisations réclament entre 3 et 5 ans, ou un accord à durée indéterminée, redoutant une nouvelle âpre négociation dans un an et demi. "S'il est bon pour cinq ans, il est bon pour 17 mois", s'était justifié mi-juillet le DRH d'Air France, Gilles Gateau.
Le risque de compromettre le redresssement de la compagnie
L'intersyndicale SNPNC/Unsa dénonce en retour "une obstination d'autant plus inadmissible que l'entreprise avait accepté de s'engager en 2013 sur une durée de 3 ans et demi alors que les comptes de l'entreprise étaient au plus bas !" Air France a renoué avec les bénéfices en 2015, une première depuis six ans attribuée aux efforts fournis par le personnel (modération salariale, perte de jours de repos, etc.), mais aussi au prix bas du pétrole.
Déclencher une grève en plein été, "au risque de compromettre le redressement" de la compagnie, est une "véritable aberration", a déploré dimanche dans Le Parisien le PDG d'Air France, Frédéric Gagey, "d'autant qu'il n'y a actuellement aucun couperet". L'entreprise cherche à "garder une certaine souplesse", reconnaît le président, mais l'accord proposé contient des "améliorations", selon lui: "des droits de congés ou des rémunérations consécutifs à des modifications de programme ont ainsi été revus à la hausse", dit-il.
Ce ne sont que des "mesurettes, sans aucune annonce concrète ni garanties", avait dénoncé plus tôt Sophie Gorins du SNPNC-FO.
L'Unac, qui s'est dissociée de la grève de mercredi, relève les "avancées" obtenues, "loin d'être négligeables" selon sa présidente Flore Arrighi, jointe par l'AFP. Mais le texte comporte encore "beaucoup d'imprécisions", nuance-t-elle. A l'automne 2011, une grève des PNC d'Air France contre la réduction de certains équipages, avait été suivie par plus de la moitié d'entre eux, selon les syndicats. Sans toutefois provoquer de perturbations majeures, Air France ayant fait état de 90% des vols maintenus.
Fin 2015, la compagnie tricolore recensait près de 13.600 personnels commerciaux parmi ses quelque 50.000 salariés.