Grève dans les hôpitaux : les Antillais de l'AP-HP tirent la sonnette d’alarme

Infirmiers, aide-soignants : plus d'un millier de personnes ont manifesté ce mardi 8 novembre à Paris.
Plus d'un millier d'infirmiers, d’aide-soignants et de personnels hospitaliers ont manifesté à Paris ce mardi 8 novembre. Parmi eux, de nombreux ultramarins des hôpitaux de Paris dénoncent leurs conditions de travail dans le cadre d'un mouvement de mobilisation nationale.
"Des collègues sont en burn out, il y a eu des suicides, jusqu’où faut-il aller pour se faire entendre ?", s’interroge Patrick. Le Martiniquais travaille à l’AP-HP (l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) depuis 40 ans et il a vu "les conditions de travail se dégrader". "Au quotidien, nous sommes à flux tendu, il n’y a jamais assez de personnels, de moyens, pourtant les patients ne sont pas des marchandises".


Infirmiers, aide-soignants, comme Patrick plus d’un millier de personnes du milieu hospitalier ont manifesté mardi 8 novembre, à Paris. Partis de la gare Montparnasse, les manifestants ont rejoint le ministère de la Santé pour dénoncer les conditions de travail, dans le cadre d’une mobilisation nationale.

Epuisement

"Ils nous prennent nos repos, ils n'augmentent pas nos salaires, nous sommes épuisées, soupire Séverine, infirmière d’origine guadeloupéenne, à l’hôpital Henri Mondor, à Paris. Avec les nouveaux horaires, je vais commencer à 6h36, où voulez-vous que je trouve une nourrice agréée à cette heure-là ?". "Finalement, nous avons perdu tous les acquis que nous avions gagnés dans la rue pendant 30 ans", résume Jacques, aide-soignant originaire de Guadeloupe. Aujourd’hui, il y a plus de stress, plus de fatigue, et moins de personnels. Dans les services, nous sommes souvent seuls à faire le travail de deux".


"Patients en danger"

"Infirmiers méprisés, patients en danger" pouvait-on entendre dans le cortège. Vêtus de blouses blanches, des masques sur le visage, les manifestants se sont réunis à Paris et partout en France, à l’appel des fédérations FO-CGT-SUD-CFTC de la fonction publique hospitalière et une vingtaine d'organisations d'infirmières salariées, libérales ou étudiantes, infirmiers, mais aussi aides-soignants, agents administratifs et autres personnels hospitaliers.

"Nous tirons la sonnette d’alarme, nos conditions de travail sont devenues exécrables. Les patients s’en rendent compte, nos familles également, il n’y a que les politiques qui ne voient pas la réalité, déplore Marie-Louise. Une mauvaise prise en charge est source d’erreurs, et cela devient dangereux pour les patients", prévient cette Antillaise, infirmière à l’hôpital Necker, à Paris.


Burn out et suicides

"Des collègues vont très mal, comment imaginer que du personnel soignant se trouve en burn out et imagine même le suicide", s’inquiète Béatrice, infirmière antillaise à l’hôpital Saint-Louis. 



"Voir le personnel soignant en souffrance est devenu insupportable", constate pour sa part Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Union des syndicats CGT de l'AP-HP. "La souffrance au travail provoque la fuite de personnel, les suicides, c’est aussi de la maltraitance pour les patients", déplore l’Antillaise. "L’Etat s’attaque ici à ceux qui soignent, mais aussi à ceux qui enseignent, ceux qui protègent, tous ceux qui ont prouvé durant les drames tels que les attentats à quel point nos services publics sont indispensables", conclut-elle, à quelques jours seulement du premier anniversaire des attentats du 13 novembre, à Paris.