Un "Guide du Bordeaux colonial" pour lutter contre l'oubli

Avec plus de 200 noms d'esclavagistes, militaires ou hommes politiques, de lieux et de musées, le "Guide du Bordeaux colonial et de la métropole bordelaise" (éditions Syllepse), présenté jeudi 28 mai, permet de découvrir le passé négrier de la ville en flânant dans les rues.
Inspiré par le "Guide du Paris colonial et des banlieues", le collectif Sortir du colonialisme Gironde a écrit cet abécédaire sur le même principe "avec l'idée d'avoir conscience que la France s'est construite comme pays moderne à travers son empire, que Bordeaux a joué un rôle central dans la construction de la France coloniale".
 

Un ouvrage "pour remettre les choses à leur place"

D'Adolphe-Chales, capitaine et armateur spécialisé dans le commerce avec l'Indochine au XIXe siècle, à la Société philomathique de Bordeaux, cet abécédaire recense de la fin du XVIe siècle à 2020, 198 noms de personnes, esclavagistes, universitaires, homme politiques, administrateurs coloniaux, militaires, sept noms de lieux, neuf musées et cinq annexes avec des entrées comme "tirailleurs sénégalais".

"Faidherbe est un militaire qui a eu une activité au Sénégal qu'on qualifierait aujourd'hui de criminelle. Cet ouvrage, c'est pour remettre les choses à leur place. Il y a des victimes et pourtant ce monsieur, et il y en a d'autres, a droit à un nom de rue", a souligné André Rosevègue, à l'initiative de ce livre, lors d'une conférence de presse.
 

On est dans un travail pour lutter contre cette banalisation, cet oubli (...) Je vois cela comme le début d'une réparation. 
- André Rosevègue, membre du collectif Sortir du colonialisme Gironde


Ce membre du collectif cite également un ministre de l'Instruction au XIXe siècle et professeur de physiologie, Paul Bert, dont de nombreuses écoles portent le nom alors qu'il a été "un des porteurs du +racialisme+" jusque dans les manuels scolaires.

Ce livre recense également "quelques anticolonialistes" comme la chanteuse américaine Nina Simone, l'ancien président sud-africain Nelson Mandela ou encore le projet de ruelle au nom de Frantz Fanon, figure de la lutte anticolonialiste, qui n'a pas vu le jour l'année dernière face l'opposition municipale Rassemblement national (extrême droite) et d'internautes.

Ces entrées sont cartographiées sur le site internet www.bordeaux-colonial.fr.

Avec une couverture en couleur de Tardi représentant un blanc tenant une bouteille de vin rouge, portés par des noirs, cet ouvrage sortira en librairie le 4 juin, date qui correspondait à l'ouverture du 28e sommet Afrique-France à Bordeaux. Il a été reporté en raison du coronavirus.